14ème édition du symposium national de la CNDH : Faire le bilan annuel des droits de l’Homme au Mali

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Faire l’état des lieux de la situation des droits de l’homme au Mali, partager les bonnes pratiques et perspectives à travers un regard externe pour le respect des droits humains, dans un contexte de crise sécuritaire, tel était l’objectif par la 14ème édition du Symposium national sur les droits de l’homme organisée la semaine dernière par la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH). A travers cette rencontre annuelle qui rentre dans le cadre des activités de la célébration de la journée internationale des droits de l’homme célébrée chaque année le 10 décembre, la CNDH fait le bilan des droits de l’homme au Mali.

La Commission nationale des Droits de l’Homme a organisé du 07 au 08 décembre 2022, la 14ème édition du Symposium national sur les droits de l’Homme. C’était à l’école de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye.

La cérémonie d’ouverture, présidée par M. Mahamadou Kéïta, représentant le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, a enregistré la présence de plusieurs personnalités parmi lesquelles le Président du Conseil économique, social et culturel, M. Yacouba Katilé, du Directeur de l’école de Maintien Alioune Blondin Bèye, le Colonel Souleymane Sangaré, du représentant résident du Centre de Genève pour la gouvernance du Secteur de la Sécurité (DCAF), Dr Oswald Padonou, de la représentante de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas, Mme Willenijn Van Lelyvelol, du Directeur de la Division des Droits de l’Homme et de la Protection de la Minusma, des représentants des organisations de défense des droits humains, des organisations féminines et de la sociétés civiles ainsi que des partenaires techniques et financiers.

L’honneur est revenu au Directeur général de l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye, le Colonel Souleymane Sangaré, de souhaiter la cordiale et chaleureuse bienvenues aux participants à cette 14ème édition du symposium national sur les droits de l’homme. Il a salué les organisateurs pour le choix porté sur sa structure pour abriter une telle rencontre aussi importante qu’est les droits de l’homme. Cependant, il a constaté avec regret que depuis quelques années, le Mali est confronté à la problématique de violations des droits de l’homme et surtout l’esclavage par ascendance qui s’est greffé ces derniers temps au phénomène. ”On peut compter sur la CNDH pour gagner la bataille qui ne saurait perdurer”, a conclu le colonel Sangaré.

Dans son allocution, le président de la Commission nationale des Droits de l’Homme, M. Aguibou Bouaré, a indiqué que cet événement annuel important de l’institution nationale des droits de l’homme qu’il dirige s’inscrit régulièrement dans le cadre de la célébration de la date anniversaire de l’adoption de la déclaration universelles des droits de l’Homme et du mois de droits de l’Homme. ”S’il se veut un lieu de faire l’état des lieux de la situation des droits humains, il constitue également un cadre de rappelle des engagements nationaux, sous régionaux, régionaux et internationaux de notre pays. Pays, historiquement précurseur des droits inaliénables de l’Homme à travers la charte de Kurakan Fuga en 1226, une des sources importantes des droits humains”, a rappelé le président de la CNDH. Avant de poursuivre que les droits de l’Homme ou les droits humains ne sont pas une œuvre de charité. ”Ils ne sont pas une faveur que l’État accorde ou devrait accorder aux citoyens. Ils sont au contraire une obligation fondamentale à la charge de l’État car il en est le principal débiteur à l’égard de toute personne se trouvant ou qui viendrait à se trouver sur le territoire malien”, a souligné Aguibou Bouaré.

Selon le président de la commission des droits de l’Homme, tout ceci explique que les abus violations graves des droits de l’Homme que connaît le Mali ne doivent, ne peuvent et ne sauraient rester impunis.  C’est ainsi qu’il a appelé les différents acteurs à l’amplification de la lutte contre l’impunité. Une lutte contre l’impunité qui ne peut être mis en œuvre que par un appareil judiciaire performant. Cette lutte noble doit contribuer à la construction du nouveau Mali, un Mali meilleur dans lequel la justice prend le pas sur l’arbitraire et l’impunité, a indiqué M. Aguibou Bouaré.

