Ibrahima Coulibaly, président de la CNOP : « La première souveraineté à conquérir est la souveraineté alimentaire »

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Au Mali, le secteur agricole souffre d’un déficit de financement. Pour inverser la tendance, la Coordination nationale des Organisations Paysannes du Mali (CNOP) a organisé, ce lundi 24 juillet 2023, un atelier dit de « dialogue CNOP avec les institutions financières (banques et Systèmes Financiers Décentralisés) et partenaires ». A l’ouverture des travaux, le président de la CNOP a dénoncé le sous financement de l’Agriculture au Mali. 

« Quand on parle du secteur privé, on pense tout de suite aux industriels et aux grands commerçants » a dénoncé le président de la CNOP, dans son allocution de lancement de l’atelier. Et d’ajouter : « On oublie que le premier secteur privé au Mali, ce sont les paysans. Car, ils sont les plus nombreux. Tous les paysans travaillent à leur propre compte donc ce sont des privés ». Pour que l’agriculture malienne puisse nourrir les Maliens, Ibrahima Coulibaly estime que les paysans ont besoin de financement adapté à leurs besoins.

Pour faire la guerre, il faut manger d’abord…

Revenant sur l’objectif de l’atelier, le président de la CNOP affirme qu’il vise à « renforcer le partenariat gagnant-gagnant entre les organisations et coopératives agricoles au Mali et les institutions financières ». Pour convaincre ses interlocuteurs de la nécessité de financer l’agriculture, Ibrahima Coulibaly rappelle que le Mali cherche sa souveraineté dans tous les domaines. Cependant, « la première souveraineté à conquérir est la souveraineté alimentaire », défend-il.

Le président de la CNOP détaille son raisonnement : la souveraineté alimentaire est une question hautement stratégique. Même pour faire la guerre, assure-t-il, il faut manger d’abord. « Un pays qui dépend d’autres pays pour son alimentation n’est pas un pays libre », informe le président Coulibaly aux financiers.

Pourquoi l’agriculture malienne ne nourrit pas le Mali ? A la question, le président de la Coordination nationale des Organisations Paysannes affirme que cela n’est pas la faute des paysans. C’est le manque de financement qui tue le secteur agricole au Mali. Toute la chaîne agricole allant de la production à la transformation en passant par la conservation et le transport a besoin de financement.

Ce besoin de financement du secteur a été pris en compte dans la Loi d’orientation agricole de 2006. Qu’est-ce qui n’a donc pas marché ? Réponse : Les mécanismes de financement ont été mis en place notamment le fonds national d’accès à l’agriculture, mais comme c’est couramment le cas au Mali, ce fonds n’a jamais été opérationnalisé par le gouvernement. Aujourd’hui, alarme le président de la CNOP, Il faut mobiliser les mécanismes qui peuvent l’être pour le bonheur de l’agriculture et la souveraineté alimentaire du Mali.

A l’hôtel Olympe de Bamako où se tenait la rencontre, les discussions étaient tendues autour du thème : « Synthèse de l’état des lieux des institutions de financement intervenant dans le secteur agricole au Mali ». La représentante d’une institution financière a fait savoir que les établissements financiers ne peuvent financer l’agriculture qu’en fonction de l’argent disponible. En 2022, son institution a alloué 30 milliards FCFA au crédit dont la grande majorité au crédit agricole.

Mamadou TOGOLA/maliweb.net

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