La CIJ examine une plainte accusant Israël de génocide à Gaza

Estimated read time 4 min read

 La Cour internationale de Justice (CIJ) a commencé à examiner jeudi une plainte accusant Israël de génocide à Gaza, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a publiquement rejeté les appels de certains de ses ministres à occuper l’enclave palestinienne de façon permanente.

Alors que la guerre continue de faire rage dans la bande de Gaza, des audiences se tiennent jeudi puis vendredi devant la CIJ, le plus haut organe judiciaire de l’Organisation des Nations unies (Onu), à La Haye.

L’Afrique du Sud a déposé en décembre une requête auprès de l’instance dans laquelle elle estime que la guerre menée par Israël contre les combattants du Hamas à Gaza viole la Convention sur le génocide de 1948.

« Notre opposition au massacre en cours de la population de Gaza nous a poussés, en tant que pays, à saisir la CIJ », a déclaré mercredi le président sud-africain Cyril Ramaphosa au sujet des accusations de génocide, rejetées par Israël et son principal soutien, les États-Unis.

« En tant que peuple ayant goûté aux fruits amers de la dépossession, de la discrimination, du racisme et de la violence d’État, nous sommes clairs : nous nous tiendrons du bon côté de l’histoire », a-t-il ajouté.

Dans son dossier de 84 pages, l’Afrique du Sud affirme qu’Israël commet un génocide en tuant des Palestiniens à Gaza, en leur causant de graves dommages mentaux et corporels et en créant des conditions « calculées pour entraîner leur destruction physique ».

Le traité de 1948 définit le génocide comme « des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».

Les audiences porteront exclusivement sur la requête de l’Afrique du Sud, qui appelle à prendre des mesures d’urgence ordonnant à Israël de suspendre ses opérations militaires à Gaza pendant que la Cour examine l’affaire – un processus qui pourrait prendre des années. La Colombie et le Brésil ont exprimé leur soutien à l’Afrique du Sud mercredi en fin de journée.

LES USA DEMANDENT A ISRAËL DE PROTÉGER LES CIVILS

Israël a lancé son offensive après les attaques menée par le Hamas sur son territoire le 7 octobre.

Une grande partie de la bande Gaza a été dévastée dans cette offensive, qui a fait plus de 23.000 morts côté palestinien, et la plupart des 2,3 millions de Gazaouis ont été déplacés au moins une fois.

Benjamin Netanyahu a, pour la première fois, exprimé publiquement mercredi son opposition aux appels lancés par certains membres de son gouvernement, dont le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, qui demandent que les Palestiniens quittent volontairement Gaza afin que les Israéliens puissent s’y établir.

« Je tiens à ce que certains points soient absolument clairs: Israël n’a pas l’intention d’occuper Gaza de manière permanente ou de déplacer sa population civile », a déclaré Benjamin Netanyahu sur le réseau social X (ex-Twitter).

« Israël combat les terroristes du Hamas, pas la population palestinienne, et nous le faisons en pleine conformité avec le droit international », a-t-il ajouté.

La Jordanie et l’Egypte ont mis en garde Israël mercredi contre toute réoccupation de la bande de Gaza et ont demandé que les habitants ayant été déplacés soient autorisés à rentrer chez eux.

Les Etats-Unis, tout en rejetant les accusations de génocide de l’Afrique du Sud, ont exhorté Israël à faire davantage pour protéger les civils palestiniens.

« Les accusations selon lesquelles Israël commettrait un génocide sont sans fondement », a déclaré le porte-parole du département d’État, Matt Miller, dans un communiqué. « En fait, ce sont ceux qui attaquent violemment Israël qui continuent d’appeler ouvertement à l’anéantissement d’Israël et au meurtre de masse des Juifs. »

Le porte-parole a soutenu le « droit d’Israël à se défendre contre les actes terroristes du Hamas », ajoutant que l’Etat hébreux devait « se conformer au droit humanitaire international » et « chercher davantage de moyens de prévenir les dommages aux civils et d’enquêter sur les allégations crédibles de violations du droit humanitaire international lorsqu’elles sont formulées ».

De son côté, Amnesty International dit ne pas avoir encore déterminé si « la situation à Gaza équivalait à un génocide », mais qu’il existait « des signes d’alerte alarmants, compte tenu de l’ampleur stupéfiante des morts et des destructions ».

(Reportage Mohammed Salem à Rafah, Gaza, Simon Lewis à Ramallah, Nidal al-Mughrabi au Qatar, Dan Williams et Henriette Chacar à Jérusalem, Michelle Nichols à New York, rédigé par Cynthia Osterman; version française Camille Raynaud et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)

Sur le même sujet

+ There are no comments

Add yours