Aux dires du Président de la CNDH, ce symposium est un espace de rencontre et d’échange des acteurs de la protection et la promotion des droits de l’Homme, afin de faire un bilan de la situation des droits de l’Homme au Mali. Ce, en mettant en exergue les progrès, les défis et en formulant surtout des recommandations qui serviront de levier pour le changement.

Le président de la CNDH, en conclusion, a évoqué les difficultés d’accès au droit de l’Homme, les privations de liberté, les atteintes au droit à la vie, à l’intégrité physique dans le Centre du pays, et le fléau de l’esclavage par ascendance dans les régions de Kayes, Kita, Koulikoro et Nara.

A leur tour, M. Guefan (le Directeur de la Division des Droits de l’homme et de la Protection de la MUNISMA, représentant du Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme), Dr Oswald Padonou (représentant résident du Centre de Genève pour la gouvernance du Secteur de la Sécurité (DCAF), et de Mme Willenijn Van Lelyvelol, représentante de l’Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas au Mali, ont tour à tour salué la tenue de cette rencontre annuelle par la CNDH. Pour eux, la sécurité est le premier devoir de l’Etat et le premier droit des citoyens. Ils ont reconnu les efforts déployés par les FAMa mais pour faire face au phénomène, ils ont appelé l’implication de tout le monde.   

Dans son discours d’ouverture, M. Mahamadou Keïta, représentant du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, a souligné à son tour que le Mali est confronté depuis plus d’une décennie à une crise socio-politique et sécuritaire sans précédent avec son corollaire des graves violations des droits de l’Homme. Notamment, dit-il, la criminalité organisée, la traite de personnes, le trafic des armes et de drogue, l’extrémisme violent ainsi que la radicalisation des djihadistes, l’esclavage par ascendance. Pour lutter contre ces violations, protéger les populations et prévenir des futures éventuelles violations, Mahamadou Keïta affirme que les actions de l’État seules ne suffisent pas. Pour lui, il est impératif que tous les acteurs se donnent la mains et redoublent les efforts pour une paix durable dans une société réconciliée.

”Il est impératif d’agir de concert avec la société civile, les partenaires techniques et financiers et toutes les bonnes volontés pour une paix durable dans une société réconciliée, résiliente et respectueuse des droits de l’Homme”, a indiqué le représentant du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux.

Après deux jours de communications et de discussions sur les droits de l’homme au Mali, le symposium a pris fin par la remise des attestations de reconnaissance à certaines personnes qui se sont battues contre la violation des droits de l’homme au Mali. Il s’agit, entre autres, de M. Yacouba Katilé, président du CESC, du Collectif des Femmes du Mali (COFEM), de Moussa Guindo, Magistrat, des hommes de médias, etc. Au cours de ce symposium, un hommage a été rendu à Feue Me Djourté Fatimata Dembélé, commissaire à la CNDH. Cette dernière qui, durant toute sa vie, s’est battue pour la protection des droits de l’homme au Mali. Cela à travers des témoignages de sa famille par son époux Baba Djourté, la CNDH par le président Aguibou Bouaré, le COFEM par la présidente Mme Haïdara Djénéba Haïdara, le magistrat Moussa Guindo et Mme Djingarèye. Me DjourtéFatimata Dembélé est décédée le 19 septembre 2022.

Faut-il rappeler que la Commission Nationale des Droits de l’Homme est créée par la Loi N°2016 – 036 du 07  Juillet 2016 et du Décret N°2016- 0853 P-RM du 08 novembre 2016 qui fixe sa composition et les modalités de son fonctionnement. La CNDH a pour missions principales de contribuer à la promotion et à la protection des droits de l’homme au Mali.

Y. SANGARÉ

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