Au Cameroun, une démission de Samuel Eto’o cousue de fil blanc ?

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Après la défaite de la sélection camerounaise à la Coupe d’Afrique des nations, le président de la Fédération camerounaise de football a proposé de quitter son poste. Le comité exécutif lui a renouvelé sa confiance.

La sphère footballistique contemporaine mime à ce point les intrigues de pouvoir qu’elle en emprunte le cha-cha-cha politicien. Dans la panoplie du trompe-l’œil politique figure le vrai-faux départ, souvent mis en scène par un chef de gouvernement en mal de relégitimation présidentielle. Dans le foot camerounais, la récente tentative de démission du président de la Fédération semble appartenir à ce registre.

C’est dans un communiqué que l’instance faîtière du ballon rond a annoncé que Samuel Eto’o avait présenté sa démission, ce lundi 5 février, lors d’une réunion à Yaoundé. Bravache, l’ancien attaquant du FC Barcelone aurait même demandé au Comité exécutif de rendre son tablier en même temps que lui, « en toute âme et conscience ». Scène de théâtre préméditée ou pas ? C’est à l’unanimité que le « Comex » a refusé de se saborder, rejetant « la démission du président de la Fédération camerounaise de football [Fecafoot], en lui renouvelant toute sa confiance ».

Et de caresser dans le sens du poil l’ancienne star du ballon rond en l’invitant à « continuer dans le même élan, le travail de reconstruction et de développement du football Camerounais, de la base au sommet », ainsi qu’il le promettait tandis qu’il briguait la présidence de la fédération, en 2021.

Une CAN décevante pour le Cameroun

À l’origine de ce projet de jet d’éponge, l’élimination des Lions indomptables, 0 à 2 face au Nigeria, en huitième de finale de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui se tient actuellement en Côte d’Ivoire.

S’il est vrai que le Cameroun avait atteint le podium en 2021, sur son propre territoire, des débâcles sportives plus spectaculaires conduisent généralement au sacrifice des sélectionneurs sur l’autel de la grogne populaire. Si le renouvellement de la confiance à Samuel Eto’o était cousue de fil blanc, l’épisode de la démission avait-il pour objectif de récupérer une virginité, après quelques autres polémiques ?

Récemment, Samuel Eto’o a été soupçonné d’être en cheville avec le corps arbitral en vue de favoriser la montée de certains clubs en première division. En juillet, l’Association des clubs de football amateur camerounaise (ACFAC) avait aussi appelé à la démission du quadruple vainqueur du Ballon d’Or africain.

Depuis le début de son mandat, diverses plaintes contre lui et la Fecafoot ont formulé des allégations de manque de transparence financière et d’autres irrégularités. Des accusations que la Confédération africaine de football (CAF) qualifiera, en août 2023, de suffisamment « sérieuses à première vue » pour envisager une enquête, « conformément aux statuts et règlements de la CAF ».

Il est clair que les batailles de leadership internes au football camerounais n’ont pas commencé sous Samuel Eto’o. Il est tout aussi connu que l’ancien attaquant n’est pas du genre à rendre les armes lorsqu’il est attaqué. Son récent dépôt de démission apparaît donc comme une manière de « devancer l’iguane dans l’eau ». Et de tourner rapidement la page d’une CAN décevante.

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