7 mars 2006-7 mars 2023 ! Cela fait 17 ans que le bluesman du désert, l’emblématique Ali Farka Touré, s’est éclipsé de la scène ! Né le 31 octobre 1939 à Kanau, Ali est décédé le 7 mars 2006 à Bamako des suites d’un cancer. Musicien/chanteur malien, Ali reste l’une des figures musicales les plus importantes d’Afrique avec au moins 3 Grammy Awards à son palmarès. «L’Occident n’a que les feuilles du blues car ses racines sont en Afrique», nous disait-il souvent dans nos fréquents entretiens. A l’occasion du 17e anniversaire de la disparition de «Monsieur le Maire» de Niafunké, nous vous proposons l’hommage que lui a rendu le doyen El Hadj Tiégoum Boubèye Maïga.
Je pense que nous ne réalisons pas encore ce qui nous arriva en 1995, ce qui arrivait à la culture malienne, à la culture africaine. Avec son album «Talking Timbuktu», Ali Farka Touré s’installait sur le toit du monde de la musique (et avec lui le Mali) en remportant le Grammy Awards du «Meilleur album» de la musique traditionnelle. Il n’était pas seulement le premier Malien ou le premier Africain à atteindre ce niveau avec le Grammy Awards, Ali était tout simplement le premier non américain (c’est ce qui avait été dit à l’époque et ça n’avait pas été démenti encore). Après, il enchaîna deux autres Grammy en 2006 et en 2011 après son décès, suprême pied à la mort.
Ali est mort presque en chantant. Même malade et presque impotent, je suis persuadé qu’il chantait en riant. Le rire était sa deuxième guitare. Il savait rire, Ali. Il riait à gorge déployée. Il avait un rire contagieux. Il avait un rire qui sonnait plus fort que son Njarka. Ali était altruiste. Il vivait pour les autres. Il voulait que tout le monde soit à son image, joyeux et heureux. Il ne se sentait qu’en aidant les autres, en contribuant à les rendre heureux. Ali était un virtuose de la guitare. Il est classé 71e par Rolling Stone et 37e par Spin dans leur liste des 100 meilleurs guitaristes de tous les temps.
Ali a aimé les autres artistes. Il a aidé les autres artistes. Oumou Sangaré en est un exemple ; Toumani Diabaté en est un autre. Ali savait aimer ses frères. Ali savait aimer ses amis. Ali aimait son terroir. Ali aimait la paix. Il a chanté la paix dans presque toutes nos langues. En effet, Ali était un parfait polyglotte parlant aussi bien en peulh qu’en tamasheq ou en bambara ou en sonrhaï.
Monter sur le toit du monde ne lui a jamais fait perdre la tête. Il avait la tête dans les étoiles et les pieds à Niafunké. Cela fait 17 ans qu’il est parti. Ali le Grand s’est couché. Ali le Premier s’est couché, mais il a ouvert la voie des Grammy Awards aux Maliens, aux Africains et aux autres non Américains.
Merci à Vieux Farka de tenir le flambeau. Merci à Afel Bocoum de perpétuer les sonorités et le blues d’Ali. Merci à Diadié Sankaré pour la fraternité, pour la présence effective, pour le soutien moral. Merci Aly Guindo, premier président de la Fondation Ali Farka Touré.
Repose en paix, Ali. De là où tu es, certainement parmi les bienheureux, intercède pour nous, pour le pays auprès de Dieu pour que la paix revienne au Mali !