Insécurité dans le septentrion : Des sédentaires crient à l’indifférence d’Etat

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Après les indignations provoquées par les  ravages meurtriers de l’EIGS dans la nouvelle région de Menaka, c’est depuis Gao que retentissent désormais des exaspérations en rapport avec l’omerta entretenu au plus haut niveau sur le grand désastre sécuritaire. Il s’agit d’un véritable drame humain que la Coalition «Songhay Chawara Batoo» pointe du doigt et décrit comme tel dans une lettre ouverte adressée au président de la Transition. Les nobles intentions dont elle crédite les autorités de Transition ne sauraient occulter, aux yeux des dirigeants de cette Coalition, un sombre tableau qu’elle qualifie de «macabre», en évoquant notamment la fréquence de attentats à la vie d’opérateurs économiques célèbres, les éliminations physiques de notables religieux et de cadres des milieux sédentaires de Gao et de Tombouctou. Pour Songhay Chawara et ses animateurs, les prouesses et promesses de la Transition ainsi que les espoirs qu’elle suscite contrastent en outre avec la terreur des «braquages à main armée, des enlèvements de paisibles citoyens» et l’asphyxie de l’économie locale par les vols ou extorsions massifs de bétails, etc. Il en résulte, selon le président Almahady Moustapha CISSE, une défiguration manifeste des deux principales villes du Nord-Mali par les hordes de déplacés et le risque de leur transformation en foyers de tension avec l’émergence de nouvelles formes de criminalité inhérente a l’affluence démographique. «Ce tableau macabre s’assombrit chaque jour davantage et aucune lueur d’espoir ne pointe à l’horizon malgré la montée en puissance de l’armée que nous clamons chaque jour», relève le président CISSÉ dans sa missive, évoquant au passage le récent épisode dramatique ayant contraint au déplacement un village entier, suite au massacre d’une vingtaine de personnes et l’enlèvement de tout le cheptel local. Et de mentionner, par la même occasion, les interrogations que suscite dans la conscience collective le règne d’une telle terreur à quelques encablures de la plus grande base militaire malienne au nord.

Sans présentation de condoléances par les voies officielles appropriées, la Coalition Gao Chawara Baato, sous la plume de son président, s’indigne du fait que tant de supplices infligés aux populations du septentrion n’aient inspiré la moindre manifestation de compassion aux hautes autorités. Pas plus que ces ne paraissent attentives aux souffrances qu’infligent aux populations les pénuries d’eau et d’électricité, le manque de routes ainsi que les défectuosités des réseaux de télécommunication, entre autres.

Bref, autant d’éléments qui dénotent d’un complot ourdi contre tout un peuple, dénonce-t-on, en mettant en garde contre les implications d’une telle indifférence sur l’unité nationale au nom de laquelle des citoyens sans défense avaient bravé les occupants indépendantistes et narco-djihadistes en 2012.  Et de s’interroger dans la foulée sur l’opportunité pour les deux régions du Nord de s’assumer devant l’abandon et le manque d’égards vis-à-vis de leurs populations payées en monnaie de singe alors que «d’autres communautés sont adulées, chouchoutées en dépit de leur rejet du fait national».

Ça n’est pas la première fois que les autorités de la Transition sont pointées du doigt sur leur indifférence aux épreuves dramatiques des populations du Nord-Mali. Au plus fort des expéditions meurtrières de l’EIGS dans la région de Menaka, le leader touareg Ag Acharoutman mettait en lumière le traitement sélectif des victimes maliennes du terrorisme selon les localités affectées par les drames. Il dénonçait notamment le même silence des autorités devant le massacre de centaines de concitoyens à Menaka, en s’indignant que seules les victimes du Centre ont droit à leurs compassions à coups de communiqués officiels.

I KEÏTA

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