Depuis plusieurs jours, deux longues semaines maintenant pour l’opinion publique mais pas que, la justice a interpellé de gros calibres soupçonnés d’être mouillés dans la lancinante affaire de l’EDM-sa.
Ceux qui sont attirés dans les mailles des filets du Pôle économique sont l’ancien directeur général, Koureich Konaré et certains de ses collaborateurs haut placés dans la nomenclature de la société, mais aussi d’autres personnalités dont l’ancien ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré. La garde à vue traînant en longueur, une insidieuse campagne vise à incriminer le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou.
Le coup de filet du 10 janvier 2024 de la Brigade du Pôle National Economique et Financier a pris dans ses mailles beaucoup de gros poissons à EDM-sa, société dont la mauvaise gestion est au cœur d’une chronique lancinante pour d’évidentes raisons. Elle croule certes sous le poids d’une mauvaise gestion endémique depuis des décennies, mais les délinquances nombreuses en son sein depuis seulement quelques trois ans ont été opérées avec une insouciance si évidente qu’elle peine de plus en plus à assurer le service de l’électricité aux populations, sa raison d’être, à un tel point que c’est toute l’activité nationale, publique comme privée, qui est dramatiquement handicapée de manière crescendo au fil des jours. Toutes les solutions envisagées par les autorités de la transition depuis leur avènement ont été, semble-t-il, des aubaines pour malfrats endurcis qui n’ont jamais songé à autre chose que s’en mettre plein les poches. En attendant que la justice remonte un jour plus loin pour comprendre comment l’EDM-sa en est arrivée à devenir la caverne d’Ali Baba pour des indélicats de la République depuis tant d’années, l’action déclenchée par la Brigade du Pôle Economique et Financier, au regard des profils des interpellés, montre la saignée constatée, à la base de l’inefficacité, surtout de l’incapacité à accomplir la mission de service public. Certains sont plus anciens que d’autres dans la boîte, mais tous sont des cadres qui y ont duré, qui ont donc une expérience dans la société, et quelques-uns relèvent de services travaillant étroitement avec EDM-sa ; ce sont, en conséquence, de grands initiés, du moins si leur culpabilité dans la déconfiture de la société était établie par la justice.
En attendant, la garde-à-vue continue, donnant lieu à des amalgames, à des actions d’intoxication, voire à une monstrueuse propagande visant à salir le ministre de l’Economie et des Finances, le sieur Alousséni Sanou, et au-delà de lui, le Président même de la transition et certains ses collaborateurs les plus proches. L’Edm-gate telle connue ces temps-ci est ainsi en train de prendre des allures manifestes pour déstabiliser la transition. Les magistrats et les limiers qui travaillent d’arrache-pied sur le dossier, avec conscience professionnelle aigue, on le sait, ne pipe mot. Mais des malins, qui ne sont point impliqués dans la procédure et qui n’ont nul accès aux différents dossiers, s’autorisent, en effet, à distiller de fausses informations sur les réseaux sociaux. Ces génies de la manipulation affirme qu’au cours de son audition par l’autorité judiciaire, l’ancien ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré, a demandé que soit entendu dans l’affaire l’actuel ministre de l’Energie et de l’Eau, Madame Bintou Camara, dont on sait qu’elle n’est arrivée au gouvernement que le 1er juillet 2023, il y a six mois seulement. Les auteurs de ce gros morceau pousseront l’imagination jusqu’à affirmer que l’ancien ministre Lamine Seydou Traoré a demandé aussi, dans la foulée, que les enquêteurs entendent Demba N’Daw, le directeur du cabinet du Président de la transition et qu’en plus, par élégance, il a sollicité la relaxe de les agents d’EDM-sa parce qu’il assume seul tout. Affirmation cousue de fil blanc, mais on voit bien qui est réellement visé et pour quel but. Vouloir traîner DembaN’Daw dans les fanges d’EDM-sa est une histoire mal pensée et prétendre que Lamine Seydou Traoré décide d’assumer seul toute la délinquance au sein d’EDM-sa conduit plutôt à attester sa culpabilité pleine et entière, ce qui est aberrant de la part d’un homme qui, sept mois plus tôt, protestait de sa bonne foi en alléguant le manque d’écoute des plus hautes autorités pour son plan. Cela signifierait en effet que Lamine Seydou Traoré le délinquant à tous les échelons, voleur de carburant, acheteur de groupes électrogènes défectueux, soustraction d’argent, etc. Or, l’intéressé aurait affirmé que c’est le ministre de l’Economie et des Finances qui aurait débloqué six milliards pour une opération sans qu’il en soit informé le moins du monde, lui ministre de tutelle ; une correspondance existerait pour corroborer ses allégations.
Pêcheurs en eaux troubles
Manifestement, il y a des partisans de l’ancien ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau soucieux de le tirer d’affaire. Mais la défense par la désinformation, qui plus est, cherche à mouiller l’entourage du Président de la transition et certainement lui-même, va-t-elle vraiment rendre service à l’intéressé ? Les magistrats ne gèrent pas la rumeur, fort heureusement. Néanmoins, plus dramatique est la tentative de se saisir des déboires judiciaires des présumés délinquants d’EDM-sa pour acculer la transition. Certains franchissent allègrement ce pas en liant toute l’affaire à des détournements pour financer Wagner, quand bien même nul n’a pu montrer Wagner au Mali, et à d’autres problèmes politico-institutionnels, voire d’achat d’armes et de munitions. Les pêcheurs en eaux troubles sont légion, mais la justice passera.
Luc Sidibé
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