Le président du Comité stratégique du M5-RFP Mali Kura et non moins président des Fare, Modibo Sidibé était face à la presse, le samedi 3 juin 2023, pour informer les Maliens sur la perception de l’organisation sur la situation de notre pays en général et plus particulièrement sur certains sujets d’actualité importants pour les Maliens. Pour la circonstance, il était entouré de plusieurs cadres, militants et sympathisants de l’organisation.
Dans ses propos introductifs, le président du mouvement, Modibo Sidibé a rendu un vibrant hommage aux militants et sympathisants du M5-RFP Mali Kura pour leur engagement et leur mobilisation autour des idéaux et des objectifs du mouvement.
A ses dires, le Comité stratégique du M5-RFP Mali Kura a décidé de tenir ce point de presse afin d’informer nos compatriotes sur la perception du mouvement sur la situation de notre pays en général et plus particulièrement sur certains sujets d’actualité importants pour les Maliens. Et d’ajouter que le M5-RFP Mali Kura, en tant qu’acteur majeur de l’avènement de la présente Transition en est naturellement un important soutien.
“Notre objectif ultime étant sa réussite, or cette réussite pour nous signifie avant tout l’aboutissement de la lutte menée par le peuple malien en juin 2020 afin d’offrir à notre pays l’opportunité de rompre avec les pratiques de mauvaise gouvernance des affaires publiques, procéder aux indispensables réformes politiques et institutionnelles qui constituent les bases de la refondation qu’appelle notre expérience démocratique”, a-t-il déclaré. A l’en croire, le soutien de son mouvement aux actions menées par les autorités pour la réussite de la Transition sera total, mais qu’il sera vigilant et critiquera tout ce qui ne va pas dans ce sens, car c’est seulement en tant que force de proposition que le M5-RFP Mali Kura pourra contribuer à mieux conduire le processus enclenché le 18 août 2020.
Des inquiétudes relatives au cours actuel de la transition et à sa conduite à bon port
A l’entendre, son organisation a des motifs de satisfaction concernant la transition, mais il a aussi des préoccupations, voire des inquiétudes relatives à son cours actuel et à sa conduite à bon port. Ainsi, sur la question de la souveraineté nationale, il dira que “la vision déclinée du Mali Kura par le M5-RFP retient en premier lieu, un Mali maître de son destin…” Il a saisi l’occasion pour saluer et encourager toutes les démarches qui réaffirment et renforcent la souveraineté du Mali, un Mali qui assume ses choix politiques, économiques, culturels et diplomatiques. “Notre souveraineté en tant qu’Etat et nation doit cependant être constructive et partagée au sens où elle contribuera à la souveraineté de notre continent, où elle engagera par des souverainetés partagées une résolution durable des problèmes sous-régionaux de sécurité et de développement”, a martelé le président du mouvement.
Sur la situation sécuritaire qui continue d’être le principal sujet de préoccupation nationale, il a souligné que des avancées indiscutables ont été réalisées, dont principalement, l’accroissement des capacités opérationnelles des FAMa, à qui il exprime tout son soutien et dont il salue les efforts méritoires dans la défense de la patrie et la sécurisation des populations et de leurs biens. “S’agissant de l’équipement de nos Forces de défense et de sécurité, de leur entretien et de leur formation, nous encourageons vivement les autorités de la Transition à poursuivre ces efforts”, a ajouté M. Sidibé.
Par rapport aux questions relatives à la justice et à l’exercice des libertés fondamentales devenues de plus en plus préoccupantes, il a rappelé que le respect des libertés fondamentales contribue à la réussite de la Transition. Ainsi, dira-t-il, la restriction des espaces de liberté, les atteintes fréquentes aux libertés et droits des citoyens, les arrestations extrajudiciaires, les enlèvements et les exils forcés sont une négation des droits acquis de haute lutte par le peuple malien.
A cet effet, le M5-RFP Mali Kura exprime sa solidarité avec toutes les victimes de l’arbitraire et de l’instrumentalisation de la justice et demande aux autorités de la transition un respect urgent et scrupuleux de l’Etat de droit établi et consacré par la constitution en vigueur. Avant de rappeler que la justice, les libertés fondamentales et l’Etat de droit sont des enjeux stratégiques de la refondation.
La situation créée au norddu pays par l’ex-rébellion reste un enjeu de taille
Il poursuivra que la situation créée au nord du pays par l’ex-rébellion reste un enjeu de taille et demande par conséquent au gouvernement d’informer les Maliens sur cette question de grand intérêt national.
