Du règne du président Modibo Keita à l’avènement du colonel Assimi Goita Le Mali doit emprunter le chemin de la réconciliation pour sortir du bourbier

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En annonçant la tenue d’un dialogue inter-malien, le président de la transition, chef de l’Etat colonel Assimi Goita  entend effectuer un virage radical pour une réconciliation globale. En effet la querelle de famille entre le parti progressiste soudanais (PSP) et le parti au pouvoir l’Union soudanaise Rassemblement démocratique africain (US-RDA  a été un duel à mort qui n’a pas pansé toutes ses plaies. Il est vrai que le 19 novembre 1968 qui a vu la chute du président Modibo Keita a été perçu par les héritiers du leader du PSP Fily Dabo Cissoko  comme une revanche de l’histoire mais, elle a suscité des zones d’ombre. Le même scenario se produira  lorsque l’Union démocratique du  peuple malien (UDPM) présidée par le général Moussa Traore  alors tout puissant président du Mali qui sera renversé le 26 mars 1991 suite à une colère populaire planifiée par certains acteurs politiques avec la complicité de la métropole. L’auteur de ce coup de  caserne, le lieutenant colonel Amadou Toumani sans plus tarder remettra le pouvoir au président Alpha Oumar Konare porté au pouvoir par l’Alliance pour la démocratie au Mali, Parti africain pour la solidarité et la justice dans le cadre du multipartisme intégral. Ce faisant le 8 juin 1992, le président Konare  sera investi premier président de la troisième République qui marquera le début de l’enfance de la démocratie malienne. Sa venue à la tête de l’ancien Soudan français a soulevé un tourbillon d’espoirs. Surtout qu’il avait dans l’une de ses bottes secrètes l’art  de la parole. Au delà de son pays, il était perçu par les intellectuels africains comme un panafricaniste aux idées novatrices. L’historien qu’il était n’a pas tardé a semé le doute dans l’esprit du gotha de l’intelligentsia malien. On sait aujourd’hui que dans ses discours, ils prônaient la réconciliation entre tous les Maliens. Mais, il sera vite amené à  trancher entre les régimes  du président Modibo Keita père de l’indépendance du Mali qui sera victime contre toute attente d’un coup d’état militaire le 19 novembre 1968  dirigé par le jeune lieutenant Moussa Traore tout juste sorti du bois. Il fera vite le choix de vouer aux gémonies le régime de ce dernier dont il a été le ministre de la jeunesse et des sports. Dans la classification de l’histoire, ce dernier se retrouvera dans la classe des bourreaux. Ce qualificatif   va pousser un certain Choguel Kokalla Maiga docteur en télécommunication membre de l’Union nationale des jeunes du Mali la  branche jeune de l’Union démocratique du peuple malien    a élevé la voix en 1993  pour dénoncer le blanchiment de l’histoire,  or nous savons tous que le jugement de l’histoire est sans appel. En tentant de bannir toutes les actions du président Moussa Traore   , la réconciliation qui a été son mot de campagne prend un coup. Désormais, la confrontation entre les héritiers du parti unique UDPM et ceux du parti au pouvoir l’ADEMA devient ouverte. L’ADEMA au pouvoir incarnée par la classe intellectuelle dont une partie a été victime de persécutions présumées de la part du CM LN  et ensuite par le  parti unique l’UDPM   ne fera pas de cadeau au défunt parti unique. La prononciation même du mot UDPM deviendra un acte hostile. Les acteurs du multipartisme lancent même une violente campagne de dénigrement contre et le CMLN et l’UDPM. Parmi ces acteurs Tiebile Drame, Modibo Diakité, Dioncounda Traore, Kaourou Doucoure, Victor Sy, feu Sirimatie Samake. Dans  cette lutte pour éteindre la mémoire   des 23 ans de règne du président Moussa Traore  on fait sortir des catacombes le triste sort dans les bagnes de Taoudennit et de Kidal du capitaine Diby Silas Diarra, du capitaine Alassane Diarra, du capitaine Tiecoura Sogodogo, du capitaine Tidiane Traore, du capitaine Bekaye Fofana, du lieutenant Mamy Ouattara, du lieutenant Jean Bolon Samake , du lieutenant Moriba Diakité , du lieutenant Mathias Condé , du lieutenant Abdoulaye Konate. Sans compter Guediouma Samake , le sergent chef Samba Sangare , Soungalo Samake , Tiekoro Bagayoko, Kissima Doukara , Karim Dembele , Charles Samba Sissoko, le capitaine Yoro Diakité premier hôte de marque de Taoudennit. Mais certains acteurs du mouvement démocratique par  quel miracle on ne le sait pas encore ont sciemment occulté les victimes du président Modibo Keita et son parti l’US-RDA qui ne sont pas exempts de tout reproche. Nous savons tous aujourd’hui que Amadoun Dicko, Fily Dabo Cissoko le natif du canton du Nyamba , Maraba Kassoum Toure ont été exécutés de sans froid.  Nous savons tous aussi que sous le règne du président Alpha Oumar Konare , il y’a eu des victimes comme le sergent Moussa Diarra , le  capitaine Siaka Kone et ses compagnons d’armes . Il faut ajouter à ces victimes la mort suspecte de Tioule Mamadou Konate leader du Bloc pour la démocratie et l’intégration africaine (BDIA) .  A ces nombreuses victimes, il faut ajouter les nombreux innocents qui sont morts pendant les différentes rebellions. Le président Amadou Toumani Toure en 2011 a pu réconcilier  lors d’une grande cérémonie au Centre international de conférence de Bamako (CICB)  les héritiers du PSP  et ceux de l’US-RDA. Pour que le dialogue inter-malien soit une véritable réussite, il faut une réelle  réconciliation. Il ne faut surtout pas que ce dialogue soit un autre lieu de confrontation sinon, il subira le même sort   que la Conférence nationale souveraine de 1991, la Conférence d’entente nationale, le Dialogue national inclusif et les Assises nationales de la refondation.

Badou S. Koba 

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