L’Afrique ne voit pas venir grand-chose. Alors que les accords d’Istanbul ont levé certaines difficultés sur le transport des céréales ukrainiennes, le continent est toujours laissé pour compte, à en croire Patrick Youssef, directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge en Afrique.
“La plupart des céréales exportées des ports ukrainiens dans le cadre de l’accord ne sont pas encore arrivées en Afrique. Nous avons accepté à bras ouverts l’annonce de livraisons au Kenya, au Soudan, à Djibouti, en Somalie et surtout en Éthiopie, mais cela ne résoudra pas la crise alimentaire”, a-t-il ainsi déclaré à Sputnik.
Donner de la nourriture aux pays africains par le biais de l’aide humanitaire ne peut-être qu’une solution temporaire, a ajouté le responsable. La Somalie craint particulièrement pour sa sécurité alimentaire si la situation perdure, les chutes de pluies étant bien inférieures à la moyenne, handicapant les cultures.
Patrick Youssef a par ailleurs souligné l’urgence pour l’Afrique de développer son propre système agricole. Le continent est parfaitement capable de produire assez de nourriture pour être autosuffisant, si des investissements sont faits, assure-t-il.
L’Afrique laissée sur le carreau
Depuis la mise en place des accords d’Istanbul sur les céréales ukrainiennes, Moscou a plusieurs fois déploré que les livraisons n’arrivent pas à l’Afrique. La Russie pointe du doigt les pays européens, qui s’accaparent une part conséquente des approvisionnements.
Un comportement digne des puissances colonisatrices, avait d’ailleurs déclaré Vladimir Poutine à ce sujet début septembre. Le Président russe a, de son côté, proposé de fournir gratuitement du blé aux pays africains dans le besoin. Une initiative que souhaitait d’ailleurs parrainer le dirigeant français Emmanuel Macron, non sans un fond d’hypocrisie, comme l’explique à Sputnik le journaliste malien Moussa Naby Diakité.
Malgré les accords d’Istanbul, les exportations céréalières russes sont en outre toujours entravées par des sanctions annexes de l’UE et des États-Unis, avait assuré Serguei Lavrov, début décembre. L’Onu est littéralement forcée d’”extorquer” des autorisations pour livrer les pays dans le besoin, avait souligné le chef de la diplomatie russe.