Saisie récurrente de drogue : Le Dr Mamadou Bodian, spécialiste en sécurité à l’IFAN, tire la sonnette d’alarme

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La marine nationale multiplie les coups de filet ; les interceptions de navires bourrés de drogue dure en provenance de l’Amérique latine ne s’arrêtent plus sur nos côtes. Les images de valises rangées près du port de Dakar se multiplient.  Six tonnes de drogue d’une valeur de plus de 250 milliards de francs CFA ont été saisies en l’espace de trois semaines. Ce qui en dit long sur la vulnérabilité de nos côtes frontalières.
 
D’après, le docteur Mamoudou Bodian, spécialiste en sécurité à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) la position géographique du Sénégal est l’une des principales causes de ce phénomène.  Il met ainsi en garde les autorités contre l’économie criminelle qui jette ces vagues de drogue au  pays de la Teranga.
 
 
« Il y a lieu de s’inquiéter, puisque l’Afrique de l’Ouest est considérée, depuis ces dernières années, comme étant une des plaques tournantes du trafic de drogue. L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) avait même, dans un de ses rapports récents, montré que l’Afrique de l’Ouest est une zone fortement utilisée », dit-il.
 
De plus, la position géographique, la faiblesse de certains États du golfe de Guinée sont, entre autres, les raisons de cette recrudescence, décrypte l’expert.
 
« Si vous comparez le Sénégal aux autres pays, notamment  la Guinée-Bissau, qui est considérée à un certain moment comme étant la plaque tournante de la drogue en Afrique, la situation n’est pas comparable, mais il y a des zones de vulnérabilité, si vous prenez toute la partie sud du pays. D’où l’intérêt des États à renforcer les moyens de lutte et la coopération entre eux », insiste-t-il.
 
Le Dr Bodian lance ainsi une alerte sur les conséquences de l’usage de la drogue dans une société. Surtout sur le plan économique. «Quand l’économie criminelle s’installe, elle crée un peu un circuit parallèle qui met en scène la corruption. Quand l’État s’affaisse, il laisse la place à l’émergence de ses formes. Il y a également l’aspect sanitaire à prendre en compte. Surtout, explique-t-il, quand des jeunes peuvent être tentés justement d’abuser de ces substances-là qui créent des conséquences énormes dans une société. En termes de fissure du tissu social, mais aussi le taux de criminalité pourrait être revu à la hausse ».
 
Longtemps considéré comme une simple zone de transit en direction de l’Europe, le golfe de Guinée est devenu une région de forte consommation selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. « En une décennie, cette agence onusienne constate une hausse de 45 % du taux de trafic », a-t-on appris à travers un rapport publié sur ses plateformes.

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