L’école, le maillon faible de la gouvernance sous la démocratie : L’Etat va-t-il faire de l’école sa priorité ?

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Depuis très longtemps, l’un des sujets les plus controversés, mais aussi l’un des maillons faibles de la gouvernance sous l’ère démocratique reste bien entendu l’éducation.

Le Mali fait  face à une gravissime crise  politico-sociale, voire sécuritaire ce qui rend  le pays  ankylosé et en proie à des multiples grèves et revendications à n’en pas finir. Il est évident que le Mali est en train d’aller à vau-l’eau. En effet l’État, à travers ses institutions, a du mal  à protéger le pays des différentes crises notamment les grèves des élèves et étudiants, celles des enseignants, des magistrats et même des greffiers. Les institutions de l’Etat semblent être en difficulté, ce qui se répercute évidemment sur tous les secteurs de la société malienne. Aujourd’hui nous pouvons affirmer que l’épidémie de grève qui sévit actuellement touche le pays dans ses fondements et compromet dangereusement l’avenir de la nouvelle génération. L’Etat va-t-il enfin prendre le taureau par ses cornes en proposant des solutions durables ?

Le système éducatif du Mali qui était connu pour sa rigueur et envié dans d’autres pays, est maintenant obsolète. L’histoire du Mali est celle d’une grande nation de connaissance et de savoir qui possède un socle culturel commun. Cependant, une des conséquences néfastes de nos politiques de ces trois dernières décennies est la faillite de l’école, qui devrait former nos leaders de demain, des citoyens, mais peine à jouer son rôle. Ces conséquences engendrent un système scolaire coagulant, produisant de plus en plus d’illettrés et d’ignorants, de violence et d’exclusion. Que de temps perdu et d’occasions ratées pour réformer et adapter notre système éducatif à notre monde en changement.

En effet, au profit d’un système éducatif mal privatisé et surtout politisé, les enfants continuent à recevoir une éducation de qualité largement inférieure et ils sont très mal préparés à aborder l’enseignement supérieur ou à entrer sur le marché du travail. Au cours de ces dernières décennies, les écoles privées ont poussé partout et à tous les niveaux, mais nous vivons toujours au gré des crises. Cela devrait nous  interpeller tous.

Face à cette concurrence déloyale entre le privé et le public, une réflexion profonde est nécessaire tant pour bâtir des bonnes politiques éducatives que pour avoir des institutions fortes qui protègent l’Etat et les citoyens.  L’école malienne est en faillite et cela ne date pas d’aujourd’hui. La cause est que l’Etat a démissionné de sa fonction régalienne tout comme la famille de son rôle primitif. Aucun  n’a voulu assurer sa part de responsabilité. En effet, la   responsabilité semble être bien sûr partagée, même si c’est à des degrés différents. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que les élèves et étudiants tout comme les parents d’élèves et enseignants ont eux aussi contribué à la descente aux enfers de l’école malienne. Dont l’image est celle d’une école qui forme des citoyens sans niveau ou des chômeurs chroniques. Pour rappel, cela fait plusieurs années que les grèves estudiantines alternent avec celles des professeurs et des enseignants de tous les ordres d’enseignement à un rythme ininterrompu.

Le sentiment général qui se dégage est celui d’un abandon des pauvres citoyens par l’Etat, qui n’arrive plus à assurer le minimum aux enfants de pauvres. Ces derniers n’étant pas à mesure d’assurer l’éducation de leurs progénitures ou de les inscrire dans les écoles privées, n’ont que leurs yeux pour pleurer ou sont condamnés à rester pauvres. Si le gouvernement se souciait réellement de l’avenir de ces élèves et étudiants, il aurait dû respecter ses engagements vis-à-vis des enseignants et même des élèves. Au lieu de faire de propositions concrètes aux enseignants. Comment comprendre que le Mali étant le troisième pays le plus riche de l’UEMOA, ses enseignants soient  les moins payés. On peut facilement remarquer un manque de volonté de la part du gouvernement du Mali pour  résoudre les problèmes des enseignants.

L’Éducation étant la clé de l’amélioration, de la plénitude et sûrement la clé du développement de la conscience nationale et de la promotion des valeurs de la nation, nous avons donc une obligation morale, mais surtout un devoir civique essentiel, auquel nous ne saurions nous soustraire, à savoir, sauver notre système éducatif. L’éducation au Mali a besoin d’être remise à niveau afin de donner une forte impulsion au développement du pays. Nous devons tous reconnaître l’importance de l’enseignement et de l’apprentissage des connaissances et des compétences et nous focaliser sur l’amélioration du système éducatif.

Le droit de revendications est un droit reconnu à tout travailleur. Il est tout à fait normal que les différents corps de métiers puissent revendiquer leurs droits. Mais ayons suffisamment de courage pour nous regarder nous-mêmes objectivement, assumer la responsabilité de nos erreurs et ensemble, relever les défis difficiles pour mieux préparer l’avenir. Il est alors temps de restaurer la grandeur de notre nation et continuer à la regarder avec fierté.

Assitan DIAKITE

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