Au moins 70 personnes, en majorité des enfants et des personnes âgées, sont mortes dans des tueries dans le centre-nord du Burkina Faso début novembre, des massacres de civils dont les auteurs demeurent inconnus et pour lesquels l’UE et les Etats-Unis ont demandé une enquête.
Selon un bilan provisoire communiqué lundi par le procureur du Faso, Simon Gnanou, ces tueries perpétrées le 5 novembre dans le village de Zaongo ont fait 70 victimes, « essentiellement des enfants et des personnes âgées ».
Il précise que « les auteurs des atrocités demeurent pour le moment inconnus ».
Dimanche, l’Union européenne avait évoqué ce massacre et un possible bilan d’une centaine de morts, appelant les autorités de Ouagadougou à « faire toute la lumière » sur celui-ci.
Le gouvernement américain, par la voix de la responsable des Affaires africaines au département d’État américain, Molly Phee, avait pour sa part condamné cette « attaque dans les termes les plus forts » et demandé l’ouverture d’une enquête.
Le procureur a précisé lundi que l’audition des « parents des victimes et des blessés permettra de préciser le nombre exact de morts ».
Une source sécuritaire avait indiqué à l’AFP dimanche qu’une enquête avait été ouverte.
« Le massacre a eu lieu deux jours après des combats entre des forces de sécurité et des terroristes. Zaongo était l’un des rares villages de la zone à n’avoir pas encore été vidé par les terroristes. Certains soupçonnaient les habitants de collaborer avec eux », a précisé un ressortissant de la zone, sous couvert d’anonymat, à l’AFP.
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI), qui ont fait plus de 17.000 morts civils et militaires.
De nombreuses localités, ciblées par les violences ont été désertées, faisant plus de deux millions de déplacés internes.
– Autre massacre en avril –
Le procureur a expliqué s’être rendu sur les lieux le 11 novembre avec une équipe composée notamment d’un juge d’instruction militaire, d’éléments de la Brigade spéciale des investigations anti-terroristes et de lutte contre la criminalité organisée, ainsi que de gendarmes.
Il a également salué les forces de défense et de sécurité qui ont « procédé à des déminages » sur le parcours dans cette zone où opèrent des groupes jihadistes, et repoussé « une attaque contre le convoi ».
Une enquête avait été ouverte au Burkina au mois d’avril, après un autre massacre de 136 personnes – dont 50 femmes et 21 enfants – perpétré le 20 avril par des hommes en uniformes militaires, à Karma, dans le nord du pays.
Le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, avait alors appelé à éviter des « conclusions hâtives » et à ne pas accuser immédiatement l’armée d’être responsable de cette tuerie.
Depuis lors, aucune communication officielle n’a été faite sur les résultats de cette enquête.
Le capitaine Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en septembre 2022, affirme faire de la lutte antijihadiste sa priorité.
Il a signé en avril un décret de « mobilisation générale » d’une durée d’un an, permettant si besoin la réquisition des « jeunes de 18 ans et plus » pour lutter contre les jihadistes.
HRW a ainsi fait état d’une « douzaine de dissident » qui ont été « appelés par les forces de sécurité » et « réquisitionnés pour participer aux opérations de sécurité du gouvernement ».
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