Face à la dégradation de la sécurité dans le nord du Mali, le pays apporte une réponse judiciaire. Le procureur de la Cour d’appel de Bamako a annoncé, mardi 28 novembre au soir, l’ouverture d’une enquête visant des chefs locaux d’Al-Qaïda, dont Iyad Ag Ghaly, et des séparatistes touareg pour notamment « actes de terrorisme, financement du terrorisme et détention illégale d’armes de guerre ».
Iyag Ag Ghaly, chef au Mali du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda, figure avec le prédicateur peul Amadou Barry alias Amadou Koufa, chef de la Katiba Macina, appartenant à la même mouvance, sur la liste des jihadistes cités dans le communiqué du procureur transmis à l’AFP.
D’autres jihadistes, dont Housseine Ould Ghoulan et Achafagui Ag Bouhada, sont également mentionnés dans le texte qui énumère aussi six responsables séparatistes touareg dont le mouvement a repris les armes contre l’État central malien malgré la signature d’un accord de paix avec Bamako en 2015 à Alger. Ce sont Alghabass Ag Intalla, Bilal Ag Acherif, Ibrahim Ould Handa, Fahad Ag Almahmoud, Hanoune Ould Ali et Mohamed Ag Najim, des responsables d’une alliance de groupes armés à dominante touareg.
Des preuves d' »une association ayant pour but de semer la terreur »
« Le Procureur général de la Cour d’appel de Bamako (…) a instruit au Procureur de la République du Pôle Judiciaire spécialisé en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée l’ouverture d’une enquête contre les leaders terroristes mais aussi d’autres membres signataires de l’accord » de paix de 2015 et « ayant basculé dans le terrorisme », détaille le communiqué.
L’enquête vise à permettre que les auteurs présumés de ces faits présumés et leurs « complices, répondent de leurs actes devant la justice », selon ce communiqué.
Selon le parquet, « l’exploitation de renseignements » qui lui sont parvenus fait apparaître « la constitution entre certains individus d’une association ayant pour but de semer la terreur, de porter atteinte à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale et à ternir l’image » de l’armée malienne.
Il cite des « faits d’une extrême gravité » qui « sont susceptibles de constituer des infractions présumées d’associations de malfaiteurs, d’actes de terrorisme, de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, de détention illégale d’armes de guerre et de munitions et de complicité de ces mêmes faits ». De tels « agissements », selon lui, « sont susceptibles de provoquer des victimes civiles et militaires ».
Intensification des confrontations militaires dans le nord du pays
Le Mali est en proie depuis 2012 aux agissements des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique, aux violences des groupes proclamés d’autodéfense et au banditisme. La crise sécuritaire se double d’une crise humanitaire et politique profonde.
Les colonels qui ont pris par la force en août 2020 la tête de ce pays ont rompu en 2022 la coopération militaire historique avec la France et se sont tournés politiquement et militairement vers la Russie.
Le nord du Mali en particulier est en proie depuis août à une intensification des confrontations militaires. Le retrait de la mission de l’ONU, poussée vers la sortie par la junte au pouvoir, a déclenché une course pour le contrôle du territoire entre l’armée, les jihadistes et les séparatistes qui ont repris les armes contre l’État central.
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