Panel de haut niveau : Regards croisés sur la Réforme du Secteur de la Sécurité en lien avec l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger

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La Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement (CAD-Mali) en collaboration avec JUST FUTURE et CORDAID ont organisé un panel de haut niveau sur Regards croisés sur la Réforme du Secteur de la Sécurité en lien avec l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, le vendredi 23 décembre 2022 dans un hôtel de la place à Bamako.

Ont pris part à ce panel de haut niveau les membres de la société civile, des médias, des FDS, parties signataires de l’APRM décideurs politiques, universitaires etc. Ce panel de haut niveau est de contribuer à améliorer la gouvernance du secteur de la Sécurité et à rendre les prestataires du secteur de la sécurité plus réactifs, plus redevables et plus équitables par rapport aux aspirations prioritaires des communautés en matière de sécurité. En outre, il va permettre aux participantes et participants de :contribuer à l’appropriation du processus de réforme du secteur de la sécurité par les acteurs sociopolitiques, mieux appréhender les concepts et approches de la Réforme du Secteur de la Sécurité ; contribuer à rendre le processus de la RSS plus inclusif, plus efficace et plus efficient à travers une forte implication de la société civile notamment les femmes et les jeunes ; offrir un espace d’échange et de dialogue aux différentes composantes de la société malienne (société civile, médias, FDS, parties signataires de l’APRM décideurs politiques, universitaires, etc.) et en fin de maîtriser les menaces et défis sur le processus national de RSS au Mali.

Il ressort du panel de haut niveau sur Regards croisés sur la Réforme du Secteur de la Sécurité en lien avec l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger que le paysage sécuritaire du Mali a longtemps été dominé par un banditisme urbain, périurbain et transnational croissant, de multiples conflits communautaires, une rébellion récurrente dans le nord du pays, la présence de divers groupes armés, le tout compliqué par les conséquences des aléas climatiques et le problème de l’accès aux ressources naturelles. L’accès à la justice est encore limité dans le pays, en particulier dans la région comme Mopti. L’accès à la justice des femmes et des jeunes est donc limité. En l’absence d’un système formel, les chefs coutumiers et les chefs religieux sont responsables de la justice, mais il y a un manque de cadres clairs et de collaboration entre le système coutumier et formel. Pour des raisons de sécurité, de nombreuses juridictions ont été abandonnées par les magistrats.

La société civile est fragile et non coordonnée, et incapable d’exiger des institutions des comptes pour l’inclusion ou pour la mise en œuvre d’actions visant à renforcer et appliquer les mécanismes existants. Depuis près d’une décennie, le Mali est confronté à une instabilité marquée par une crise multidimensionnelle et l’impunité. Les communautés rencontrent de nombreuses difficultés pour accéder aux services de sécurité et de justice.  La recrudescence des menaces et des attaques aux multiples facettes est en partie liée à la faible collaboration entre les forces de sécurité et les communautés, et entre les forces militaires nationales et internationales.  Les mécanismes endogènes de résolution des conflits ne sont pas développés dans certains endroits, contrairement à d’autres localités comme dans le nord du Mali. Au lieu de cela, les populations locales soutiennent parfois directement les groupes de sécurité endogènes pour se « protéger » en l’absence de services de l’État.

Le Mali a connu de son indépendance à nos jours des phénomènes récurrents des tumultes et des rebellions armées (1963, 1990, 2006, 2012) et des coups d’Etat militaires (1968, 1991, 2012, 2020, 2021 mais aussi deux périlleuses sécheresses (1973 et 1984) ayant eu des graves retentissements sur le développement harmonieux du pays.

En outre, le Mali s’est lancé depuis 2013 dans un vaste processus de réforme de son secteur de la sécurité, conformément à la volonté des autorités politiques et aux engagements pris dans l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger (APRM) signé le 15 Mai 2015 et parachevé le 20 juin 2015 à travers l’élaboration d’une Stratégie Nationale de Réforme du Secteur de la Sécurité. Ce document de stratégie est l’expression d’un cadre intégré de réformes profondes des institutions de défense, de sécurité et de justice avec comme toile de fond la bonne gouvernance dans ces secteurs.

Au regard de la dégradation de la situation sécuritaire au Mali, force est de reconnaitre que les questions de défense et de sécurité constituent les principaux enjeux pour la restauration de la paix et de la sécurité dans le pays dont la mise en œuvre intelligente de l’APRM constitue un segment essentiel. Malgré quelques acquis de l’APRM force est de constater la recrudescence de l’insécurité qui est aujourd’hui source de préoccupation vitale, aussi bien au Nord, au Centre et même au Sud du pays.

Bokoum Abdoul Momini

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