Lutte contre les mauvaises pratiques financières : « La corruption engendre le terrorisme », dixit Moumouni Guindo

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Bamako a abrité du 20 au 22 février 2023 la 2e édition de la Confé­rence sur la corruption en Afrique. Une initiative de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI). Le chef du gouvernement de transition a rappelé que la lutte contre la corruption s’inscrit en bonne place dans le projet de refondation du Mali et qu’aucun effort ne sera économisé pour atteindre les objectifs. Mais, le constat du Malien lambda est que la création d’une panoplie de structures n’a aucun impact sur la lutte contre ces mauvaises pratiques qui ne cessent de prendre de l’ampleur.

Faire de la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite et la délinquance financière une priorité ! C’est sans doute l’engagement commun à tous les régimes qui ont eu à diriger notre pays, y compris pendant les périodes transitoires. A l’image des précédents régimes de l’ère démocratique, les au­torités de la Transition sont «engagées à mener une lutte implacable contre la corruption». C’est ce qu’a en tout cas révélé le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga lors de la cérémonie d’ouverture de la 2e édition de la Confé­rence sur la corruption en Afrique (du 20 au 22 février 2023). Une initiative de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI).

Selon le président de l’Oclei, Moumouni Guindo, la corruption, l’enrichissement des capitaux et toutes les autres formes de délinquance financière sapent le développement socioéconomique, creusent les inégalités, provoquent le terrorisme et, en général, déstabilisent nos Etats et nos sociétés. Toutes choses qui, selon lui, interpellent et incitent à engager une lutte implacable et concertée contre ces fléaux. 

En tout cas, en théorie, le Mali est doté d’un bel arsenal de lutte, de répression des maux qui entravent nos efforts de développement comme la corruption, le blan­chiment d’argent, l’enrichissement illicite, la délinquance financière… N’empêche, ces mauvaises pratiques ne cessent de prendre curieusement de l’ampleur. Un fléau comme la corruption ne cesse par exemple de prendre des formes de plus en plus complexes malgré cette volonté politique sans cesse martelée pour séduire le peuple.

Alors que, comme l’a déploré le président de l’OCLEI, toutes ces mauvaises pratiques sapent «le développement socioéconomique, creusent les iné­galités, provoquent le terrorisme et, en général, déstabilisent nos Etats et nos sociétés». D’où la nécessité et l’urgence d’une «lutte implacable et concertée contre ces fléaux». A écouter le Premier ministre, cet arsenal souffre sans doute d’un problème de coordination et il a invité les structures concernées à «une synergie d’action».

Un avis partagé par le Directeur général du Contrôle gé­néral des Services publics, M. Badra Alou Coulibaly, qui n’a pas manqué de rappeler qu’il n’existe pas de «solution miracle pour lutter contre la corrup­tion et aucun acteur, pris individuel­lement, ne peut réussir». L’OCLEI est-il suffisamment outillé pour alors jouer ce rôle de structure de coordination ? Toujours est-il que l’ambition de cette structure est, selon son président Moumouni Guindo, «d’instituer la conférence internationale de Bama­ko contre la corruption comme un rendez-vous périodique de niveau mondial».

La corruption est un gros problème qui entrave le développement ! Ce point est partagé par l’ensemble des acteurs et des responsables des structures engagées contre les mauvaises pratiques financières. Comment alors efficacement combattre la corruption et les autres fléaux ? C’est cette équation qui résiste encore au temps, à la démagogie politicienne, pardon à la volonté politique… Mais, nous savons tous que promouvoir et imposer la bonne gouvernance est un passage obligé pour espérer un jour la vaincre. Cette gouvernance vertueuse doit s’imposer à tous les secteurs, et prioritairement à la justice sans l’efficacité et l’intégrité de laquelle vouloir vaincre ces mauvaises pratiques financières est du leurre.

«La lutte contre la corruption est de la responsabilité de nous tous car chacun, à son niveau, doit refuser la corruption», a rappelé Abba Niaré, maire de la commune II du district de Ba­mako. En tout cas, la conférence de Bamako (organisée autour de quatre sessions plénières et de douze panels) a été saisie par les participants (80 participants de 35 pays des cinq continents) comme une belle opportunité de renforcer la coopération dans la lutte contre la corruption entre tous les Etats. Ils ont examiné les voies et moyens conduisant vers des approches polyva­lentes contre toutes ces mauvaises pratiques financières qui annihilent nos efforts de développement en poussant chaque jour davantage de citoyens dans la précarité, dans la misère, dans l’enfer de la pauvreté.

Selon les Nations unies, la corruption fait par exemple perdre à l’Afrique 50 à 80 millions de dollars chaque année. Ce qui représente un nombre impressionnant de personnes privées du minimum pour vivre décemment, de communautés ou de localités privées des services sociaux de base, hôpitaux sous-équipés, de jeunes privés d’emplois pour contribuer au développement de leurs pays et réaliser leurs rêves. Ces 50 à 80 millions de dollars continuent à servir à bâtir des îlots de prospérité dans des océans de misère !

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