Le Sénégalais Ousmane Sonko, principal opposant politique au président Macky Sall, a été condamné en juin à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». L’un de ses conseils, l’avocat franco-espagnol Juan Branco, a pris sa défense en dénonçant un complot. Incarcéré, populiste, homophobe… Voici cinq choses à savoir à son sujet avant l’élection présidentielle de 2024.
Décrié à l’étranger, il électrise le Sénégal. Principal adversaire du président Macky Sall, le candidat Ousmane Sonko a été inculpé et écroué le 31 juillet 2023 dans diverses affaires judiciaires, ce qui rend sa candidature impossible à l’élection présidentielle 2024. Des accusations et une décision contestées par ses conseillers, parmi lesquels figure Juan Branco, avocat franco-espagnol de 33 ans, brièvement incarcéré à Dakar pour « complot » puis libéré par les autorités sénégalaises le 7 août dernier, avec ordre d’expulsion vers la France.
Qui est donc ce client pour lequel il s’est retrouvé dans la tourmente ? Voici cinq choses à savoir sur le candidat le plus populaire au Sénégal, le dissident Ousmane Sonko.
1. L’adversaire le plus farouche du président
Candidat déclaré au prochain scrutin présidentiel, Ousmane Sonko, 48 ans, livre un bras de fer acharné avec le pouvoir en place depuis 2021. Il apparaît à ce titre comme l’adversaire politique le plus redoutable de l’actuel président Macky Sall. Il a toutefois été mis en cause dans plusieurs affaires judiciaires qui ont provoqué de graves troubles dans le pays.
En effet, Ousmane Sonko a notamment été accusé de viols et menaces de mort contre une employée d’un salon de beauté où il allait se faire masser entre 2020 et 2021. Ce dernier avait dénoncé sa mise en cause dans cette affaire comme un complot pour l’éliminer politiquement. Celle-ci avait déclenché plusieurs jours d’émeutes meurtrières, de pillages et de destructions, faisant une douzaine de morts en mars 2021.
Le 1er juin 2023, Ousmane Sonko a finalement été acquitté de ces faits de viols présumés mais condamné à la place à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». Une décision qui n’a pas manqué de déclencher, à moins d’un an du scrutin présidentiel, de nouveaux troubles dans le pays. « Je suis persécuté par la justice sénégalaise comme jamais un homme politique n’a été persécuté », dénonçait-il quelques semaines plus tôt sur les réseaux sociaux.
Cet opposant au pouvoir a ensuite été écroué fin juillet sous différents chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’État. Contestant sa condamnation, Ousmane Sonko a entamé une grève de la faim. Un ministre a indiqué qu’il avait été hospitalisé dimanche 6 août et assuré qu’il « se porte mieux ».
3. Un leader très populaire chez les jeunes
Le 3 juillet, le président Macky Sall a finalement annoncé contre toute attente qu’il ne se représenterait pas pour un troisième mandat en 2024. Le candidat Ousmane Sonko, emprisonné, reste quant à lui frappé d’inéligibilité. Diplômé de l’ENA sénégalaise et haut fonctionnaire des impôts, ce dernier acquiert une certaine notoriété après avoir été radié de la fonction publique en 2016. Son tort : avoir dénoncé l’opacité de certains contrats publics, rapporte Le Parisien .
Après avoir été élu député en 2017, il devient à l’âge de 44 ans le plus jeune prétendant à l’élection présidentielle du pays en 2019. Sa marque de fabrique : la critique des élites qu’il juge « corrompues » et « vendues aux intérêts étrangers », rappelle le quotidien francilien. Dénonçant l’emprise qu’exercerait la France en Afrique ou rejetant l’existence du Franc CFA, les discours souverainistes et antisystèmes du populiste lui valent une forte adhésion de la jeunesse, dans un pays où plus de 50 % des Sénégalais ont moins de 20 ans.
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4. « Frères musulmans », peine de mort et homophobie
Partisan invétéré de la peine de mort, Ousmane Sonko est aussi coutumier des saillies homophobes. « La lutte contre l’homosexualité comporte non seulement un aspect religieux, mais surtout un souci de préservation de notre humanité », avait-il écrit sur X (ex-Twitter) le 12 mars 2022. La loi la réprime déjà l’homosexualité d’un à cinq de prison. Une peine qu’Ousmane Sonko souhaite alourdir : « Si je suis élu président du Sénégal, la loi criminalisant l’homosexualité sera l’une des premières que je ferai voter. »
Décrit par l’hebdomadaire Marianne , comme « proche des Frères musulmans », une organisation transnationale islamique sunnite considérée comme terroriste par plusieurs pays, Ousmane Sonko compte notamment parmi ses soutiens l’islamologue suisse Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur de cette organisation. Pour rappel, si le Sénégal est un pays à majorité musulmane, une large part des ses croyants restent affiliés au soufisme, un courant honni et persécuté par les extrémistes musulmans, rappelle La Croix .
5. Soutenu par une partie de la gauche française
En dépit de son programme et de ses convictions affichées, Ousmane Sonko peut se targuer de bénéficier du soutien d’une large frange de la gauche française, rassemblée derrière le leader de La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon.
Après l’avoir assuré de son amitié le chef des Insoumis avait écrit sur X le 31 juillet dernier : « Ousmane Sonko incarne le Sénégal démocratique contre la loi du plus fort et les manipulations judiciaires ».