Au total, 16 centres de santé communautaire (CSCom) ont bénéficié de grands travaux dans le cadre du projet BESEYA Blon. Un projet de quatre ans, co-financé par l’Organisation Internationale WaterAid, la fondation canadienne One Drop et la fondation américaine Conrad Hilton.
« Pour les consultations de nuit, on utilisait des lampes torches », se rappelle le médecin Alou Coulibaly, Directeur Technique du Centre (DTC) du CSCom de Tassonan, à environ 50 kilomètres de Bla. Dans ce village, accessible uniquement par piste rurale, Alou Coulibaly relate le problème d’eau dans son centre avant l’arrivée du projet BESEYA Blon. « Il n’y avait pas d’eau », se souvient le médecin interrogé par maliweb.net, ce mercredi 28 décembre 2022, au cours d’une visite au CSCom village. « Nous remplissions les barriques en puisant l’eau à la pompe manuelle », explique le médecin. Et d’ajouter : « Quand une femme accouchait, c’était un ballet de sceaux d’eau pour son hygiène ».
Aujourd’hui, se réjouit Alou Coulibaly, le robinet a été connecté à chacune des salles de soin. Blouse blanche, bavette de couleur noir, le médecin explique qu’auparavant, pour chaque consultation, il fallait sortir du bureau pour aller se laver les mains. « On pouvait être pris de paresse des fois », assure-t-il. Avec le lavabo dans son bureau, plus besoin de se déplacer. « Avant chaque consultation, je me lave la main dans mon bureau, ensuite je porte mes gangs », se réjouit le médecin de Tassonan.
BESEYA Blon est un projet de 6 millions de dollars soit 3,378 milliards FCFA pour une durée de quatre ans couvrant la période de janvier 2020 à décembre 2023. Le projet est mis en œuvre par les partenaires locaux de WaterAid, à l’instar de l’Association pour la Promotion des Femmes et des Enfants au Mali (APROFEM). Aux dires de Christian Baguidi, Coordinateur du projet à APROFEM, le projet vise à accélérer l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement dans les centres de santé et les communautés des cercles de Bla et Kati. « La dernière année du projet est consacrée à la sensibilisation », assure Christian. Ainsi, à travers les sketchs, les populations rurales sont sensibilisées à l’hygiène et à l’assainissement. « A termes, nous visons un changement de comportement dans les pratiques d’hygiène et d’assainissement en milieu rural », a informé Christian Baguidi.
Des infrastructures inclusives …
Dans chacun des 16 centres de santé à Bla et Kati, WaterAid a réalisé des infrastructures d’eau, d’hygiène et d’assainissement. Mais bien plus que le matériel, il s’agit d’infrastructures pour la préservation de la dignité humaine. A Yangasso, l’infirmière obstétricienne Sitan Coulibaly ne s’est pas fait prier pour le dire. « Je parle avec fierté », débute la responsable de la maternité, interrogée ce mardi 27 décembre 2022 entre deux consultations prénatales. BESEYA Blon a construit une toilette dans la salle d’accouchement, explique l’infirmière. « Quand une femme accouche, elle est nettoyée dans la toilette à l’intérieur dans la plus grande dignité », assure-t-elle avec émotion. Pour le nettoyage des habits sales de l’accouchement, une aire de lavage a été spécialement construite.
Des lampadaires solaires, un hangar de vaccination, un château d’eau de 5 000 litres avec une salle chloration. En plus de ces infrastructures, le projet a rénové chacun des bâtiments des CSCom : les murs à l’intérieur de chaque salle de soins, ainsi que le plancher sont désormais carrelés ce qui les rend plus faciles à être nettoyés. Aussi, la peinture a été refaite à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments. Pour la gestion des déchets médicaux, un incinérateur moderne a été installé dans chacun des centres de santé. Pour ne rien oublier, deux blocs de toilettes (Femme, homme) ont été construits dans chacun des CSCom. Chaque bloc de toilettes est composé de : toilette pour le personnel de santé, toilette pour les patients et leurs accompagnants, et une toilette spécialement aménagée pour les personnes en situation de handicap.
L’engouement des patients…
« Quand les gens viennent en consultation, ils trouvent un nouveau médecin avec un local rénové et propre, certains pensent que c’est le nouveau médecin qui a apporté tous ces changements », raconte Dr Samba Lassine Sangaré, DTC du CSCom de Yangasso depuis deux mois. Saluant l’assainissement de son centre, Dr Sangaré explique que le centre de santé doit être un lieu de soins et non un lieu d’infection des patients. « La propriété du local est importante dans le processus de guérison d’un malade », affirme le DTC qui indique que la fréquentation de son centre s’est nettement améliorée depuis l’intervention de WaterAid.
Le projet BESEYA BLON a permis non seulement d’améliorer la qualité des soins, mais aussi la prévention des infections dans les centres de santé bénéficiaires.
Mamadou TOGOLA