Le chef de l’État congolais est l’un des rares dirigeants à avoir présidé l’OUA puis l’UA. Il explique pourquoi l’organisation panafricaine se doit de renouveler son rapport avec les peuples.
C’était il y a soixante ans, le 25 mai 1963. Trente-deux États, dont la République du Congo, signaient dans l’Africa Hall d’Addis-Abeba l’acte de naissance de l’Organisation de l’unité africaine [OUA]. Certes, l’Afrique n’était pas encore libre. Une vingtaine de pays du continent attendaient dans l’antichambre de l’indépendance, sans compter l’Afrique du Sud, formellement indépendante mais en réalité écrasée sous le joug d’un régime raciste et minoritaire.L’Afrique n’était pas encore libre, mais, en ce 25 mai 1963, au-dessus de l’assemblée des pères fondateurs de l’OUA aux noms prestigieux – Nkrumah, Nasser, Haïlé Sélassié, Houphouët-Boigny, Sékou Touré, Bourguiba, Ben Bella, Mohammed V… – soufflait l’esprit de l’unité et du panafricanisme militant né au sein de la diaspora d’outre-Atlantique et théorisé par des intellectuels comme Marcus Garvey, W.E.B. Du Bois, Booker T. Washington ou George Padmore. Le jeune sous-officier que j’étais alors, en formation dans une école militaire française, avait accueilli avec fierté et émotion ce moment d’histoire, loin de se douter qu’il serait un jour amené à présider les instances de notre organisation commune.