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Séisme meurtrier au Maroc : « Partout, c’était la panique »

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Le plus puissant séisme jamais connu au Maroc, selon les médias locaux. Dans la nuit de vendredi à samedi, un tremblement de terre d’une magnitude 7 sur l’échelle de Richter et dont l’épicentre se trouvait dans la province d’Al-Haouz, au sud-ouest de la ville Marrakech, a frappé le pays. Le bilan, encore provisoire ce samedi matin, est très lourd, avec au moins 632 personnes décédées et des centaines de blessés. Dans les médinas et dans les montagnes, les dégâts matériels sont impressionnants. À Marrakech, Zineb, 35 ans, nous décrit la « grosse panique » qui l’a saisie au moment où la terre a tremblé. « Il n’y avait plus de lumière dans les maisons, rapporte-t-elle. On était au jardin, heureusement. En sortant dans la rue, nous avons découvert des ruelles en ruines ».
La crainte des répliques dans toutes les têtes Pierre, un Français installé à Casablanca depuis deux ans mais qui passait le week-end en famille à Marrakech, se souvient du moment « extrêmement soudain et violent » du séisme. « La maison a vacillé. Nous étions dehors mais ma femme et les enfants dormaient à l’intérieur », raconte-t-il. Une fois passé le court moment de sidération, il est entré à l’intérieur pour faire sortir tout le monde. Par peur des répliques – ils en ont senti deux – et que la maison ne résiste pas, toute la famille a dormi dehors. « Heureusement, la nuit était plutôt douce. On a pris des couvertures et fait croire aux enfants qu’on faisait une veillée aux étoiles », raconte-t-il au téléphone, conscient que d’autres ont eu moins de chance. La soirée a été encore plus angoissante pour la grand-mère de sa femme, qui avait déjà connu le séisme meurtrier d’Agadir au début des années 1960. « Ça a réveillé des souvenirs, elle a eu très peur ». Radouane, entrepreneur à Marrakech, se rendait au CHU pour récupérer les résultats médicaux de sa mère au moment du séisme. « J’étais au volant quand j’ai entendu un énorme craquement et toutes les lumières se sont éteintes. J’ai vu les gens se précipiter dehors et courir dans tous les sens. Je n’ai pas ressenti la secousse car j’étais dans ma voiture et je ne comprenais pas ce qui se passait », retrace-t-il, pensant alors qu’il s’agit d’une explosion de bonbonne de gaz. « Ma femme m’a appelé. Elle était terrifiée ». Comme Pierre et sa famille, lui aussi a passé la nuit dehors, sans fermer l’œil, craignant l’arrivée d’une réplique. « Les dégâts à la médina sont terribles. Une mosquée très ancienne est détruite », décrit-il, sachant bien que d’autres ont eu moins de chance que lui, dont la maison ne présente que quelques fissures.
« Je suis sortie en courant du restaurant pour récupérer ma fille » Les secousses ont été ressenties dans tout le pays, notamment à Casablanca, à plus de 200 km au nord de Marrakech, comme nous le rapporte Houda, 42 ans. « L’une de mes filles était restée à la maison avec sa nounou et nous, on était sortis avec la plus jeune. J’étais surtout paniquée de ne pas les avoir toutes les deux avec moi », confie la mère de famille ce samedi matin. « Je suis sortie en courant du restaurant pour récupérer la cadette, qui jouait dehors avec ses copines ». Depuis sa chambre, au troisième étage, l’aîné de la famille a « bien senti la secousse, son lit bougeait et elle voulait que je vienne la chercher au plus vite », retrace Houda, qui est restée dans sa voiture jusqu’à 2h30 du matin.
« Partout, c’était la panique », résume-t-elle. À Kenitra, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Rabat, la terre, aussi, a tremblé. Zineb, 55 ans, a d’abord vu « la télévision trembler et le sol comme tourner. Je n’avais jamais vu ça de ma vie, j’ai pleuré toute la nuit », décrit-elle. Dans la rue, le chaos et l’angoisse d’habitants « qui criaient », apeurés par la perspective de répliques. En France aussi, la soirée fut longue et pleine d’inquiétude pour ceux dont les proches se trouvaient sur place.
Aziz El-Jahouari, patron de la mosquée de Mantes-la-Ville (Yvelines) et président de l’association caritative As-Suffa, n’a pas fermé l’œil de la nuit, pris par « la stupeur et l’angoisse ». Ses craintes concernent la communauté marocaine installée dans la région du Mantois mais aussi ses proches. Une partie de sa famille vit à Ouarzazate. Sa mère y est justement en vacances, et il est sans nouvelles de sa belle-famille, installée à Taroudant, à l’est d’Agadir.

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