Entre Nous : Les limites de Bamako ?

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Le 08 février dernier, s’est tenue au stade Mano Dayok de Kidal une cérémonie de signature de déclaration de fusion politique entre le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Ces trois entités qui cheminent ensemble au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ont jeté les bases de la création d’un seul mouvement.

Le même jour, le Conseil des ministres a procédé à un chamboulement de la chaîne de commandement militaire avec de nouvelles nominations. Le Chef d’état-major de l’Armée de terre, celui de la Garde nationale, le Directeur général de la gendarmerie, le Directeur de la sécurité militaire, le Directeur central des services de santé des Armées et le Directeur du Génie militaire ont cédé leurs fauteuils à d’autres officiers. Le Président de la Transition a annoncé dans son adresse à la nation à l’occasion du 20 janvier le lancement de l’opération militaire Tilé Kura « nouveau soleil ».

48 heures avant, le Général Gamou, figure importante de la communauté des Imghad a appelé dans une vidéo à l’apaisement. Il a souligné que le bras de fer n’est pas dans l’intérêt des populations déjà meurtries par les conséquences dramatiques de la situation sécuritaire. « Une guerre entre Maliens ne nous grandira pas », a fait savoir l’officier général. Que cache ce message du Général Gamou ? L’officier général est-il encore prêt à combattre ses frères comme ce fut le cas dans le passé ?

Ces événements interviennent après d’intenses efforts diplomatiques de la médiation internationale notamment de l’Algérie en vue de relancer le processus de paix. Une délégation d’ambassadeurs s’est rendue le 1er février, à Kidal pour échanger avec les responsables des groupes armés.

Lors de la présentation du rapport trimestriel du secrétaire général de l’ONU sur le Mali, le 27 janvier dernier à New-York, Dai Bing, représentant permanent adjoint de la Chine auprès des Nations Unies, a souligné que « la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation est d’une importance vitale ». Récemment l’Ambassadeur de la Fédération de Russie à Bamako a été reçu à sa demande par des responsables de la CMA. La Russie a mainte fois réaffirmé son attachement à l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation. Une situation difficile pour Bamako. La meilleure posture qui milite en faveur de la défense des intérêts du Mali consiste, pour les autorités compétentes à mieux se positionner pour une relecture de l’accord qui connait des difficultés d’application. Pour parvenir à cela, les dirigeants devraient s’appuyer sur des soutiens populaires. Ce qui n’est pas évident dans le contexte actuel. Le front interne est fissuré par un discours officiel clivant. Sur le plan diplomatique, le Mali n’est pas dans une bonne posture. Les dernières attaques verbales suite à l’expulsion du directeur de la division des droits de l’homme de la MINUSMA ne militent pas en faveur de Bamako. Pour avancer dans un tel environnement, il faut savoir poser les pieds.

Aujourd’hui, le Burkina Faso est assez absorbé par ses problèmes internes pour apporter un quelconque soutien au Mali qui ne peut compter ni sur l’Algérie, ni sur le Niger, ni sur la Mauritanie en cas de remise en cause de l’accord issu du processus d’Alger. Pour ces trois pays, la situation au nord du Mali est une affaire de sécurité intérieure. A Bamako, il ne faut jamais perdre de vue cette donne.

Par Chiaka Doumbia

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