Rassemblement pour le Mali : Tréta s’est-il offert la prime de la légalité et de la légitimité aux dépens de Baber Gano et compagnie ?

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A l’issu du congrès extraordinaire du Rassemblement pour le Mali (RPM, fondé par l’ancien et défunt président Ibrahim Boubacar Kéita en juin 2001) organisé du 26 au 27 août 2023 au Centre international des conférence de Bamako (CICB), Bocary Tréta a été confirmé à la tête du Bureau politique national (BPN) qui voit son mandat passé de 3 à 5 ans. Le président sortant s’est-il ainsi offert une belle légitimité politique aux dépens de ses rivaux comme Gano qui a boudé ce congrès ? Pour des observateurs, la fronde est loin d’être terminée !

Former un bureau politique national afin de se conformer à la décision de la justice constatant la fin du mandat de l’ancien ! Tel était, selon M. Sékou Niamé Bathily (secrétaire à la communication et porte parole du parti), l’objectif phare du congrès du Rassemblement pour le Mali (RPM) organisé du 26 au 27 août 2023 au Centre international des conférences de Bamako (CICB).  Un objectif atteint même si le camp opposé au président Tréta dit le contraire après avoir boudé le congrès. Il faut rappeler que, après le comité central du parti du «Tisserand» en décembre 2021, une crise interne a secoué la chapelle politique de feu le président Ibrahim Boubacar Kéita qui a tiré sa révérence le 16 janvier 2022.

Des cadres et responsables mécontents des conclusions du comité central ont attaqué ses décisions devant la justice. Après une  crise interne de plus d’une anné qui a véritablement ralenti​ les activités des «Tisserands», l’arrêt de rejet de la Cour suprême (12 juin 2023) va renvoyer les protagonistes dos-à-dos. Même si chaque camp a son interprétation de cette décision judiciaire, elle a quand même mis en évidence la fin du mandat du bureau politique national du RPM et exigé l’organisation d’un congrès.

C’est ainsi que le 11 juin 2023, les Secrétaires généraux des sections de l’intérieur et de l’extérieur se sont réunis à Bamako pour donner le ton de l’organisation du congrès. Une commission de médiation a été aussi mise en place pour concilier les deux camps alignés derrière Dr Bocary Tréta et Me Baber Gano. Elle était dirigée par l’ancien ministre Ousmane Koné. Après 4 rencontres infructueuses, ladite commission a mis fin à sa mission amenant le président à suspendre les activités. Par la suite et conformément à l’article 30 des statuts (réunir 2/3 des sections pour convoquer un congrès extraordinaire), les sections ont décidé de prendre le taureau par les cornes afin de donner au parti un BPN légal et légitime.

Baber boude, Tréta triomphe

Ainsi, 74 sections sur 95 ont donné leur accord à travers des mandats pour la tenue de ce 1er congrès extraordinaire. Uniquement composée des Secrétaires généraux de sections et dirigée par Boubacar Touré de Niono, une commission générale d’organisation a été mise en place pour relever le défi d’organiser ce 1er congrès extraordinaire du RPM. Durant les deux jours du congrès, selon les organisateurs, les délégués venus de l’intérieur et de l’extérieur ont fait une relecture des textes du parti et ont mis en place un Bureau politique national élargi et dirigé par Dr Bokary Tréta.

La crise-est-elle alors dernière nous ? Pas évident puisque le clan de Me Baber Gano (avec les Mamadou Diarrassouba, Mahamane Baby…) n’y a pas participé. «Ce congrès ne nous concerne pas. Ceux qui sont en train de l’organiser, le font unilatéralement. Nous, nous ne sommes pas concernés», a laissé entendre le secrétaire général sortant du parti Me Baber Gano, joint par nos confrères de «Mali Tribune». Son argument est que le quorum n’a pas été atteint pour convoquer le congrès extraordinaire. Et pourtant, pour les organisateurs, cela est de la mauvaise foi puisque, avec plus de 75 sections favorables, on est largement au-dessus des 2/3 recommandés par l’article 30 des statuts du RPM.

Doit-on maintenant craindre un autre front judiciaire ouvert par Me Baber contre le président reconduit par les congressistes ? C’est une hypothèse à ne pas écarter. Sauf que cette fois-ci, ceux qui ont boycotté le congrès risquent de manquer d’arguments pour plaider leur cause devant les juges. A condition bien sûr que Dr Tréta puisse réellement prouver que leur quorum n’était pas imaginaire, mais une réalité palpable et vérifiable.

En tout cas, à l’ouverture du congrès, il a été annoncé la présence de 44 sections de l’intérieur (sur 62 sections) et 25 (sur 33) de l’extérieur. Et les délégués de 77 (sur 95) sections ont répondu au président de la commission d’organisation. Mathématiquement, cela dépasse de loin les 2/3 (64 sections) demandé dans l’article 30 des statuts pour convoquer un congrès extraordinaire. «C’est la preuve, si besoin en était, que la majorité des Tisserands se sont engagés pour le renouveau», nous a confié un ancien député du RPM après la cérémonie officielle d’ouverture.

Réélu pour un mandat de 5 ans (au lieu de 3 comme c’était encore le cas avant la révision des textes), Dr Bocary Treta a certainement remporté une première manche politique sur ses adversaires que sont Baber Gano, Mamadou Diarrassouba, Mahamane Baby… Mais, est-ce une victoire définitive ? Quelles conclusions ses rivaux vont-ils ​tirer de cela ? Le temps nous édifiera davantage !

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