Concernant le dossier sur les événements de Mourah, il ajoutera que le récent Rapport des Nations unies provoque une forte crispation entre le gouvernement et les Nations unies. Car, les auteurs dudit rapport accusent l’armée malienne de violations des règles du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’Homme. Le gouvernement du Mali a dénoncé avec véhémence ce rapport biaisé, reposant sur un récit fictif et ne répondant pas aux normes internationales établies.
“Sachant que les autorités maliennes de Transition peuvent faire l’objet de toutes sortes de manœuvres déstabilisatrices fomentées de l’extérieur, nous devons garder la tête froide et n’avoir pour seule boussole que l’intérêt des Maliens, la survie et la refondation du Mali. Nous réitérons ici notre soutien aux FAMa, qui mettent chaque jour leur vie en danger pour nous permettre de vivre en citoyens libres et permettre à nos dirigeants de gérer les affaires publiques en toute souveraineté. L’honneur de notre armée exige que l’enquête nationale en cours soit poursuivie et que les conclusions soient rendues publiques, et le cas échéant que justice soit rendue aux victimes civiles innocentes”, a analysé le président des Fare.
Au plan politique et institutionnel, il dira que le projet de nouvelle Constitution et le référendum auquel il sera soumis le 18 juin prochain divisent fortement les Maliens et restent un facteur important de discorde entre les autorités de la Transition et nombre d’acteurs politiques et sociaux pour diverses raisons. Et de rappeler que le M5-RFP Mali Kura a, quant à lui, appelé à l’abandon pur et simple de ce projet dans une déclaration en date du 5 avril 2023, aux motifs que : le processus d’élaboration d’une nouvelle Constitution n’a pas été respecté ; le projet de Constitution ne reflète pas suffisamment l’identité malienne ; le projet de Constitution n’offre pas de garanties en termes de consolidation des acquis démocratiques ; le projet de Constitution renforce le déséquilibre des pouvoirs au profit du président de la République qu’il érige en monarque, ce qui est un grave recul au regard de la Constitution de 1992 toujours en vigueur ; le projet de Constitution divisant profondément les Maliens, il ne saurait constituer le contrat social censé garantir la poursuite de leur bonheur commun, ni le ciment devant tenir les murs de leur communauté citoyenne.
L’absence d’un consensus autour de la nouvelle constitution fragilise ainsi tout le processus
Selon lui, l’absence d’un consensus national sur l’opportunité de l’élaboration d’une nouvelle constitution et sur son contenu fragilise ainsi tout le processus et réduit la portée d’un projet aussi capital pour la refondation de nos institutions.
Certes, il existe des innovations intéressantes mais elles ne sauraient éclipser les déséquilibres et inadaptations au regard de la vision du M5-RFP du Mali Kura à savoir une République et une nation apaisées, pétries des principes de justice et de redevabilité, fort d’un nouveau contrat social entre l’Etat et le peuple, d’une nouvelle alliance entre les citoyens et leurs gouvernants, de constructions institutionnelles endogènes et innovantes et d’une gouvernance remodelée avec de nouvelles règles de jeu politiques, économiques et sociales.
Aussi, dira-t-il, le Comité stratégique du M5-RFP Mali Kura déplore que ses appels à renoncer à ce projet n’aient pas été entendus par ses initiateurs, et qu’on ne se soit pas donné le temps d’un moment constitutionnel pour refonder la démocratie malienne. Par conséquent, poursuivra-t-il, le Comité stratégique du M5-RFP Mali Kura ne soutient pas ce processus référendaire et dit non au projet de nouvelle Constitution.
En ce qui concerne la situation socio-économique et accès aux services sociaux de base (eau, santé éducation, électricité), il a laissé entendre que la situation socio-économique de notre pays demeure difficile et impacte négativement aussi bien les secteurs productifs que la vie quotidienne des maliens, malgré la levée des sanctions de la Cédéao et de l’Uémoa.
A ses dires, les difficultés liées au non-paiement ou retard dans le paiement de la dette intérieure pèsent lourdement sur les activités des opérateurs économiques, et par conséquent sur la santé de l’économie nationale. Les conditions générales de vie de la majorité des populations maliennes les maintiennent dans une précarité qui devient de plus en plus structurelle et cette situation est encore plus grave pour les réfugiés et les déplacés.
Pour lui, il y a lieu de rappeler ici l’importante baisse de la production cotonnière liée en partie à la non disponibilité d’engrais à temps et en quantité et une crise alimentaire se profile à l’horizon selon nombre d’observateurs avisés. “Nous lançons donc un appel au gouvernement afin que les dispositions idoines soient prises en vue d’une bonne préparation de la campagne agricole, qui inclut outre la disponibilité à temps des intrants, l’accès sécurisé des populations rurales à leurs espaces de production”, a-t-il conclu. Boubacar Païtao