Le pouvoir de Macky brocardé dans les médias internationaux

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En décidant de reporter au forceps l’élection présidentielle du 25 février de neuf mois, le Président Macky Sall a réussi à braquer les médias internationaux sur le Sénégal. Et y est vitrifié à mort.La décision du Président Macky Sall de reporter les élections présidentielles du 25 février prochain jusqu’au 15 décembre de la même année a suscité beaucoup de commentaires. Au-delà des médias nationaux, le Sénégal a fait tristement les choux gras de presse

En décidant de reporter au forceps l’élection présidentielle du 25 février de neuf mois, le Président Macky Sall a réussi à braquer les médias internationaux sur le Sénégal. Et y est vitrifié à mort.

La décision du Président Macky Sall de reporter les élections présidentielles du 25 février prochain jusqu’au 15 décembre de la même année a suscité beaucoup de commentaires. Au-delà des médias nationaux, le Sénégal a fait tristement les choux gras de presse étrangère.

Sur le plateau de chaîne française LCI, Yves Thréard, éditorialiste du journal Le Figaro, spécialiste d’Afrique, confie avoir discuté même avec le Président Macky Sall la veille de sa déclaration. «Il (Macky Sall, Ndlr) ne veut pas partir, il m’a dit qu’il a peur que le pouvoir tombe entre les mains des Islamistes», révèle Yves Thréard. «Il y a un candidat extrêmement populaire dont Macky Sall avait peur qu’il remporte les élections. Ousmane Sonko qui est en prison avait désigné son dauphin, Bassirou Diomaye Faye, qui montait considérablement dans les sondages et qui pouvait gagner les élections. Et c’est ça que ne voulait pas Macky Sall», ajoute le journaliste.

Beaucoup de chaines de télévision ont suspendu avant-hier, aussi leur programme pour faire focus sur ce qui se passait au Sénégal. Sur les plateaux de télé les confrères se sont allés à cœur joie sur l’actualité nationale avec des images des manifestations violentes qui tournaient en boucle sur le petit écran et des analyses avec les éditorialistes. Toujours sur la chaîne LCI en bas de l’écran on peut lire : «L’heure du choix : Sénégal, la démocratie en sursis». «Quand vous regardez ce qui devait se passer le 25 février 2024 ça devait être une grande fête démocratique pour élire le 5ème président de la République du Sénégal depuis l’indépendance. Mais le simple fait qu’une enquête reporte la date de l’élection présidentielle, donc indépendamment des motivations des uns et des autres, c’est un recul démocratique. Les africains sont malheureux et déçus dès que leur mécanisme démocratique est grippée», analyse François Clémenceau, éditorialiste international sur le plateau de LCI. Dans son éditorial d’hier, intitulé : «Sénégal : le jeu dangereux de Macky Sall» le journal «Le Monde» souligne que l’annonce, samedi, par le chef de l’Etat sénégalais du report sine die de l’élection présidentielle prévue le 25 février marque «une rupture avec la longue histoire démocratique du pays». «Depuis 1963 au Sénégal, les scrutins présidentiels ont toujours eu lieu à la date prévue», rappelle le quotidien national payant le plus lu en France. «Un président sortant qui se sert de députés pour mettre en cause les juges chargés de valider les candidatures à sa succession… En déclenchant cette crise institutionnelle au mépris de la séparation des pouvoirs, Macky Sall dit vouloir éviter des troubles qu’occasionnerait une future élection contestée. Alors que le pays a les nerfs à vif, du fait de ses manœuvres et d’une opposition de plus en plus radicale, dans un contexte de pauvreté endémique où la jeunesse est laissée sans perspective autre que l’émigration, il risque en réalité de mettre le feu aux poudres», prédit le canard.

Dans son édito d’hier, intitulé : «Le Sénégal et les apprentis sorciers», le directeur de Publication de Jeune Afrique va plus loin. «Avec le report de la présidentielle au 15 décembre 2024, Macky Sall et Karim Wade ont ouvert la boîte de Pandore. Les politiciens du pays prennent visiblement un malin plaisir à jouer avec le feu…», écrit Marwane Ben Yahmed.

Sur «France 24» également les images des éléments de la gendarmerie mobile d’intervention (Gmi) qui évacue de force les députés de la coalition Yewwi Askan Wi qui s’opposaient au vote tournent toujours sur la chaîne française. «Sénégal : le report voté à l’Assemblée nationale, crise d’ampleur à Dakar, l’opposition écartée du vote». Un titre qui continue d’être commenté par les éditorialistes de France 24. Sur son site TV5 après avoir relayé les évènements rappelle la tribune publiée il y a de cela quelques mois par plus de 100 universitaires et personnalités décrivant le président Sall comme le «fossoyeur de la République. La véritable crise, c’est celle qui découlera de cette décision inédite remettant en cause le calendrier électoral et dont il est l’unique initiateur et l’ultime responsable», disaient les signataires repris par le média français à sa Une.

«Sénégal, une démocratie écornée ?», renchérit BBC Afrique. Cette décision du chef de l’Etat a fait aussi l’objet de papiers de commentaire, d’analyse et éditorial sur les sites d’informations des pays voisins. Par exemple Maliactu. Net parle «d’une onde de choc qui a secoué le Sénégal». Cette décision, qualifiée de «“coup d’état constitutionnel” par l’opposition, plonge le pays dans une profonde crise politique», écrivent nos confrères. Il faut dire que même le Sénat n’a pas été en reste. «Le retard de l’élection présidentielle au Sénégal place le pays sur une voie dangereuse vers la dictature et ne doit pas être toléré. Le mépris flagrant du président Macky Sall pour la constitution sénégalaise et son manque de respect pour le soutien du peuple sénégalais à la démocratie sapent des décennies de progrès depuis l’indépendance dans ce qui était autrefois considéré comme l’une des démocraties les plus fiables et les plus dynamiques d’Afrique», martèle le sénateur américain Ben Cardin.

Samba BARRY

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