Jovial, humble, laborieux, disponible : quatre mots qui définissent le mieux Dr Souleymane Diarra. C’est au cours de la cérémonie d’ouverture de l’atelier d’information et de sensibilisation des journalistes sur le cadre d’actions prioritaires (CAP 2025) de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) qu’il a attiré notre attention.
Le jeune Malien de 43 ans est présentement le directeur de la stratégie et de l’évaluation (DSE) de la Commission de l’Uemoa. De par la qualité de son travail, la réussite de ses chantiers et son courage, il a gagné la confiance du président de la Commission Abdoulaye Diop.
Ce dernier l’a nommé le 28 octobre dernier à ce poste très convoité au sein de cette institution, généralement confié à des cadres de très haut niveau.
C’est en 2010 que Dr Souleymane Diarra intègre à la Commission de l’Uemoa en tant que jeune professionnel à l’issue d’un appel à compétitions dans les 8 états membres. «J’ai postulé comme tout le monde étant en France.
Il y avait plus de 2.000 candidatures. On a été deux Maliens à être retenus», se souvient-il. Venu en tant que cadre junior, Dr Souleymane Diarra avait trois années d’internship à faire au sein de la Commission de l’Union sous-régionale. Ainsi faisait-il la rotation entre les différents départements pour acquérir de l’expérience.
Courageux, il gravit vite les échelons pour devenir professionnel économiste et par la suite chef de la division «stratégie, études et prospective». Très apprécié par la hiérarchie, cette consécration ne pouvait que tomber. Le parcours brillant de Dr Souleymane Diarra peut aujourd’hui servir d’exemple à nombre de jeunes en Afrique. Il s’est battu de par son travail pour hisser haut le drapeau malien.
Issu d’une famille de cultivateurs, le jeune cadre est né à Bougoula dans la Commune rurale de Tamani (Cercle de Barouéli, Région de Ségou). Il fréquente l’école fondamentale de Tamani où il obtient son diplôme d’étude fondamentale (DEF) en 1996 en étant major du cercle. Orienté au lycée Technique de Bamako, option maths-technique-économie (MTE), il étudia dans des conditions très difficiles.
Le baccalauréat en poche, il entre en 2004 au prestigieux Centre d’études et de recherche sur le développement international (CERDI), Clermont Ferrand France à l’issue d’un concours international très sélectif: «Connaissant mon courage, des amis m’informèrent de ce concours international. Je me suis donné corps et âme pour le préparer au point que certains me taxaient de fou. Quand j’ai été admis, on m’a accueilli comme un roi à l’ambassade de France au Mali», se souvient-il.
Au CERDI, Dr Diarra effectue des études en économie du développement et obtient un master 2 recherche en économie de développement et un master 2 professionnel en analyse des projets. En 2012, il soutient sa thèse de doctorat au même Centre avec mention très honorable.
Le spécialiste en planification stratégique et en élaboration des documents de programmes et projets a à son actif plusieurs publications dans des revues avec comité de lecture. L’intelligence économique, le management des projets, les finances publiques sont des modules qu’il enseigne dans plusieurs universités du Burkina Faso et du Mali.
La présence de Dr Diarra au sein de l’Uemoa n’a jamais détourné ses pensées vers ses origines : «Chaque année, je vais au Mali dans le cadre du programme Tokten. J’appuie également des structures, des ministères et donne des cours aux jeunes universitaires». Dans son cercle natal de Barouéli, il est connu pour ses actions sur le terrain en faveur du développement local qu’il mène depuis 2010.
Parmi ces actions, nombre d’habitants se souviennent de l’organisation des prix d’excellence entre les élèves, l’appui au lycée de Barouéli, dons de matériels didactiques et de divers documents à de nombreuses écoles du Cercle et des dons de forage à motricité solaire au groupement des femmes de Bougoula.
Avec l’appui du Groupe de soutien aux initiatives de Souleymane Diarra pour le développement (GSIS-Développement), Dr Diarra a entrepris l’année dernière la rédaction d’un document de stratégie de développement intégré des communes rurales de Barouéli. Il invite les jeunes, surtout ceux issus des milieux défavorisés, à persévérer dans ce qu’ils font.
«Dans ma vie, je n’ai jamais été sujet de favoritisme. C’est le travail qui m’a tout donné. J’ai eu à faire des compétitions souvent très dures dans la vie. Je n’ai pas un oncle ou une tante qui a passé un coup de fil pour que je sois là où je suis aujourd’hui», précise le tout nouveau directeur de la stratégie et de l’évaluation de la Commission de l’Uemoa.
Optimiste quant à l’avenir des huit états de l’institution, il estime qu’aucun état de l’Organisation sous-régionale dans l’environnement actuel ne peut évoluer seul. «Notre destin est commun. Je pense qu’on a un avenir qui promet mais à condition qu’on chemine ensemble. Il faut corriger les erreurs, les manquements», analyse Dr Diarra.
Celui qui fut modérateur aux Assises nationales de la refondation, affiche de l’espoir quant il parle du Mali Kura. «Pour avoir ce Mali nouveau, il faut qu’on change. Pas seulement les gouvernants mais chacun de nous à son niveau doit faire des efforts», conseille-t-il, saluant l’engagement du président de la Transition.
Conscient des défis qui l’attendent à ce poste, il compte mettre les bouchées doubles pour sortir la tête haute.
Son collaborateur, Yawo Ayissou, coordonnateur de la gestion des risques, n’a aucun doute quant à l’atteinte des objectifs à lui assignés. «Dr Diarra a les capacités. C’est un homme qui ne coure pas après les nominations mais après le travail. Sur le plan professionnel, il a une bonne assise intellectuelle et c’est un homme de dossiers qui possède des dossiers relativement à la stratégie, à la vision. Sur le plan humain, Dr Diarra est un homme franc, disponible», confie-t-il.
Aminata Dindi SISSOKO (AMAP-Ségou)