Macron martèle que « la Nouvelle-Calédonie est française » et sermonne les indépendantistes

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« La Nouvelle-Calédonie est française parce qu’elle a choisi de rester française »: Emmanuel Macron a réaffirmé avec force mercredi à Nouméa l’autorité de la République dans le territoire d’outre-mer et sermonné les indépendantistes, tout en proposant aux Calédoniens un double « chemin », « de pardon » et « d’avenir ».

Lors d’un discours sur la place des Cocotiers, devant quelque 10.000 personnes selon les autorités, le chef de l’Etat a assuré ne pas « mésestimer les aspirations déçues de ceux qui défendaient un tout autre projet » — autrement dit, l’indépendance.

Mais il leur a signifié qu’après trois « non » à l’indépendance lors des référendums de 2018, 2020 et 2021, il était temps de tourner la page et « bâtir » un « nouveau projet », « celui de la Nouvelle-Calédonie dans la République ».

« Pas de retour en arrière, pas de bégaiement, pas de surplace », a-t-il martelé sous les acclamations d’une foule majoritairement acquise à la cause loyaliste, qui a scandé la Marseillaise au début et à la fin du discours.

L’Union calédonienne (UC), principal parti de la mouvance indépendantiste, avait appelé ses militants « à ne pas se rendre » sur la place. Résultat: un seul drapeau kanak, isolé dans une marée bleu-blanc-rouge.

Les représentants politiques de l’UC avaient aussi boudé, en début journée, une réunion de l’ensemble des acteurs politiques autour d’Emmanuel Macron, qui a voulu les mettre face à leur « immense responsabilité » collective pour dégager un consensus en vue de la réforme constitutionnelle promise.

« J’ai été personnellement blessé » par ces absences, a lancé le président, avant de mettre en garde contre la tentation de se « réfugier dans un séparatisme » qui fait planer, « aujourd’hui ou demain », le « risque de la violence », alors même que la paix est un « trésor » à préserver.

« Il ne s’en prend pas aux indépendantistes, mais à la politique de la chaise vide, car il sait que ça nourrit l’incompréhension et au final ça peut mener à la violence », explique son entourage. « Les gens ont voté, c’est fini », a ajouté cette source.

Emmanuel Macron était venu une première fois en Nouvelle-Calédonie en 2018, juste avant les trois référendums prévus par l’accord de Nouméa de 1998. Or, les indépendantistes du Front de libération national kanak socialiste (FLNKS) contestent le dernier scrutin, qu’ils avaient boycotté.

Et les négociations pour définir un nouveau statut institutionnel sont enlisées. Elles butent notamment sur la question épineuse du corps électoral gelé, sur laquelle il est pourtant urgent de s’entendre pour aboutir à une révision constitutionnelle à temps pour les élections provinciales de 2024.

Le président a appelé toutes les parties à avoir la « grandeur d’accepter » les résultats des référendums.

Ambitions chinoises

Surtout, il a prévenu sans ménagement qu’une indépendance livrerait l’archipel du Pacifique aux ambitions grandissantes de la Chine dans la région. « Si l’indépendance c’est de choisir demain d’avoir une base chinoise ici », « bon courage, ça ne s’appelle pas l’indépendance! », a-t-il tancé, suggérant de « regarder » les pays de la région qui « ont perdu leur souveraineté ».

L’Union calédonienne avait justement reproché au chef de l’Etat d' »instrumentaliser » la Nouvelle-Calédonie pour « servir sa stratégie » en Asie-Pacifique « d’équilibre entre la Chine et les Etats-Unis ».

Pour tourner la page, Emmanuel Macron a proposé deux « chemins jumeaux », celui « du pardon » et celui « de l’avenir ».

Le premier, censé répondre aux attentes mémorielles qu’expriment les Kanaks, « ce n’est pas un chemin de repentance », mais une manière de « regarder en face », ensemble, « ce passé qui ne veut pas passer ». Et toutes les « souffrances », notamment celle du « peuple kanak », a-t-il ajouté.

Le second chemin passe forcément, a plaidé le président, par des « institutions pérennes, rénovées, efficaces ».

Il a dit souhaiter qu’une révision constitutionnelle, prévue par l’accord de Nouméa, « puisse intervenir début 2024 ». Et il a pressé les responsables politiques de s’entendre rapidement pour dégeler le corps électoral.

Pour « bâtir » le nouveau statut institutionnel du territoire, « je ne veux presser personne », a en revanche temporisé Emmanuel Macron, affirmant qu’il veut avant tout qu’il se construise « dans le consensus ».

Le futur statut doit apporter « stabilité » et « visibilité » et pas des « rendez-vous » électoraux « tous les ans ». Une manière de fermer la porte à une nouvelle expression rapide sur l’autodétermination, même si ce droit reste un « acquis ».

Pour montrer que ce « chemin d’avenir » est concret, il a promis une « relance économique », et notamment un « projet nickel d’avenir » pour rendre rentables les usines qui exploitent ce minerai « stratégique ». A cet égard, il a évoqué un financement de l’Etat pour une « refonte de la filière énergétique » afin de fournir une électricité « compétitive » et « décarbonnée ».

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