A quelques jours de la fête de ramadan, l’ambiance globale de la capitale malienne reste pour l’heure adoucie. L’enthousiasme et la ferveur qu’accompagnaient dernièrement cette période de l’année dans les marchés, les salons de coiffure ou de couture, les rues ou encore chez certains jeunes, semblent s’essouffler progressivement à cause de la vie chère et le délestage.
En effet, en plus de la flambée insupportable des prix des denrées de grande consommation, l’argent, la première denrée demeure introuvable. Le mois de ramadan censé être le mois de la dévotion, de la repentance et de la solidarité, a plutôt été un mois fastidieux et très stressant pour les chefs de ménages qui voient leurs avoirs mis à mal ce qui présage d’une fête de ramadan tout aussi stressante et insupportable socialement et financièrement.
Cette tendance festive arborée par la citée des trois caïmans ne semble pas contagieuse depuis cela quelques années. Dans les marchés l’ambiance n’est pas encore effervescente. Les allées sont aérées, les boutiques peu envahies. Les clients se font très rares, l’engouement n’est plus le même comparé aux années précédentes. Les gens crient à la précarité économique, à la coupure sans cesse d’électricité et préfèrent prioriser ce qui est nécessaire au détriment de ce qui est ludique.
La conjoncture économique est-elle l’unique raison de cette situation ? Pas que. Le délestage répétitif du pays, à notre avis, influe aussi de manière négative sur le rayonnement festif de cette période de chaleur.
Afin de réduire les prix des produits de grande consommation, pour que les fidèles musulmans puissent bien profiter de ce mois béni, les autorités doivent continuer à prendre des mesures contre les commerçants. Au marché tout est devenu cher, malgré l’intervention du gouvernement qui dit avoir fixé les prix des produits de première nécessité. Comme si cette délicate situation des denrées de première nécessité ne suffit guère, l’on assiste à un autre phénomène encore plus gravissime à savoir le délestage. Le délestage récurent à Bamako provoque une vive tension entre clients et tailleurs, en cette veille de fête de Ramadan. Les tailleurs qui non seulement n’ont pas assez de clients, crise financière oblige, les ateliers de couture ne sont pas pris d’assaut par les clients cette année. Les tailleurs s’activent, jour et nuit, pour satisfaire la clientèle.
Malgré la situation économique précaire du pays cette année, ils sont encore nombreux à se rendre chez les couturiers. Comme à l’accoutumée, la veille des fêtes est marquée par une vive tension entre clients et tailleurs dont certains, par cupidité ou par peur de perdre leurs clients, n’arrêtent pas de recevoir des tissus à la dernière minute. Alors qu’ils sont déjà débordés. Un autre phénomène rend le travail des ouvriers difficile, c’est le délestage qui entrave leur travail.
En définitive, face à la hausse des prix des produits de première nécessité, la hausse du prix des habits et des chaussures, le délestage et en plus de la situation sécuritaire du pays, la fête de l’Aid al Fitr se fera certainement dans un climat moins joyeux les parents, les enfants et même pour les jeunes qui font plus de festivités.
Assitan DIAKITE