Mobilisons-nous pour accueillir les petits et les grands «garibous» dans des familles qui peuvent les recevoir. La pitié et la solidarité sont fortement ancrées chez les Maliens. Ayons pitié, soyons solidaires avec les jeunes «garibous» qui errent dans les rues de notre capitale. Quand vous êtes à pied, ils viennent à votre rencontre, à petits pas traînants. Ils sont mal habillés et le plus souvent ils sont pieds nus.
Au moment où vous les croisez, ils tendent la main et murmurent «donne la charité à Allah et à son prophète Mohamed» (Paix et salut sur lui). La chance leur sourit ou non, car peu de passants laissent tomber une pièce dans la petite main tendue. Ils ne s’en offusquent pas. Ils ont appris très vite que dans la rue le souvenir lointain de la caresse de maman et de papa sur leur front, au moment de la séparation les protège, les aguerrit contre les déceptions.
Nul ne peut oublier leur regard plein de tristesse et de souffrance figées. Sans prétention, la pitié, la solidarité que je ressens pour les petits « garibous » et leurs parents, errant sur les avenues, se mue vite en révolte contre une société qui refuse de leur garantir la dignité, en les réunissant dans des abris salubres dans chaque quartier de Bamako. La volonté ne manque-t-elle pas aux autorités ? Ne dit-on pas que «celui qui veut, peut ?».
Le sourire franc des parents au moment où leurs enfants les quittent ; pour aller quémander à travers les quartiers, les marchés, est une incantation muette à Dieu : «Que le TOUT-PUISSANT fasse que ma fille ou mon garçon revienne auprès de moi, sain et sauf, après la journée quotidienne des âmes charitables».
Les petits garibous et les mendiants adultes sont des milliers dans notre capitale. Qui va les accueillir, les regrouper dans des maisons de Dieu et les sortir des rues ? Ainsi, ils ne seront plus exposés à tous les dangers de la circulation routière.
Le ministère des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes ne peut-il pas déclencher une opération «pitié et solidarité envers les petits et les grands garibous» ? Depuis des siècles, les coutumes de toutes les ethnies de notre pays prônent de partager le gîte, la nourriture avec les familles déplacées de leur site par la famine, la guerre, une catastrophe. Les orphelins sont accueillis dans toutes les familles des villages hôtes.
Pourquoi la magie, la puissance de nos coutumes n’agissent plus en faveur de certains déplacés devenus mendiants et de leurs enfants, pour cause de guerre ? À l’orée du Ramadan 2023, les universités maliennes, les associations de solidarité, les collectifs d’imams, les partis politiques sont invités à réfléchir sur cette question. Notre histoire, notre morale, nos valeurs culturelles nous obligent à nous consacrer à ce devoir de solidarité.
Sékou Oumar DOUMBIA