La perte d’influence occidentale “va crescendo” sur le continent africain, souligne auprès de Sputnik Afrique un responsable d’une association panafricaine. Se rendant compte du fait que l’aide à leur continent n’est qu’un instrument de domination occidentale, les Africains se tournent vers d’autres partenariats, notamment avec les BRICS.
Au Sommet de l’Afrique sur climat, la présidente de la Commission européenne a renouvelé sa promesse d’octroyer 150 milliards d’euros à l’Afrique pour lutter contre le changement climatique. Où en est-il ce soutien? Auprès de Sputnik Afrique, le fondateur de l’association Actions pour la Souveraineté des Peuples (ASP), Abdoulaye Nabaloum, revient sur la nature de toute aide occidentale au développement.
D’après lui, ce type d’aide “est toujours accompagnée de l’endettement de nos États” et représente “un instrument de refinancement de l’Occident”, “d’influence des dirigeants africains” et “de domination de l’Occident sur les peuples et les États africains”.
“L’aide n’est pas conçue pour aider l’Afrique à se développer. […] [Elle] est liée spécifiquement au changement climatique, c’est un moyen, c’est un mécanisme pour les entreprises occidentales de se créer un nouveau revenu ou continuer à refinancer impunément l’Europe et l’Occident à travers les pays africains”, a observé le président de la Confédération des associations et mouvements panafricains de l’Afrique de l’Ouest (CAMPAO).
M.Nabaloum a en outre souligné que “la question du changement climatique ne se pose pas aux pays africains, mais plutôt aux entreprises occidentales qui sont installées en Afrique, qui sont véritablement les causes de ce réchauffement climatique en Afrique”.
Qui plus est, “l’Union européenne est en panne de propositions concrètes qui cadrent avec les besoins des pays africains” et le monde occidental démontre “un déclin […] qui s’accélère avec la guerre en Ukraine et aussi qui s’accélère avec la perte d’influence au niveau du Sahel”.
Et ce, alors que durant un an, l’UE a déjà alloué plus de 77 milliards d’euros à l’Ukraine.
Les BRICS se sont mis “en branle”
Alors que l’Occident jure ses grands dieux qu’il ne vise pas l’extraction de ressources du continent africain, ces dénégations ne trouvent plus écho auprès des jeunes Africains aspirant “à de nouveaux modèles de partenariat”, à savoir avec les BRICS ou via les liens bilatéraux avec la Russie, l’Inde, la Chine, a poursuivi l’expert. Cela, alors que le groupe des cinq s’est mis “en branle pour que le monde occidental, qui avait pour pré carré l’Afrique, commence à revisiter sa façon de collaborer”.
“Aujourd’hui, force est de reconnaître que l’entêtement et la sournoiserie de la France vont affecter durablement les relations entre l’Afrique et le monde occidental. Aujourd’hui, la clairvoyance de la jeunesse africaine voit en cette promesse [de von der Leyen, ndlr] un élément de chantage vis-à-vis des BRICS, mais aussi un maintien de l’influence des pays européens, de l’Union européenne et du monde occidental de façon générale”, a-t-il estimé.
Perte d’influence occidentale
Pour M.Nabaloum, suite à la perte d’influence européenne dans les pays africains, “on est face à une balance déséquilibrée en matière de collaboration et de relations ou de partenariats viables”.
“C’est d’ailleurs cette occasion qui a permis à beaucoup d’Africains […] de comprendre très clairement que le monde occidental ne vise que ses intérêts, les Occidentaux [sont là] pour exploiter impunément les peuples et les nations”.
Et d’ajouter que cette perte d’influence “va crescendo et va s’accélérer encore” et que “cette politique de domination occidentale est en train de connaître sa fin”.