Avis d’expert : pourquoi beaucoup de jeunes Africains détestent la France

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«A bas la France», scandaient des milliers de partisans du régime militaire issu du coup d’Etat du 26 juillet dernier au Niger. Ces derniers étaient rassemblés ce vendredi 11 août près de la base militaire française, à Niamey. Le constat a été fait par des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).
 
Une nouvelle démonstration du sentiment anti-français qui fait recette depuis quelques années dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Secrétaire permanent du Rapport alternatif sur l’Afrique (Rasa), Dr Cheikh Guèye, repris par Le Quotidien, estime que  «c’est la politique française qui est (ainsi) rejetée plus que la France en tant que pays et (les Français) en tant que peuple».
 
Le chercheur, étayant son argumentaire, ajoute : «Le sentiment anti-français est surtout un sentiment anti-impérialiste et anticolonial auxquels les jeunes Africains du 21e siècle se reconnaissent et se réincarnent en se reconnectant aux luttes des pères de nos indépendances.»
 
Le géographe parle d’une «tendance lourde qui sera très difficile à inverser».
 
Listant les reproches faits à Paris, Dr Guèye soutient que les jeunes «inondés par l’information sur la marche des pays, exigent des ruptures profondes et sincères».
 
Autre grief fait à la France : celui «de continuer de choisir ou contrôler les pouvoirs africains, de tolérer les coups d’État institutionnels selon ses intérêts, d’être trop présente avec ses bases militaires et son interventionnisme excessif, de fermer ses frontières à l’émigration et d’être oublieuse des méfaits de sa politique coloniale et de l’ingratitude au regard des efforts des tirailleurs africains pour sa libération, etc.». 
 
À travers la destruction et le pillage des enseignes françaises lors des «manifestations violentes au Burkina Faso, au Mali ou encore au Sénégal», Dr Guèye perçoit une volonté des manifestants de «montrer du doigt le pays qui leur pose problème».
 
Le secrétaire permanent du Rasa souligne que «la situation au Sahel et l’échec de la stratégie du tout-sécuritaire dans la lutte contre le djihadisme» n’ont fait que creuser davantage le fossé entre les jeunesses du continent et la France. Ajoutant que Paris subit aussi les contrecoups des «offensives des autres pays qui offrent aux (États) africains francophones la possibilité de diversifier les partenariats».

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