Notre vaillante armée se battra jusqu’au dernier souffle pour défendre l’intégrité de notre chère patrie, qui est une et indivisible
, a claironné le communiqué lu par un officier mardi à la télévision nationale. L’armée malienne n’a jamais digéré sa défaite de 2012, lorsque les Touaregs, alliés à des groupes djihadistes, l’ont chassée du nord du pays et mise en déroute au point de déclencher l’intervention militaire de la France.
Les accords de paix, signés à Alger en 2015, avaient permis de défaire l’alliance de circonstance entre Touaregs et djihadistes et d’instaurer un cessez-le-feu dans l’Azawad, le nom touareg du nord du Mali. Mais le fond des accords, qui prévoyaient une autonomie accrue dans un pays réunifié et une intégration des combattants rebelles dans l’armée nationale, n’a jamais été mis en œuvre. L’offensive lancée par Bamako les enterre définitivement.
Une aubaine pour les djihadistes
Les escarmouches entre l’armée et la CMA ont en fait commencé en août et sont allées crescendo. À mesure du retrait des Casques bleus de la Minusma, l’armée entend occuper le terrain, ce que refuse la CMA.
La junte a désespérément besoin d’une victoire, elle qui a justifié son coup d’État par l’incapacité du pouvoir à venir à bout des djihadistes et à rétablir la souveraineté de Bamako sur l’ensemble du Mali. Le départ forcé des soldats français, remplacé par des mercenaires russes de Wagner, n’a eu aucun effet. Au contraire, les groupes djihadistes ne cessent de gagner du terrain dans le centre-ouest du pays.
Les camps de l’armée y sont régulièrement attaqués, voire occupés. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à al-Qaïda, a même placé la ville de Tombouctou sous blocus.
Le pire scénario serait que l’offensive contre les Touaregs de la CMA les rapproche de nouveau des groupes djihadistes, en tout cas du GSIM. Depuis cet été, le GSIM et la CMA, qui se sont parfois durement affrontés ces dernières années, semblent éviter la confrontation.