Près de dix ans après le putsch de 2012, le Mali, dont les zones rurales sont toujours en proie aux violences armées, a subi deux coups d’Etat en moins d’un an. Le premier, mené par des officiers le 18 août 2020, a abouti au renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Pendant les neuf premiers mois d’une période de transition qui devrait en durer dix-huit, les tensions entre civils et militaires ont paralysé le gouvernement. Un second coup, le 24 mai 2021, a permis aux Colonels de mettre à l’écart le duo Bah N’Daou et Moctar Ouane ce qui réconfortera le pouvoir des militaires, mais ouvre une nouvelle période d’incertitudes. Malgré une présence massive, les partenaires internationaux, qui continuent de privilégier la lutte anti-terroriste plutôt que le soutien aux réformes de gouvernance, ont montré les limites de leur action. Le gouvernement de la transition cherche un second souffle pour redorer son blason, terni par des promesses non tenues, une cherté de vie, une insécurité généralisée et une corruption rampante.
Arrivées au nom de la rectification de la transition, les hommes de ce concept, incarnés par le colonel Assimi Goïta et Choguel Kokala Maïga, ont suscité beaucoup d’espoir pour redresser la barre. Mais au bout d’une année de gestion de l’État, les espérances semblent être déçues. En effet, les promesses données avec assurance restent encore au travers de la gorge des Maliens, en particulier les soutiens indéfectibles de la transition. Ils se sentent perdus par la gestion d’un gouvernement en proie à de chocs financiers.
Aujourd’hui, face aux multiples problèmes, le gouvernement tente bien que mal de sauver les meubles. Il est parvenu pour l’instant à désamorcer la bombe sociale du côté de certains syndicats qui avaient menacé de paralyser l’administration par une série de grèves, dont les conséquences allaient être déplaisantes pour le pays. Ces accords entre le gouvernement et ces syndicats ne sauraient cachés le mécontentement social grandissant. Ils donnent un temps de souffle aux autorités de la transition avant que ceux-ci ne déterrent la hache de guerre pour des engagements non tenus.
Cette situation est essentiellement due à une équipe gouvernementale qui semble gérer le pays sans objectifs clairs et bien précis. Le Malaise social persiste malgré la chute d’IBK.
Face à ces nombreux problèmes, le Mali a besoin d’un gouvernement digne à la hauteur des attentes pour préserver le climat social et sauver le pays de l’abîme. Le Mali souffre de graves problèmes structurels dont l’insécurité, et la cherté de la vie qui touchent tout le territoire. Cette situation gravissime n’est que l’une des conséquences du pilotage à vue.
La transition ouverte pour une durée de dix-huit mois après le coup d’Etat du 18 août 2020 ne pouvait certes pas résoudre à elle seule l’ensemble des problèmes que rencontre le pays. Cependant, beaucoup de Maliens et de partenaires extérieurs espéraient sans doute qu’elle poserait les bases de véritables changements. En ce sens, les nouvelles autorités maliennes n’ont pas jusqu’ici donné satisfaction. Un changement de cap s’impose pour refonder le Mali. La gouvernance doit être revue et améliorée. Il est plus que nécessaire de changer la façon dont les dirigeants procèdent pour nous diriger.
Le colonel Assimi Goïta, président de la transition, doit réagir au cri de cœur des Maliens qui croient encore en sa volonté de changement pour le bien-être du peuple malien au nom de l’intérêt général.
Assitan DIAKITE