Après les avoir mis à l’écart lors du dernier remaniement ministériel, après les avoir livré à la vindicte populaire voire les vilipendé, c’est vers les partis politiques et la société civile que le gouvernement s’est tourné pour avoir leur quitus pour une éventuelle prolongation de la transition ou tout au moins un réaménagement du chronogramme électoral. N’a-t-on pas coutume de dire qu’il n y a pas de démocratie sans parti politique ? Il n y a non plus d’élection sans les partis politiques dont la raison d’être est la conquête e l’exercice du pouvoir. Donc la classe politique malienne est désormais face à ses responsabilités. Ils ont l’occasion de se réconcilier avec le peuple en prenant des décisions responsables ou en se décrédilisant en privilégiant leurs intérêts sordides. Va-t-elle se compromettre en acceptant la prolongation du délai de la transition ? Le respect du chronogramme voir du délai de la transition ne doit –il pas être son cheval de bataille ?
Le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation porte-parole du gouvernement avait convié les partis politiques afin qu’ils fassent des propositions pour la suite de la transition et cela à moins de 7 mois de la fin du délai imparti. Cette rencontre a été organisée après le constat d’un grand retard accusé dans l’exécution des tâches prescrites dans le chronogramme électoral. Arithmétiquement il est quasi impossible d’organiser tous les scrutins qui sont prévus dans le chronogramme, à savoir les communales, les locales (cercle), les régionales, les législatives et les présidentielles. Et pourtant beaucoup avaient tiré la sonnette d’alarme pour dire que le premier ennemi de la transition était le temps et qu’au lieu de consacrer plus d’énergie à faire des communiqués pour condamner ou pour expulser tel ou tel qu’elle aurait dû réunir les conditions d’une sortie de crise institutionnelle avec l’élection d’un président de la République devant mettre fin à la situation exceptionnelle dans laquelle le Mali est plongé depuis 3 ans maintenant. Les autorités sont devant les faits accomplis. Elles sont surtout entre le marteau de la communauté internationale qui ne serait plus tolérante sur une éventuelle prolongation et l’enclume de l’opinion nationale qui ne serait plus prête à supporter d’autres sanctions qui ne seraient dues qu’à la mauvaise foi des autorités.
Les partis politiques ont désormais leur destin entre leurs mains. Ils ont l’occasion de prendre leur revanche sur les gouvernants qui les ont humiliés, surtout lors du dernier remaniement ministériel quand le Président Assimi Goïta n’a consulté personne et a mis en place un gouvernement dit des technocrates. Les partis politiques doivent refuser toute compromission et exiger le respect du délai de la transition, quitte à revoir le chronogramme électoral pour n’organiser que la présidentielle et les législatives. Toute autre décision les compromettrait et les décrédibiliserait aux yeux de l’opinion nationale et internationale, car en cas de prolongation des sanctions sévères vont être imposées au peuple malien. Dos au mur le gouvernement cherche une certaine légitimité voir un consensus afin de prolonger la transition, malgré l’épée de Damoclès des sanctions de la CEDEAO suspendu au-dessus de sa tête. Les partis politiques vont-ils être complices de cette situation ? Ils doivent simplement exiger le respect du chronogramme, même s’il faut le modifier en accordant la priorité à la Présidentielle, pourvu qu’il n’y ait pas un jour de plus sur le délai de la transition. Quand à la société civile, elle a été tout aussi marginalisée que les partis politiques, donc son salut ne pourrait venir que du respect du chronogramme, voire du délai de la transition. En tout cas si tant est qu’elle défend les intérêts des citoyens, il n y a pas de raison qu’elle soit complice des sanctions qui vont s’abattre sur le Mali en cas de prolongation de la transition.
En somme, Les partis politiques et les organisations de la société civile sont fortement interpellés face aux risques d’une prolongation du délai de la transition. Pour éviter d’autres écueils ils doivent s’unir pour former un bloc contre toute tentative de confiscation des acquis démocratiques et pour un retour à l’ordre constitutionnel normal.
Youssouf Sissoko
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