Mali : le gouvernement annonce « un léger report » de la présidentielle de février 2024

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« Des raisons techniques ». Tels sont les arguments que le gouvernement de la transition malienne a évoqué pour annoncer ce lundi « un léger report » de l’élection présidentielle prévue en février 2024.

Dans le communiqué lu face à la  presse, le ministre d’Etat, ministre de l’administration et porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga a indiqué que le gouvernement  décide d’organiser exclusivement  l’élection présidentielle pour sortir de la Transition. Cette décision entrainera, selon le ministre, un changement dans le chronogramme électoral initialement conçu. « Les dates de l’élection présidentielle initialement prévues pour le dimanche 04 février 2024 (premier tour) et le dimanche 18 février 2024 (second tour) éventuellement, connaîtront un léger report, pour des raisons techniques », a-t-il déclaré. Sans donner de précision sur la nouvelle date, le gouvernement indique que des discussions vont être menées avec l’autorité indépendante de gestion des élections pour convenir sur le nouveau chronogramme de la présidentielle pour un retour effectif à l’ordre constitutionnel. Et quant aux autres élections,  le ministre porte-parole du gouvernement  soutient que leurs dates feront  l’objet d’un autre chronogramme qui sera établi par les nouvelles Autorités, sous les directives du nouveau Président de la République.

« Prise en otage »  des données RAVEC par une société française

Selon le conférencier,  ce léger report de la présidentielle est dû à la « prise en otage » de la Base de données du Recensement Administratif à Vocation d’état civil (RAVEC) par le prestataire IDEMIA, une société française. Le gouvernement se dédouane  et indique avoir mené  une démarche constructive auprès de l’entreprise IDEMIA. Celle- ci  est restée  pour l’instant catégorique et explique les raisons de son refus : « Sur le plan contractuel, le transfert de propriété du système, dont la transmission du mot de passe compte PDBADMIN fait partie, est effectué après  paiement du marché en référence. Or 5 271 882 000 FCFA restent dus à date à IDEMIA au titre du marché, comme cela a été rappelé dans le courrier en référence ». Pour le ministre, le contrat signé avec cette société en 2018 portait sur une solution propriétaire dont le Mali n’a pas le code d’accès. «C’est la raison pour laquelle la Base de données RAVEC est arrêtée depuis mars 2023 »,  a  justifié  le ministre. Cette situation a eu des conséquences  sur les correctives que  l’on devait apporter sur la nouvelle carte biométrique et l’enrôlement des nouveaux majeurs dans le fichier électoral.

Un rapport du vérificateur général cité par le  conférencier  relève des irrégularités  dans la passation du marché des données du RAVEC avec la société française. « Le Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et le Ministère de l’Economie et des Finances ont signé le marché sous le sceau  des intérêts essentiels de l’Etat sans avoir l’autorisation du Premier ministre », constate le bureau le Vérificateur Général du Mali  qui , selon le  ministre , a déjà  transmis le dossier au Pôle économique et financier « le refus d’engager une procédure de paiement auprès du Ministère de l’Economie et des Finances, pour le paiement des 5 Milliards de FCFA à la société IDEMIA ».

 Basculement de la base des données

En attendant  que la justice  tranche  cette affaire, le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition, a  instruit  pour que le Mali  bascule sur une nouvelle  base des données. Selon le ministre Abdoulaye Maîga, des démarches administratives sont entrain d’être effectuées dans les plus brefs délais pour permettre le basculement de la base de données national  sur un autre système qui sera exclusivement contrôlé par le Mali. Lequel ne risque plus de vol de données, ni de « prise d’otage ». Déjà, le ministre porte-parole du gouvernement  indique la modernisation de la révision annuelle des listes électorales qui mettra à disposition des usagers un site web opérationnel qui sera disponible dès le 1er Octobre 2023. Ce dispositif, a-t-il dit, permettra de rehausser le taux de participation aux élections.

 Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net

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