« …Il faut clairement rappeler à tous ceux qui pensent, pour une raison ou une autre, que la reprise des hostilités entre des mouvements armés et le Gouvernement qui tournerait inéluctablement à la faveur des Famas serait aujourd’hui la voie idéale pour régler définitivement le problème dit du nord du Mali est à la fois illusoire et suicidaire pour l’unique raison que c’est tout l’équilibre social et territorial de notre pays qui serait cette fois complètement brisé ». Voilà un extrait de la tribune intitulée : « Sur le nord du Mali. Encore une fois, faisons attention et soyons attentifs », du Président du Mouvement Tabalé, Fabou Kanté.
Notre pays est entrain de devenir le potentiel lieu de confrontations des grandes puissances économiques et militaires internationales sans que nous ayons élaboré une véritable stratégie sociopolitique souveraine fiable et viable pour être maître des initiatives ou à défaut rester au cœur des décisions. C’est très inquiétant.
L’appréciation objective de la géostratégie endogène du nord du Mali peut éviter à notre pays d’être pris en tenaille entre des forces dont les batailles risquent de nous réduire en de simples pions de jeu de dame.
La dégradation du climat sécuritaire dans le nord du Mali et l’extrême détérioration des rapports entre le Gouvernement et les mouvements signataires de l’accord d’Alger sont en passe d’être le détonateur de la guerre des titans chez nous. D’ores et déjà, il faut clairement rappeler à tous ceux qui pensent, pour une raison ou une autre, que la reprise des hostilités entre des mouvements armés et le Gouvernement qui tournerait inéluctablement à la faveur des Famas serait aujourd’hui la voie idéale pour régler définitivement le problème dit du nord du Mali est à la fois illusoire et suicidaire pour l’unique raison que c’est tout l’équilibre social et territorial de notre pays qui serait cette fois complètement brisé.
S’il y a aujourd’hui un rang dans lequel la quasi-totalité des mouvements armés du nord du Mali (CMA-PLATE-FORME) est aligné, c’est bel et bien leur volonté ferme pour l’application des accords d’Alger. La problématique dudit accord est devenue la brèche par laquelle le Mali est exposé à tous les dangers.
La radicalisation des différentes positions, les propos imbibés de haine motivés souvent par des désirs de règlements de comptes, les attitudes vindicatives, les analyses infondées et subjectives sur l’accord, la propagande et les manipulations, l’instrumentalisation de l’accord à des fins inavouées, la crise de confiance entre les acteurs, les procès d’intentions et les suspicions… voici en ce moment délicat de la vie de la nation notre tableau social qui nous situe malheureusement à quelques encablures du précipice collectif.
Ceux (civils et militaires) qui ont été obligés de gré ou de force d’abandonner leur projet indépendantiste et séparatiste en 2012 sous des pressions familiales, tribales, communautaires, nationales et internationales sont pratiquement adulés aujourd’hui et rappellent à toutes les occasions à leurs compagnons, familles et communautés que l’histoire vient de leur donner raison pour avoir prédit, qu’à l’instar des accords passés entre rebelles et Gouvernement maliens, ce dernier ne tiendra encore pas à ses engagements malgré la caution morale de la communauté internationale.
Ont-ils raison ? Les garants de l’accord ont-ils pleinement joué leur rôle ? L’Etat a t-il été correct dans la démarche ? Les mouvements armés ont-ils été irréprochables sur toute la ligne ? Je ne juge rien et n’apprécie rien. Je reste factuel dans mes analyses et fonde mes réflexions sur les réalités du terrain. Ce qui est incontestable, c’est que les affrontements sont imminents et tout le monde se prépare bien à cela, en tout cas, dans le nord du Mali.
Ressaisissons-nous car nous allons droit au mur.
La bonne nouvelle, est qu’il y a des solutions dont la plus simple et la plus efficace est le DIALOGUE. Il nous faut dialoguer, encore dialoguer et toujours dialoguer. Que le gouvernement s’inscrive dans la voie du dialogue, qu’il en soit ainsi pour l’ensemble des mouvements et groupes armés, de la société civile, des personnes ressources, des religieux, des légitimités traditionnelles, de tous les maliens et des amis sincères du Mali. Je vous assure qu’il n’y a pas d’autre alternative, en tout cas, qui va dans le sens de nos intérêts. Sachons défendre les nôtres comme les autres savent bien défendre les leurs même à nos douleurs.
Ce qui est certain, c’est la seule option prônée par le Mouvement Tabalé et ses partenaires et nous y travaillons.
*Président du Mouvement Tabalé.
Fabou KANTÉ*