La Classe politique malienne est désormais taxée de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure. Qualifiée de corrompue et d’incapable, par Emmanuel Macron, vilipendée par l’opinion publique, source de tous les maux et surtout de l’effondrement du Mali selon la junte militaire et ses partisans, l’heure a vraiment sonné pour la classe politique de faire sa mue afin de redorer son blason. Le temps de la clarification et du bilan s’impose après plus de 30 ans de démocratie. Elle est fortement interpellée pour non seulement faire son introspection, mais aussi et surtout diagnostiquer les maux et d’y apporter des solutions idoines. Est-elle capable de faire son mea culpa ? L’opinion n’a-t-elle pas raison de prononcer une sentence, la plus critique au regard des bourdes et autres manquements aux principes de la bonne gouvernance qui avaient pignon sur rue sous l’ère démocratique?
Le discours du Président Français Emmanuel Macron, dans lequel il a qualifié la classe politique malienne d’avoir échoué à redresser son pays, a non seulement renforcé les tenants actuels du pouvoir dans leur sévère jugement sur la classe politique malienne, mais aussi et surtout il a été un véritable pavé dans la marre d’une certaine opinion nationale et même internationale qui pense à tort ou à raison que les hommes politiques sont à la base de la chaotique situation dans laquelle se trouve le Mali. Le tableau est si noir, selon certains, que cette affirmation a réconforté les détracteurs des hommes politiques maliens au point qu’elle a été reprise en boucles sur les réseaux sociaux et dans beaucoup de médias.
L’opinion n’a-t-elle pas raison de prononcer une sentence, la plus critique au regard des bourdes et autres manquements aux principes de la bonne gouvernance sous l’ère démocratique?
Pour rappel, de l’avènement de la démocratie multi partisane, en 91 jusqu’au premier coup d’arrêt un 22 mars 2012, le Mali n’est jamais sorti de la zone de turbulence et la gouvernance n’a jamais été vertueuse. Corruption, népotisme, affairisme, malversation, favoritisme, la liste de qualificatifs est loin d’être exhaustive, ce sont là les caractéristiques principales de la gouvernance sous les démocrates. En effet, des cadres venus de nulle part se sont fait des milliards en un temps record. Le faussé qui sépare riches et bas peuple s’est tellement creusé qu’il était devenu immense. C’est dans cette atmosphère délétère, de paupérisation, de corruption à ciel d’insécurité généralisée avec son lot de tuerie, qu’une insurrection militaire a balayé un régime déjà à bout de souffle qui est celui d’ATT, à quelques mois des élections qui devraient consacrer la fin du deuxième et dernier mandat d’ATT. Quatorze mois après une transition pleine de rebondissements et d’événements malheurs, le Mali a retrouvé sa normalité constitutionnelle avec l’élection au relent de plébiscite, d’IBK en 2013. Qu’il soit dit en passant, jamais une élection présidentielle n’a mobilisé autant d’électeurs que celle d’IBK. Et cela dans l’espoir d’être la solution aux multiples problèmes auxquels le Mali est confronté.
La déception a été si grande et la désillusion si forte que deux ans après sa controversée réélection pour son second mandat, son régime a été également balayé par un soulèvement populaire parachevé par une partie de l’armée. Pour rappel tous les maux que l’on reprochait au régime d’ATT se sont exacerbés sous IBK. Pire la République était prise en otage par la famille d’IBK en complicité avec les hommes politiques véreux, préoccupés seulement par leurs intérêts égoïstes. C’est un peuple trahi par sa classe politique qui a applaudi les militaires qui se sont emparés du pouvoir. Ces derniers sont-ils en train de mieux faire que les hommes politiques ? Les maux qui ont été à la base de la chute des deux régimes civils ont-ils été endigués ? En attendant la réponse à ces deux questions, c’est une véritable traversée du désert de la classe politique, qui est plus que jamais appelée à faire d’abord son mea maxima culpa, ensuite sa mue et enfin se réconcilier avec son peuple.