Duane Davis, chef de gang haut-placé dans les années 1990, a été inculpé pour le meurtre de Tupac Shakur 27 ans après les faits.
Près de trois décennies auront été nécessaires. Fin septembre, 27 ans après le meurtre du rappeur Tupac Shakur sur fond de guerre de gangs, la police de Las Vegas a annoncé l’inculpation de Duane Davis, dit « Keffe D », accusé d’avoir commandité l’assassinat rappeur. Une première comparution du sexagénaire s’est tenue mercredi devant un tribunal de Las Vegas.
« Duane Davis était le commanditaire de ce groupe d’individus qui ont commis ce crime », a déclaré Jason Johansson, lieutenant de la police de Las Vegas, vendredi lors d’une conférence de presse. Il a orchestré le plan qui a été mis en oeuvre pour commettre ce crime. »
Duane Davis avait reconnu de longue date qu’il se trouvait dans la Cadillac blanche d’où ont été tirées les quatre balles qui ont tué Tupac Shakur, le 7 septembre 1996, dans la capitale du jeu. Le rappeur, devenu une icône du mouvement hip-hop, avait 25 ans.
Figure d’un gang
D’après CBS, Duane Davis est né dans la ville de Watts, en Californie, en 1963. Il a grandi à Compton, en banlieue de Los Angeles, élevé parmi ses 11 frères et sœurs par un père ancien marine et une mère décoratrice. Celle-ci est emportée par un cancer du colon en 1980, alors qu’il est âgé de 15 ans. Lui-même a été touché par cette maladie en 2014; il est aujourd’hui en rémission.
Dans son autobiographie sortie en 2019, Compton Street Legend, il raconte comment il s’est engagé auprès des South Side Compton Crips, le gang local, en vendant de la drogue. Il y relate comment cette activité l’a mené à la prison entre 1985 et 1989, et assure que cette expérience a fait de lui un « gangster endurci ». Si bien qu’au moment du meurtre de Tupac Shakur, il était l’un des membres éminents du gang, selon la police de Los Angeles.
Dans ce même ouvrage, Duane Davis raconte qu’il était le conducteur de la voiture depuis laquelle les coups de pistolet fatals à Tupac Shakur ont été tirés.
Acte de vengeance
D’après la police de Las Vegas, qui a donné quelques détails lors d’une conférence de presse vendredi dernier, relayée par USA Today, le rappeur avait assisté ce soir-là à un combat de boxe entre Mike Tyson et Bruce Seldon à l’hôtel-casino MGM Grand.
Tupac Shakur se trouvait en compagnie de Marion Knight, dit Suge, fondateur de son label Death Row Records. Une maison de disques affiliée au gang Mob Piru de Los Angeles, rival des Compton Crips.
Avant de quitter le MGM Grand, Tupac Shakur et Marion Knight auraient repéré Orlando Anderson, dit Baby Lane, membre des Crips et neveu de Duane Davis. Ils l’auraient agressé avant de quitter les lieux; Duane Davis, immédiatement mis au courant, aurait cherché à se venger.
Selon le Los Angeles Times, il se serait mis en quête de membres de Death Row Records, au volant d’une Cadillac blanche avec trois passagers à son bord, dont Orlando Anderson, et aurait jeté un pistolet sur la banquette arrière. Ils sont alors tombés sur une BMW arrêtée à un feu rouge. Tupac, à une fenêtre, saluait des fans.
« Les quelques secondes qui ont suivi se sont déroulées tellement vite », écrit-il dans un extrait de son livre relayé par le quotidien californien. « Les feux d’artifice ont démarré. Un de mes gars installé à l’arrière a attrapé le pistolet et s’est mis à tirer. »
« De profonds remords »
Selon le Los Angeles Times, Duane Davis et Marion Knight sont les seuls témoins vivants de la confrontation. Orlando Anderson, qui niait toute implication, est mort en 1998 dans une autre attaque. C’est lui, d’après Duane Davis, qui tenait le pistolet.
« Je ressens de profonds remords pour ce qui est arrivé à Tupac », écrivait-il en 2019 dans son autobiographie. « Néanmoins, j’insiste sur le fait que Tupac, Suge Knigt et le reste de ces mecs n’avaient pas à s’en prendre à mon neveu adoré, Baby Lane. »
Selon CNN, une perquisition a eu lieu en juillet au domicile de l’épouse de Duane Davis, à Henderson (Nevada), afin de récolter des éléments nécessaires à l’enquête. Le média rapporte que Duane Davis avait avoué sa participation au meurtre en 2009, mais les autorités n’avaient pas pu l’inculper en raison d’un accord selon lequel les informations qu’il donnerait ne pourraient pas être retenues contre lui.