Les milliards d’aides envoyés par l’Occident en Afrique peinent à améliorer le sort du continent depuis des décennies. Cet échec s’explique par divers facteurs, détaillés pour Sputnik par le journaliste d’investigation Charles Ortel.
Malgré des centaines de projets humanitaires, la stratégie occidentale d’aide à l’Afrique n’a jamais porté ses fruits. L’une des raisons de cet échec est la distribution de cette manne financière. L’Occident nourrit une défiance par rapport à la corruption et aux acteurs locaux en Afrique, ce qui le force à passer par des ONG, parfois pas si transparents qu’elles ont en l’air, comme l’explique à Sputnik Charles Ortel, analyste de Wall Street et journaliste d’investigation.
L’expert cite en exemple le cas de la Fondation Clinton, très présente en Afrique, suspectée d’avoir manipulé des millions de dollars alloués par la Norvège, pour des résultats très critiquables.
“Personne en Norvège n’est prêt à enquêter ou à poursuivre des responsables norvégiens pour avoir envoyé des sommes importantes à des +organisations caritatives+ de Clinton, qui ont en réalité fait des dégâts substantiels de différentes manières (par exemple en distribuant des médicaments contaminés contre le VIH/SIDA) dans le monde”, souligne ainsi Charles Ortel.
Derrière ces transferts d’États à ONG se cache parfois tout un jeu politique, la Norvège ayant ainsi été accusée de vouloir s’acheter une influence politique en Amérique, via ses dons à la Fondation Clinton.
Le mirage vert
Autre péché mignon occidental qui handicape l’aide à l’Afrique: l’écologie. Les initiatives se multiplient en effet ces dernières années, pour encourager le continent à basculer du côté des énergies vertes, en abandonnant les hydrocarbures.
Un non-sens, qui ne prend pas en compte les réalités africaines, souligne Charles Ortel. L’ambassade de la Norvège en Tanzanie a par exemple récemment encouragé le pays a tiré un trait sur les énergies fossiles, pour passer à un mix d’hydraulique et d’éolien. C’est oublier un peu vite que la Tanzanie est vulnérable aux sécheresses et autres extrêmes climatiques, contrairement à la Norvège qui tire 90% de son électricité des centrales hydroélectriques.
“Dire aux habitants des pays qui ne produisent actuellement pas beaucoup d’électricité […] de se fier à des chimères vertes idiotes et peu fiables pour espérer une croissance attendue depuis longtemps garantit la dévastation et la déprédation de vastes populations”, résume Charles Ortel.
Une approche d’ailleurs critiquée par certains dirigeants africains. Macky Sall, Président du Sénégal, a ainsi déclaré qu’il n’était pas juste d’empêcher les pays africains d’exploiter leurs réserves de gaz et de pétrole.
La Banque européenne d’investissement (BEI) ne semble pourtant pas l’entendre de cette oreille et a récemment cessé de financer tout projet de combustibles fossiles en Afrique, se focalisant sur les projets de décarbonisation et d’accès aux énergies renouvelables.