Edito : Le régime transitoire malien est-il aux abois ?

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Enlèvements, séquestrations, intimidations, tortures, saccages des lieux considérés comme symboles de la démocratie et de la liberté d’expression, voici le visage hideux du régime qui gouverne le Mali. De plus en plus vindicatif, de plus en plus agressif et de plus en plus irrité, le pouvoir actuel est véritablement hostile à toute voix discordante et veut réduire en silence toute velléité opposionnelle. Ce qui est aberrant  et qui passe de tout commentaire ce sont tous ces obstacles qui se dressent devant la transition. Les défis  sont de plus en plus nombreux, les attentes de  plus en plus énormes et des tâches de plus en plus délicates à cause des choix politiques opérés par le gouvernement. En dépit de tous ces écueils, qui demeurent sans solutions, certains gouvernants s’adonnent à des pratiques subversives, tendant à détourner l’opinion sur des vrais sujets de préoccupation. Le régime transitoire est véritablement aux abois.

En effet, à court d’arguments et de solutions idoines à proposer face  à la crise sociopolitique, à la crise financière, à la crise sécuritaire, le régime des colonels ne pourrait s’adonner qu’à des telles pratiques d’intimidations car il n’a  pas d’alternatives crédibles aux attentes et préoccupations majeures du peuple malien. Le Mali Koura  promis au peuple malien par les autorités actuelles va-t-il se résumer à des invectives et autres intimidations ? A ce rythme la montagne accouchera d’une souris et les monts et merveilles promis  pour débarrasser le  pays de « 30 ans de mal gouvernance,  de corruption, de népotisme, de souillure morale, d’humiliation et surtout  des pratiques non orthodoxe ne seront que de vains mots.  Le saccage de la Maison de la Presse, symbole de la liberté d’expression,  est un acte ignoble dans un pays considéré, il y a quelques années  comme l’une des démocraties les plus exemplaires.

En effet, acquise de longues luttes avec des sacrifices en vies humaines, la démocratie malienne est en passe d’être confisquée. Elle est malmenée aujourd’hui à tel  point que son pronostic vital semble véritablement engagé.

Sinon comment comprendre que l’on puisse empêcher la tenue d’une conférence de presse d’un regroupement des partis et associations dans un lieu considéré comme le symbole de la liberté d’expression, à savoir la Maison de la Presse. Le tort d’Issa Kaou Djim et de ses compagnons de lutte  est de porter une autre voix différente de celle du prince du jour. Ils ont eu droit à une visite violente, digne de l’époque Nazie. Les images qui ont fait le tour du monde ont créé l’émoi et l’indignation  chez tous les démocrates et adeptes de la liberté d’expression. C’est pourquoi des condamnations et autres dénonciations ont fusé de toutes parts pour fustiger ce genre de comportement indigne d’une époque comme la nôtre. Qu’attend le procureur de la commune 2 pour s’autosaisir du dossier surtout que des visages seraient bien visibles dans les vidéos. La justice est fortement interpelée, elle, dont l’image, est fortement mise en mal. Elle a l’occasion de redorer son blason et de prouver à la face du monde qu’elle est une justice indépendante. Sinon  la violence impliquant la violence va-t-on s’installer à demeure dans la violence au Mali et faire de notre démocratie chèrement acquise, une démocratie en pacotille ?

Quant aux partis politiques, qui ont été nombreux à exprimer leur indignation et leur colère, ce message s’adresse particulièrement à eux, qu’ils soient fervents  soutiens  de la transition ou opposants,  car au-delà des organisateurs de cette conférence de presse, c’est la liberté d’expression, de réunion et d’association qui est menacée.  Ils doivent tous témoigner de leur solidarité aux victimes de cet ignoble acte.

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