Traite des personnes et trafic des migrants : Magistrats et enquêteurs se forment à Ségou

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Le Mali n’est pas en marge de la traite des personnes et du trafic des migrants qui constituent un crime odieux répandu dans le monde entier. Afin d’aider nos populations et doter les magistrats et enquêteurs dans la lutte contre le fléau, une formation initiée par Mali Justice Project s’est tenu à l’Hôtel esplanade de Ségou du 28 novembre au 1er décembre.

 

La formation a réuni au total 54 procureurs et juges, gendarmes et policiers. Elle avait pour objectif général le renforcement des capacités des magistrats et des enquêteurs dans la lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite des migrants au Mali y compris sur les approches basées sur les victimes afin que ceux-ci jouent efficacement leur rôle dans la répression de la traite des personnes et le trafic illicite des migrants au Mali.

La formation a été un cadre idéal pour les participant d’améliorer leur connaissance sur les notions de traite des personnes et de trafic illicite des migrants, le cadre juridique national et international de lutte contre la traite des personnes et de trafic illicite des migrants, la procédure pénale en la matière et la prise en charge et assistance des victimes et des témoins entre autre.

Le Mali à l’instar du reste du monde, n’est pas en marge de ce crime de la traite des personnes et de trafic illicite des migrants. Pour apporter des solutions dans la lutte contre ces trafics, le Mali a adopté des reformes décisives  notamment l’adoption le 3 février 2011, du décret n°2011-036/PM-RM portant création du Comité national de Coordination de la Lutte contre la Traite des Personnes et de Pratiques assimilées ( CNCLTPPA) et l’adoption de la loi no 2012-023  du 12 juillet 2012 relative à la Lutte contre la Traite des Personnes et les Pratiques assimilées et le lancement d’un plan d’action national (2018-2022) le 1er février 2019. Malgré ces efforts, force est de reconnaitre qu’il existe un manque de coordination entre les acteurs du système de justice pénale et les autres acteurs engagés dans la lutte contre cette infraction. C’est pour y remédier, que Mali Justice Project, en collaboration avec le Comité national de Coordination de la Lutte contre la Traite des Personnes et les Pratiques assimilées ont initiés cette formation.

La traite des personnes et le trafic illicite des migrants est une infraction qui, par sa nature peut être intérieure à un pays mais qui, très souvent à une nature transnationale car elle se déroule par-delà des frontières des pays. Les femmes et les enfants constituent généralement les victimes de ces infractions et sont exploité à des fins sexuelles, au travail forcé et au trafic d’organes. Depuis les évènements malheureux de 2012 au Mali, le pays est devenu l’une des voies de migration irrégulière dont le taux grimpe d’année en année pour ce faire, il est d’une importance de prévenir et de réprimer les auteurs de ces crimes « pour que nous puissions prévenir l’exploitation de ces victimes, pour que nous puissions réprimer ces infractions, il est nécessaire et fondamental que les acteurs de la chaine pénale, notamment les magistrats et les enquêteurs puissent travailler de commun accord à mutualiser leurs efforts afin que les auteurs de ces infractions soient punis selon les textes en vigueur », dira Lury Nkouessom, représentant du Directeur de Mali Justice Projet. Cette rencontre est une belle occasion pour des échanges autour des défis de coordinations, des défis de collaborations afin que des solutions meilleures soient trouvées et être plus efficace dans la prévention et dans la répression.

Cette activité s’inscrit dans le cadre du pilier IV du plan d’action 2018-2022 de la République du Mali pour la lutte contre la traite des personnes, qui vise à promouvoir la coordination et la coopération dans la lutte contre la traite des personnes. Elle est également organisée en réponse aux recommandations prioritaires formulées dans le rapport 2020 du département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique qui préconise l’organisation continue et accrue des séances de renforcement de capacités pour les magistrats et les enquêteurs, toutes choses qui contribueront à la conduite d’enquêtes et à la poursuite vigoureuse des trafiquants et leurs condamnations. Le Projet Mali justice est financé au Mali par le gouvernement américain à travers l’Usaid MJP.

Pour sa part et au nom du ministre de la Justice, Nana Kadidia Bengaly, représentante du Comité national de Lutte contre la Traite des Personnes et Pratiques assimilées, a fait observer une minute de silence en la mémoire de feu Boubacar Touré, président du Comité national de Lutte contre la Traite des Personnes et les Pratiques assimilées, arraché à l’affection des siens le 11 juillet dernier. Elle a ensuite fait étalage de l’arsenal juridique et institutionnel dont dispose le Mali concernant la traite des personnes et le trafic illicite des migrants entre autres, la convention des Nations unis relative aux droits de l’enfant, l’accord de coopération entre le Mali et la Côte d’Ivoire en matière de lutte contre le trafic transfrontalier des enfants signé à Bouaké en septembre 2000, le protocole relatif à la traite des personnes et le protocole relatif au trafic des migrants entrés en vigueur en 2003 et 2004.

 

Albert Kalambry

(correspondant à Ségou)

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