Des milliers de migrants, en majorité d’Afrique de l’Ouest, sont coincés à la frontière entre l’Algérie et le Niger, en plein désert, dans des conditions catastrophiques. Les ONG et l’Onu sont débordées.
Surnommé « Point zéro », un poste marque la frontière entre le Niger et l’Algérie, sur la route entre Agadez et Tamanrasset, en plein cœur du Sahara. C’est là que les forces de sécurité algériennes relâchent
les immigrants illégaux qu’elles ont interceptés, mais aussi des Africains en situation irrégulière raflés à Alger ou sur la côte, transférés dans un centre à Tamanrasset puis acheminés jusqu’au Point zéro.
Les relâchés
doivent le plus souvent parcourir 15 km à pied pour rejoindre la petite bourgade nigérienne d’Assamaka (1 500 habitants). Parfois en pleine nuit, sans eau, sans nourriture, sans rien en fait puisque la grande majorité des témoignages rapportent que ces migrants sont dépouillés par les militaires algériens. À Assamaka, se trouvent les premiers secours, notamment un centre de transit de l’Omi, l’agence de l’Onu en charge des migrants, et plusieurs ONG internationales comme Médecins sans frontières.Onu et ONG sont aujourd’hui totalement débordées par un afflux massif. Dans cette prison sans autres barrières que le désert, près de 5 000 migrants, en majorité Africains, mais aussi Bangladais ou Syriens, s’entassent dans des conditions catastrophiques. Sur place, un journaliste de l’AFP a décrit des gens affamés, qui se battent pour se nourrir et que la police nigérienne est contrainte de disperser à coups de gaz lacrymogènes.
Dans un communiqué, MSF ajoute que des personnes cherchent à s’abriter de la chaleur qui peut atteindre 48 °C »,
peuvent dormir dans des tentes de fortune, devant la maternité, sur le toit ou dans la zone de déchets
, où elles s’exposent à des risques sanitaires tels que les maladies contagieuses et les infections cutanées
. La gale fait des ravages.
Les 1 500 habitants d’Assamaka vivent de plus en mal la situation. Ils sont partout dans le village, vers le centre de santé, sous les murs […] Ils volent les animaux de la population pour les égorger. Ce n’est pas parce que ce sont des voleurs, mais quand le ventre a faim…
rapporte François Ibrahim, représentant de l’ONG locale Alarme Phone Sahara, qui vient en aide aux exilés dans la région.
Le Niger incapable de faire face
La route d’Agadez est devenue un axe majeur des migrations Sud-Nord pour les candidats à l’Europe, celles habituelles passant par le Mali étant devenues très compliquées à cause des affrontements avec les groupes armés djihadistes.
Le Niger, l’un des pays les plus pauvres au monde, n’a pas les moyens de faire face. Vendredi 24 mars, 606 personnes ont été refoulées par les autorités algériennes, selon Alarme Phone Sahara. Deux jours plus tard, 671 autres migrants sont arrivés, dont des femmes et des enfants.