La Ligue malienne des Imams et Erudits pour la solidarité islamique (LIMAMA), a appelé, hier mardi, à Bamako la communauté musulmane à voter contre le projet de texte de la nouvelle Constitution.
Devant la presse, LIMAMA a justifié sa décision par le maintien du mot « laïcité » dans la mouture de la nouvelle Constitution qui devrait être soumise au vote de la population. Cette importante organisation musulmane du pays déplore le silence des autorités suite à sa demande de retrait pur et simple du mot « laïcité » dans la mouture du nouveau texte de la Constitution. « Nous avons demandé que la notion de la laïcité soit remplacée sur toute ses formes dans l’avant-projet de la nouvelle constitution par l’Etat multiconfessionnel qui constitue pour nous le vrai point de départ de la refondation de l’Etat du Mali », explique le secrétaire général de LIMAMA, l’imam Gaoussou Minta, exhortant « tous les musulmans patriotes à voter contre texte lors du référendum prochain ». Selon ce chef religieux, le mot laïcité à une définition à géométrie variable et a toujours été une astuce utilisée par les gouvernants pour cadenasser la ou les religions. Il a dénoncé l’usage que le pouvoir colonial et les régimes du Mali indépendant en ont fait pour gouverner le pays.
Au Mali, depuis la publication de l’avant-projet de la nouvelle constitution les appels de la plus grande confession religieuse (les musulmans près de 90% de la population) à supprimer le mot laïcité. Les plus radicaux appellent à transformer le pays à un Etat islamique arguant que les musulmans représentent la majorité des populations. Certains de ces messages ont fait échos chez les groupes armés terroristes qui sévissent dans le pays. Dans une récente vidéo, l’un des proches du chef de la Katiba du Macina, Amadou Koufa, a exhorté les musulmans à liguer contre l’adoption d’une constitution laïque et à l’éducation occidentale.
L’avant-projet de la nouvelle Constitution dans l’état actuel bénéficie moins de soutien au sein des associations musulmanes et de la classe politique. Plusieurs organisations politiques du pays telles le PARENA, l’ADEMA, les FARE, la CMAS de l’imam Mahmoud Dicko ont appelé le Président de transition, le Colonel Assimi Goïta, a abandonné son projet de doter le Mali d’une nouvelle Constitution. Les politiques ne protestent pas contre le maintien de la « Laïcité » dans le texte mais plutôt contre le manque d’inclusivité dont il ne bénéficie pas. Ces appels ne semblent pas pour l’instant fait fléchir le Colonel Assimi Goïta qui reste déterminer à aller jusqu’au bout de son initiative.