Dans un contexte de crise dans plusieurs pays du continent, le caractère pacifique de l’élection présidentielle malgache a été érigé en exemple lors du sommet de l’Union africaine. Ce point a été souligné à plusieurs reprises lors de la réunion de la commission Paix et Sécurité de l’organisation.
Une lueur d’espoir pour l’Afrique, c’est en ces termes que l’ambassadeur Bankole Adeoye, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Commission de l’Union africaine (CUA), a qualifié le déroulement et l’issue de l’élection présidentielle du 16 novembre à Madagascar.
Au vu du scénario autour de la délégation conduite par Andry Rajoelina, président de la République, au sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Éthiopie, le constat est sans équivoque. “L’exemple de démocratie démontré par Madagascar fait l’unanimité” chez les dirigeants africains et les organisations internationales partenaires, que ce soit lors de la conférence des chefs d’État et de gouvernement, lors des réunions des commissions de la CUA, ou encore lors des rencontres bilatérales et des échanges en aparté. Le déroulement et l’issue pacifique de la présidentielle sont systématiquement soulignés. Certes, le thème central des discussions durant ce 37e sommet de l’UA porte sur l’éducation inclusive et adaptée aux besoins de l’Afrique. Cependant, les problématiques sur la paix, la sécurité et la stabilité politique sur le continent ont rapidement pris le pas sur le thème général, dans les débats et discussions de couloir.
Dans son discours d’ouverture du Sommet, samedi, Moussa Faki Mahamat, président de la CUA, a affirmé le regret selon lequel “la paix et la stabilité”, entre autres, “restent encore les principaux défis de l’Afrique”. Durant la conférence des chefs d’État et de gouvernement, le patron de la Commission de l’Union africaine a déploré que “pour la première fois, six États membres sont suspendus pour cause de changement inconstitutionnel de Gouvernement”.
Pour cause de coups d’État, le Gabon, le Mali, la Guinée, le Soudan, le Burkina Faso et le Niger sont en effet suspendus de l’Union africaine. Et le contexte pré-électoral au Sénégal, longtemps considéré comme un des exemples de démocratie en Afrique, inquiète. Raison pour laquelle Moussa Faki Mahamat a émis une recommandation à l’endroit de l’État sénégalais, dans son allocution, afin qu’il trouve un consensus autour de sa prochaine élection présidentielle.
Paix et sécurité
Aux problèmes électoraux s’ajoutent des conflits et des crispations entre quelques États voisins. Des hostilités dont les résonances ont été ressenties jusqu’au cœur du siège de l’UA. Des personnes accréditées pour le Sommet ont dénoncé avec véhémence “la guerre” à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Une scène qui a perturbé la cérémonie d’ouverture, mais également créé plusieurs minutes de vive dispute entre les manifestants et les services de sécurité devant la scène où se tient la traditionnelle photo de famille des chefs d’État et de gouvernement.
La RDC qui vient aussi de vivre une période de contestation post-électorale musclée. Même les Comores, qui ont présidé l’Union africaine durant l’année 2023, viennent eux aussi de connaître un temps de virulentes contestations post-électorales. Lors de la cérémonie d’ouverture du Sommet, samedi, Azali Assoumani, président réélu des Comores, a justement passé la présidence tournante de l’organisation continentale à Mohamed Ould Ghazouani, président de la Mauritanie, qui tiendra les rênes durant cette année 2024.
Dans cette cacophonie, l’issue pacifique de la course à la magistrature suprême malgache se place au-dessus de la mêlée. D’autant plus que, depuis la présidentielle de 2013, Madagascar a connu des alternances démocratiques apaisées. Alors qu’il présentait son rapport sur la situation politique, sur la paix et sur la sécurité en Afrique devant la commission paix et sécurité de la CUA, l’ambassadeur Bankole Adeoye a alors déclaré, “le président Andry Rajoelina a été élu démocratiquement par la voie des urnes. C’est une lueur d’espoir pour notre continent”.
Faisant une synthèse de la participation de la Grande Île au 37e sommet de l’Union africaine, face à la presse, Rafaravavitafika Rasata, ministre des Affaires étrangères, indique que “la paix et la stabilité sont des socles du développement. Des critères qui coïncident avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Indéniablement, Madagascar a donné un bon exemple aux autres États africains en organisant une élection apaisée, transparente et ayant permis de renforcer ses acquis démocratiques”.
Au siège de l’UA, à Addis-Abeba, les félicitations à Andry Rajoelina pour sa réélection, mais aussi pour le déroulement et l’issue pacifique de la présidentielle, ont été nombreuses. Des félicitations exprimées surtout lors des échanges impromptus, comme avec Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ainsi que lors des rencontres bilatérales, comme celle avec Victoria Kwakwa, vice-présidente pour l’Afrique de l’Est et australe de la Banque mondiale.
En matière de démocratie, le défi pour Madagascar est maintenant de continuer sur sa lancée et de consolider ses acquis.
Garry Fabrice Ranaivoson
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