Maffé, yassa, sakay, doro wat : Mom Koumba met l’Afrique en boîte

Estimated read time 4 min read

Deux sœurs sénégalaises, Louise et Justine Basse, se sont lancées dans la production de sauces africaines prêtes-à-consommer. La marque qu’elles ont créée, Mom Koumba, est un hommage à la cuisine de leur mère.Est-il possible de mettre l’Afrique en boîte ? C’est en tout cas ce qu’essaient de faire les sœurs Louise et Justine Diocou-Basse depuis novembre 2021. Il y a presque trois ans, elles ont commencé à produire, en Espagne, dans la région viticole de La Rioja, les sauces les plus connues du répertoire culinaire africain : le yassa sénégalais, le doro wat éthiopien, le sakay malgache et le maffé malien. Des pots de 230 ml, vendus une quinzaine d’euros les quatre unités sous la marque Mom Koumba.

Un « rêve » d’inspiration familiale

« L’idée est venue de ma sœur Louise Basse, raconte Justine, qui s’occupe de la promotion des produits en France. Nous sommes une famille sénégalaise arrivée en Espagne en 2001. Lors de la crise de 2008 dans ce pays, mes parents sont venus en France et je les y ai rejoints. Ma sœur est restée seule, notamment pendant le confinement, et moi je lui racontais ce que je mangeais. Du coup, elle s’est demandé pourquoi il n’y avait pas de nourriture typiquement africaine dans les supermarchés. Elle s’est dit : “À Lidl, il y a une semaine de la gastronomie italienne, mais jamais rien sur l’Afrique.” » Et l’idée a fait son chemin, depuis son estomac jusqu’à son cerveau de gourmande. Le nom de la marque est venu tout seul. « Ma mère adore la cuisine et la coiffure, poursuit Justine Basse. Elle est connue pour certains de ses plats, comme le yassa, bien sûr, mais aussi la soupe kandia aux gombos et à l’huile de palme. Le samedi, quand on se retrouve en famille, elle peut préparer une marmite pour 20 personnes alors que nous ne sommes que quatre. Elle est intervenue dans les recettes pour le maffé et pour le yassa. »

© Mom Koumba© Fournis par Jeune Afrique

Le projet a vu le jour grâce à un investissement initial de 15 000 euros de Justine Basse, mais aussi grâce à des partenariats avec le chef Ivan Delgado (cofondateur d’Oido Food), responsable qualité produit, et avec Jordi Pifarré, responsable du développement stratégique, qui ont propulsé la première mise de fonds aux alentours des 150 000 euros. « Jordi Pifarré a une entreprise de produits artisanaux dans le nord de l’Espagne. C’est lui qui nous a présenté Ivan Delgado, habitué aux préparations culinaires pour les grandes entreprises. Ivan a un peu douté au début, mais une semaine plus tard, il était d’accord et nous nous sommes associés pour réaliser ce rêve. » Côté packaging, c’est Oliver, de Bold Brand Builders, qui s’est chargé du design des produits.

Des sauces adaptées au marché occidental

Le choix des quatre sauces est le résultat d’une étude de marché et de la volonté des deux sœurs de ne pas proposer seulement des produits sénégalais. « En Espagne, il y a eu beaucoup d’adoptions d’enfants éthiopiens, explique Justine Basse. Ce sont des enfants qui risquent de perdre une grande partie de leur culture. Nous pouvons contribuer à l’éviter. » Les sauces – testées par un palais non africain mais néanmoins expérimenté – sont fidèles à ce qui se fait sur le continent, tout en étant légèrement aseptisées. « Nous avons travaillé avec des cuisiniers sur place, mais nous les avons adaptées pour qu’elles soient au goût du plus grand nombre. »

© Mom Koumba© Fournis par Jeune Afrique

Fin 2021, Mom Koumba produit 10 000 unités de ses quatre sauces. Fin 2023, l’entreprise atteint les 60 000 unités. Sur cette même année, son chiffre d’affaires s’élève à environ 50 000 euros, tandis qu’il avoisine déjà les 30 000 euros lors du premier trimestre 2024. Les sauces sont vendues par correspondance et dans des magasins français spécialisés, comme La Grande Épicerie de Paris, Lafayette Le Gourmet, Alice Délice… ou même au Carrefour Market de Montrouge (banlieue parisienne). Une dizaine de magasins distribuent aussi la marque en Espagne. Mom Koumba entend désormais se développer en proposant des capsules de café pour machines à expresso, avec des saveurs récoltées en Éthiopie, au Kenya et en Ouganda.

Sur le même sujet

+ There are no comments

Add yours