2023 : Une année dans l’obscurité

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Si les coupures d’électricité font partie de la vie des Maliens depuis des décennies, celles-ci ont pris une envergure catastrophique en 2023.

De février à la fin de l’année, les coupures de courant se sont multipliées dans tout le pays, notamment dans la capitale. Les Bamakois sont privés d’électricité pendant plusieurs heures par jour, parfois jusqu’à 24 heures voire plus. «Du jamais vu au Mali», ont commenté de nombreux confrères. A l’intérieur du pays, c’est souvent pire au point que des populations ont manifesté dans des villes comme Gao, Goundam (dotée d’un groupe robuste en fin d’année)… Ainsi, à la crise sécuritaire s’est greffée une panne énergétique…

Ces coupures intempestives perturbent la vie quotidienne et l’activité économique des Maliens. Cette «situation énergétique chaotique» pénalise en effet tous les secteurs névralgiques du pays, notamment l’économie. Les petits métiers du secteur informel, où les faillites se multiplient, le secteur de l’industrie et celui du commerce sont les plus affectés. On n’oubliera pas ce jeune entrepreneur qui, le 8 novembre dernier,  s’est plaint sur les réseaux sociaux d’avoir perdu la majorité de son fonds de commerce à cause des coupures d’électricité. L’infortuné a perdu 500 poulets dont la valeur est estimée à 1,7 millions de francs CFA.  Et cela est loin d’être un cas isolé.

Les alimentations, les ateliers de couture, les menuiseries, les boulangeries, les salons de coiffure… Les pertes sont énormes pour tous ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un groupe électrogène à la taille de leurs activités. Même les médias n’ont pas échappé aux conséquences dramatiques de ces longues et pénibles coupures de courant. Naturellement que les pertes financières sont considérables pour l’État, les entreprises, les usines, les particuliers…

Ces coupures perturbent également l’accès aux services sociaux de base, tels que l’eau, l’éclairage et la communication. Les perturbations ont aussi affecté la santé. C’est ainsi que, le mercredi 25 octobre 2023, toutes les opérations chirurgicales de l’hôpital Gabriel Touré de Bamako ont été reportées en raison de coupures intempestives d’électricité. «Les coupures d’électricité sont un problème majeur pour notre hôpital… Elles nous empêchent de fournir des soins médicaux de qualité à nos patients», a déploré Djimé Kanté, secrétaire général adjoint du Comité syndical du CHU Gabriel Touré. Et si les coupures de courant occasionnelles ont généralement peu d’impact sur les appareils électriques, les délestages fréquents peuvent causer des dommages, notamment griller les appareils. Rares sont les clients d’EDM SA qui n’ont pas perdu au moins un appareil suite à des coupures d’électricité ces derniers mois.

Cette situation nécessite des solutions rapides et pérennes. Mais, malgré l’assurance donnée par le gouvernement et surtout la bonne volonté du ministre de l’Energie et de l’Eau, la situation perdure même si on a noté un léger mieux en fin d’année. En tout cas, pour la première fois depuis l’aggravation de la situation, le président de la Transition s’est prononcé publiquement pour la première fois sur cette crise. «Notre pays est confronté aujourd’hui à une crise aiguë dans la fourniture de l’électricité qui provoque des désagréments à la population», a reconnu Colonel Assimi Goïta. Il n’a pas manqué de rappeler que «cette situation est consécutive à plusieurs années de mauvaise gestion et de manque de vision pour le développement de ce secteur stratégique».

Toutefois, conscientes de «l’impérieuse nécessité d’atténuer les souffrances des populations et de trouver des solutions pérennes à cette crise», les autorités de la transition ont initié des actions sur le court, moyen et long terme. «Ces actions ont concerné l’accélération du renforcement des équipements de production et de transports, le financement d’opérations immédiates, les réformes et l’amélioration de la gouvernance du secteur de l’énergie. Des projets structurants sont lancés avec le concours de nos partenaires», a assuré le Colonel Goïta dans un souci d’apaisement.

La semaine dernière, des médias sociaux ont signalé l’arrivée à Bamako de nouveaux équipements de production d’électricité pour le compte d’EDM. Gageons que ce soit le début d’une solution pérenne à cette crise d’électricité qui est un handicap de trop dans la quête d’émergence socioéconomique du pays.

Moussa Bolly

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