Annulation de la visite du PM a Ansongo et Bourem : Les « mauvais » conseils du Gouverneur de Gao à Choguel Kokalla Maïga

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Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, accompagné d’une forte délégation, a effectué une visite à Gao du 17 au 20 février 2023. Le chef du gouvernement de transition était aussi attendu dans les cercles de Bourem et Ansongo. Mais, ces deux étapes ont été annulées à la dernière minute. Une décision qui divise les Maliens.

Fortement mobilisées pour réserver un accueil chaleureux à la délégation, les populations de Bourem et Ansongo (deux cercles de la région de Gao) ont vu leur espoir de voir le Premier Choguel s’envoler. L’annulation de ces deux étapes aussi importantes de celle de Gao a fait jaser au niveau de la région. Ils sont ainsi nombreux à avoir exprimé sur la toile leur consternation par rapport à cette décision de l’annulation de la visite de Choguel Maïga chez lui, à Ansongo et à Bourem localités situées respectivement à 100 km et 95 km de Gao. Selon Choguel Maïga, c’est le Gouverneur de Gao, Général Moussa Traoré qui lui a conseillé de ne pas effectuer les déplacements à Bourem et Ansongo pour raison de sécurité. Cette indication du Gouverneur a attisé la colère des autorités de ces deux localités que le Premier ministre n’a pas pu visiter.

Souhaitées par tous pour montrer au monde entier l’amélioration de la situation sécuritaire au Mali, l’annulation de ces deux étapes va donc longtemps alimenter les débats. Pour certains, cette marche en arrière est un coup dur qui prouve que la souveraineté retrouvée chantée partout reste encore un rêve qu’il faut matérialiser. D’autres soutiennent cependant que ce retournement est une décision sage qui nous évite une probable humiliation vu que la délégation est composée de hauts représentants de l’Etat. Ils rappellent le drame qui a suivi la visite forcée du Premier Moussa Mara à Kidal le 17 mai 2014.

Ayant plus écouté son égo que les conseils de la hiérarchie militaire, le chef du gouvernement de l’époque et sa délégation se sont retrouvés au cœur d’affrontements sanglants entre soldats maliens et groupes armés. Un scénario aujourd’hui prévisible encore dans des zones du septentrion comme Ménaka et Ansongo. «Malgré les opérations des Forces armées maliennes (FAMa), ces zones sont encore sous le  contrôle de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Ce réseau affilié à l’Etat islamique s’y bat contre le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali pour le contrôle de la partie malienne de la zone des Trois Frontières», a confié un consultant indépendant et chroniqueur politique  à l’agence Xinhua (Chine Nouvelle).

«Le déplacement du Premier ministre était donc assez risqué. Cette visite allait obliger la hiérarchie militaire à dégarnir d’autres fronts pour sa sécurité dans une zone presque impossible à contrôler en cas d’attaque terroriste d’envergure», a-t-il ajouté. Pour ce consultant, renoncer à aller à Ansongo pour des raisons de sécurité est par contre «un cinglant revers politique pour le Premier ministre compte tenu de ses récentes déclarations sur la sécurité, sur la montée en puissance des FAMa». Il fait sans doute référence aux propos tenus par le Premier ministre lors du lancement officiel de la Journée nationale de la souveraineté retrouvée.

«Aujourd’hui, il n’y a pas de portion du territoire malien où l’armée malienne ne peut pas aller. Ce n’était pas le cas avant la transition. Donc on a retrouvé l’entièreté de notre territoire national», avait en effet déclaré Dr Choguel Kokalla Maïga le 14 janvier dernier au lycée technique de Bamako. En tout cas, il convient de jouer la prudence car les mauvais souvenirs ne manquent pas dans ce sens. On se rappelle aussi de l’enlèvement du chef de file de l’opposition politique, feu Soumaïla Cissé, en campagne dans le cercle de Niafunké, région de Tombouctou.

Rappelons que la forte délégation du Premier ministre est composée de plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de Refondation ; Ibrahim Ikassa Maïga ; celui de l’action humanitaire et des déplacés, Oumarou Diarra ; ainsi que des membres du Conseil national de transition (CNT).

Oumar Alpha

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