Transition malienne ou déficit d’inclusivité : Quatre propositions pour éviter que le Bateau-Mali ne chavire

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Si tant est que le vœu de tous les acteurs civils et militaires est la réussite de la transition, chacun doit alors mettre du sien en s’employant corps et âme afin que le Mali puisse sortir de cette crise qui n’arrange personne. Le bal doit être ouvert par les autorités, elles  qui ont un devoir de redevabilité et surtout d’exemplarité, vis-à-vis du peuple,  ensuite la classe politique, à cause de la gestion catastrophique de laquelle le Mali se trouve confronter à l’une des crises les plus graves menaçant son existence  et enfin la société civile sans la participation de laquelle toute prouesse faite aura un goût d’inachevé et non inclusif. Il faut alors cette communion, ce large consensus autour des différents challenges qui assaillent le Mali.

Le Mali qui s’est toujours illustré par sa capacité à transcender les difficultés quelles qu’elles soient, dans l’entente, le dialogue et la solidarité, est en passe de fouler aux pieds ces valeurs cardinales d’où les crises. Alors que la résolution de tous ces problèmes n’est ni au-dessus de la capacité du résilient peuple malien, encore moins celle des ressources humaines de qualité   pouvant élaborer des bonnes stratégies. En effet, pour atteindre les objectifs que les plus hautes autorités de la transition se sont fixées, quatre schémas ou propositions  seront sur la table du père du Mali sans être le plus âgé, à savoir le colonel Assimi Goïta

Première proposition faire un large consensus des forces vives de la Nation,

 Face à l’énormité des défis et surtout au probable glissement dans le calendrier électoral, ce qui provoquera, à coup sûr, une levée des boucliers d’une partie de la classe politique et de la société civile, un large consensus doit être recherché autour des objectifs majeurs à réaliser dans un laps de temps très court. Même si cela devrait nécessiter d’énormes sacrifices, comme entre autres la dissolution du gouvernement et la réduction du train de vie de l’Etat. Pour cela le Colonel Assimi Goïta ne doit déléguer son pouvoir à personne, en tant que père de la Nation, il doit se vêtir du manteau de chef pour parler avec tous les acteurs. Il doit descendre dans l’arène politique afin de prendre directement langue avec les acteurs de la vie sociopolitique du Mali.

Deuxième proposition le choix d’un nouveau PM consensuel  pour un gouvernement de large ouverture,

Que l’on ne se voile pas la face, le premier ministre Choguel K Maiga fait partie des problèmes de la transition, donc il ne saurait être la solution. Pour rappel, il n’est pas en, odeur de sainteté    avec les membres de sa propre famille politique qu’est le M5 RFP, ensuite il semble mettre sur son dos une bonne partie de la classe politique et d’organisations de la société civile. Il est à Hue et à Dia avec les anciens dignitaires d’IBK, regroupés au sein d’un cadre des partis politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel. Enfin il ne pourrait plus être un interlocuteur fiable avec les partenaires techniques et financiers du Mali. Donc le garder à la tête du gouvernement c’est faire l’option délibérée d’échouer.

Troisième proposition, un gouvernement d’union nationale avec toutes les forces représentatives du pays

Le salut du Mali ne pourrait venir que d’un gouvernement d’union nationale ouvert à toutes les forces significatives du Mali. Ce gouvernement aura comme avantage de pacifier le front sociopolitique, de contenter les marginaux politiques et d’obtenir un large consensus sur toutes les questions d’intérêt national. Ce consensus aura son pesant d’or quand il s’agira d’adopter la nouvelle constitution ou de mener les autres réformes politiques ou institutionnelles, indispensables au pays. Pour rappel, il y a déjà une levée des boucliers contre le projet de la nouvelle constitution. Pour pallier d’éventuelle rébellion contre l’adoption de cette constitution, il faut l’implication de tous les acteurs sans exclusive. Ce gouvernement aura également comme avantage  d’insuffler une nouvelle dynamique qui permettra à coup sûr d’entamer allégrement des négociations avec les partenaires traditionnels du Mali, sans lesquels il n y aura point d’avancées significatives.

Quatrième proposition, reprendre langue avec la CEDEAO et toutes les organisations africaines et internationales

L’isolement diplomatique dont fait l’objet le Mali est un mauvais choix qui ne pourrait  que l’affaiblir davantage, alors qu’il a  plus que jamais besoin de la solidarité internationale et d’un soutien ferme et entier pour non seulement relever ses multiples défis sociopolitiques, mais aussi et surtout venir à bout de l’hydre terroriste. La crise sécuritaire que connait les pays du sahel dépasse un seul pays donc le Mali a besoin des autres comme les autres ont eu besoin du Mali quand il y a eu crises chez eux. La CEDEAO, loin d’être l’ennemie du Mali, pourrait jouer cette courroie de transmission afin que les autres organisations, qu’elles soient l’U.A, l’ONU, ou encore l’Union Européenne, la Chine, la Fédération de la Russie, puissent voler au secours du Mali, car le pays a besoin de tout le monde pour sortir de cet imbroglio.

En somme, la réussite de la transition doit être le seul leitmotiv de tous les maliens afin que le Mali puisse rompre avec l’instabilité chronique et retrouver son lustre d’antan.

                                                                                                                                        Youssouf Sissoko

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