Gouvernance sécuritaire : La détestable culture de la violence

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Le Mali est devenue une nation où la violence bat son plein au quotidien. Un climat aggravé par la crise sécuritaire que le pays traverse depuis 2012.

L’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) vient d’être dissoute, principalement pour le fait que cette association s’illustre dans les actes de violences. Combien de fouilles et perquisitions policières ont permis de découvrir d’impressionnants arsenaux de guerre dans des résidences universitaires, ou dans aux domiciles de leaders estudiantins ? Comment des étudiants et élèves peuvent s’inscrire autant dans  l’exercice de la violence ? Cette situation n’est-elle pas   le reflet de la société malienne aujourd’hui trop marquée par la culture de la violence ? Combien de fois aperçoit-on dans la circulation des cas de bagarres avec usage d’armes blanches ? Combien de cas d’injures et autres violences verbales voit-on préférées dans la circulation et sur les réseaux sociaux ? Comment les Maliens sont-ils parvenus à perdre leur pacifisme et leur tolérance légendaire ?

Pourquoi la violence s’est-elle aussi gravement incrustée dans les mœurs du peuple malien ? Certains historiens et sociologues expliquent ce phénomène par le passé d’empire et de conquérants du pays ? Sans omettre de mettre l’accent sur les résistances qui ont lourdement marqué le processus de décolonisation du Mali, c’est-à-dire avant les indépendances du pays en 1960.

En effet, avant l’étape du Soudan français et de la fédération avec le Sénégal, le Mali a été marqué par la résistance avec les héros comme Samory Touré, Babemba, Firhoun, Sonni Ali Ber, etc ? Tous ces leaders ont été de grands combattants qui ont vendu chèrement leurs peaux. Ils ont défendu bec et ongle des pans entiers du territoire contre la domination étrangère. Ce qui a eu le mérite de cultiver une détermination patriotique empreinte de violence face à l’adversité. La conséquence immédiate de ces épreuves est la prédisposition des populations à l’armement. Puisque chaque concession devrait prouver sa dignité et sa bravoure en disposant d’armes à feu pour  faire face à tout ennemi, quel qu’il soit.

Progressivement, cette culture de la violence s’est intensifiée durant la lutte pour les indépendances avec des combats farouches livrés au colonisateur français. Cela s’est enraciné et a donné naissance à une culture de la violence, dans les luttes politiques.

Le paroxysme de cette tendance à la violence fera que le Mali indépendant va connaître cinq coups d’Etats de 1960 à nos jours. Il s’agit du renversement sanglant du président Modibo Kéita, du coup d’Etat contre le Général putschiste Moussa Traoré. ATT, l’auteur de ce coup d’Etat sera lui-même renversé en 2012 par le Capitaine Amadou Aya Sanogo, puis ce sera le tour du président Ibrahim Boubacar Kéita d’être renversé par un coup d’Etat sans grande violence le 18 août 2020, suivi du coup de force contre Bah N’Daw en juin 2021.

En outre, avec la survenance de la crise sécuritaire, l’on a assisté ç une course vers l’armement, avec la prolifération des armes dans le pays. Et laa faillite de l’Etat, ou l’absence de l’administration dans certaines contrées a renforcé le sentiment d’abandon par la puissance publique. Ce qui a poussé les populations à déployer des efforts dans des réflexes d’autodéfense. C’est ainsi que des milices ont pu avoir pignon sur rue. Cela a créé une guéguerre et une prédisposition à la violence armée et aveugle.

Il urge que les dirigeants de la Transition agissent rapidement par une législation ferme pour mettre fin à cette tendance à la violence, qui conduit le pays vers un état de jungle.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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