Ousmane Sonko ramené de force à Dakar

Estimated read time 4 min read

L’opposant sénégalais a été interpellé dimanche par des gendarmes dans le sud du pays et ramené de force à son domicile de Dakar alors qu’il venait d’entamer sa « caravane de la liberté » vers la capitale.

Le ministre de l’Intérieur Antoine Diome a invoqué les heurts entre partisans d’Ousmane Sonko et forces de l’ordre qui ont accompagné depuis vendredi le retour de l’opposant à Dakar en convoi par la route et dans lesquels un homme a été tué par balle.

« Il y a eu mort d’homme à Kolda, est-ce que l’État va rester les bras croisés ? (…) La réponse ne peut être que négative », a déclaré le ministre à la télévision publique. Il a fait valoir qu’Ousmane Sonko aurait dû faire une demande d’autorisation préalable avant d’organiser ce qu’il a appelé une « caravane de la liberté ». « On a pu de ce fait encadrer le leader du (parti) Pastef jusqu’à son domicile (à Dakar) où il a été déposé », a-t-il dit.

Une source proche des autorités a précisé qu’Ousmane Sonko avait été interpellé près de Koungheul par les gendarmes et ramené par eux vers la capitale. Le ministre de l’Intérieur a rapporté que des armes avaient été trouvées dans le véhicule transportant Sonko.

Bras de fer

Le sort de l’opposant, engagé dans un bras de fer avec le pouvoir qui n’a fait que se durcir depuis sa mise en cause par la justice dans une affaire de viols, en mars 2021, donnait lieu à des spéculations depuis plusieurs heures.

Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle mais menacé d’inéligibilité par des affaires judiciaires qu’il dénonce comme un complot de l’État, n’a plus donné de nouvelles publiques depuis dimanche matin.

Dans un communiqué publié en milieu d’après-midi, son parti l’avait déclaré « introuvable et injoignable », alimentant toutes les conjectures et provoquant de vives réactions sur les réseaux sociaux. Quelques minutes seulement avant la prise de parole du ministre de l’Intérieur, à 20h, El Malick Ndiaye, secrétaire national du Pastef en charge de la communication, affirmait encore à Jeune Afrique n’avoir « aucune nouvelle » d’Ousmane Sonko.

Une intervention filmée d’Ousmane Sonko sur sa page Facebook avait été annoncée pour 23h, heure locale, dimanche. Mais, El Malick Ndiaye a affirmé sur Twitter que « les forces de l’ordre ayant refusé l’accès à notre équipe technique au domicile du président Ousmane Sonko, sa déclaration a été reportée [au] lundi 29 mai 2023. »

À lire Babacar Diop : « Au Sénégal, la démocratie est en danger »

Il a entrepris vendredi dans le sud du pays un retour par la route vers Dakar dont il comptait faire une démonstration de force. Le convoi a drainé des foules de jeunes supporteurs enthousiastes et été émaillé de heurts entre jeunes et forces de sécurité, dans lesquels un homme a été tué.

Spéculations

Alors que Sonko documente volontiers ses faits et gestes en direct sur les réseaux sociaux et en a fait de même les deux premiers jours de son voyage, il a cessé de le faire dimanche après avoir adressé, dans une vidéo, ses voeux à la communauté catholique à l’occasion de la Pentecôte.

La mobilisation des supporteurs d’Ousmane Sonko autour de lui a régulièrement donné lieu à des incidents et des troubles. En 2021, il avait été interpellé à Dakar alors qu’il se rendait en cortège à la convocation d’un juge dans une affaire de viols. Son interpellation avait contribué à déclencher plusieurs jours d’émeutes qui avait fait au moins une douzaine de morts.

Une chambre criminelle doit rendre le 1er juin un verdict très attendu contre lui dans la même affaire de viols présumés. Il s’est abstenu de comparaître à l’audience, dénonçant un complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle de février 2024. En plus d’une éventuelle condamnation à une peine de prison ferme, il risque de devenir inéligible.

(Avec AFP)

Sur le même sujet

+ There are no comments

Add yours