Jamais les ressources africaines n’ont fait l’objet d’une telle convoitise, d’un tel intérêt, par les puissances du monde que maintenant. Les sommets se succèdent à un rythme ininterrompu et des promesses d’investissements sont prises, mais très peu de résultats sont visibles. Bien au contraire, les africains s’appauvrissent davantage quand leur continent regorge des immenses réserves en or, en pétrole, en gaz, en uranium, en diamant, en manganèse, en cuivre, en bauxite, en fer, en cobalt, en eau douce, bref un continent immensément riche. Après les sommets, France/ Afrique, Chine/Afrique, Russie /Afrique et Japon/ Afrique, Inde/ Afrique, Turquie/ Afrique, pour ne citer que ceux-ci, c’est autour des Etats Unis d’entrer dans la danse pour la deuxième fois en déroulant le tapis rouge aux dirigeants africains au pays de l’Oncle Sam.
En effet, du 13 au 15 décembre 2022 une cinquantaine de dirigeants africains ont pris part au sommet organisé par le Président américain Joe Biden. Pour rappel tous les sommets se succèdent et se ressemblent, en termes de promesses d’investissements pour développer l’Afrique, mais la finalité semble être l’exploitation des ressources africaines. A quand le réveil de l’Afrique pour être une force de proposition ou une puissance mondiale parce que disposant de tous les atouts ?
Comme un roi et ses sujets, le Président américain s’est entretenu avec ses hôtes africains sur des questions d’envergure continentale, comme entre autre la crise alimentaire, l’insécurité, la fracture numérique et l’énergie. Joe Biden a pris beaucoup d’engagements, mais quelle garantie ont les dirigeants africains pour la réalisation de ces vœux étant entendu qu’il y a eu des sommets similaires y compris aux Etats Unis sans résultats tangibles. Les Afro sceptiques pensent même que Biden et ses hôtes ont passé trois jours comme des nouveaux mariés en nuits de noce, avec des beaux discours empreints de courtoisie, d’amour et de belles promesses, mais qui ne seront pas suivies d’effets escomptés. En le prenant au mot, le Président américain a promis 55 milliards de dollars d’investissements pour les 3 années à venir. Il a même déjà ciblés de domaines dans lesquels il compte investir, comme entre autres l’énergie solaire, la sécurité alimentaire, les nouvelles technologies, la lutte contre l’insécurité et surtout beaucoup d’accords commerciaux avec l’Afrique. Mais en bon observateur, il faut surtout mettre tout cela dans le même sac, celui de promesses et de déclarations de bonnes intentions, jusqu’à ce qu’on voit un début de concrétisation.
Avec tous ces sommets sans résultats tangibles il y a lieu de se poser la question de savoir si celui des Etats Unis n’est pas un vaste programme américain d’occuper le terrain africain qui a été jusque-là une zone de prédilection de la France, de la Chine, de la Turquie, de l’Inde et tout récemment de la Russie. Les américains n’entendent plus jouer le second rôle dans un continent tout aussi riche sinon plus riche que les autres continents.
Que doit faire l’Afrique impuissant spectateur dont le sort se joue ailleurs ?
Tous les analystes géopolitiques s’accordent à dire que l’avenir du monde se jouera en Afrique, tant le continent est immensément riche et sa population est très jeune. Mais cette qualité, loin d’être un atout devient plutôt un handicap son sort se dispute ailleurs, sans son avis et à son détriment. Ce qui est aberrant ce que même les ressources dont elle dispose sont exploitées par d’autres et elle ne se contente que d’une portion incongrue. A quand son réveil afin qu’elle prenne toute la place qui est la sienne dans le concert des puissances économiques ? En attendant la réponse à cette question, une véritable prise de conscience s’impose aux africains afin de sortir de la fatalité. Les africains doivent prendre leur destin en mains pour renverser la tendance et sortir du statut d’éternel assisté. Il ne faut pas se faire d’illusion, ni la France, ni les Etats Unis, ni la Russie, encore moins la Chine ne permettront jamais à l’Afrique de se développer, ils veulent juste se créer des nouveaux marchés et exploiter les immenses richesses africaines.
Et si l’Afrique réalisait l’Union des Etats- Unis d’Afrique ce vœu de Kwamé Krumah, de Sékou Touré, de Jomo Kenyatta, de Modibo Keita et de Nelson Mandela.
Ni les ensembles régionaux comme la CEDEAO, la CEMAC, la SADC, encore moins un émiettement des pays ne pourraient permettre à l’Afrique en général et aux ensembles régionaux en particulier d’amorcer un développement harmonieux. Il faut alors une large union regroupant tous les pays du continent afin de peser non seulement sur le marché mondial, mais aussi de former un front contre les autres puissances comme la chine, les Etats Unis, la Russie, l’Inde. Il n y a vraiment pas une autre alternative aux Etats Unis d ’Afrique si nous voulons avoir notre mot à dire dans le concert des Nations. En réalisant le vœu des Etats Unis d’Afrique des pères des indépendances, les dirigeants africains actuels auront non seulement posé les jalons de l’émancipation totale de l’Afrique, mais aussi et surtout, ils auront écrit l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire récente de l’Afrique.
En somme, l’Afrique a tout ce qu’il faut pour être un continent prospère. Elle est riche et sa population est très jeune. Il reste maintenant la volonté et le leadership politique pour s’émanciper totalement et devenir maître et possesseur de ses richesses. Donc que les dirigeants ne se trompent pas aucun sommet n’a pour but de développer l’Afrique. Ils sont plutôt initiés et organisés pour élaborer des stratégies d’exploitation, de partage et de pillages des immenses ressources naturelles. Donc viva Africa pour un continent libéré du joug des prédateurs.
Youssouf Sissoko