Forum académique sur la paix : « Hakili ni Maya »

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« Construire la paix et la cohésion sociale à partir de soi, à partir du moi », est le thème de la conférence académique, organisée par ESC-School of Management avec ses partenaires Tuwindi et Rotary club, le samedi 10 décembre 2022 dans l’enceinte de ESC. 

Sunny Akuopha, gouverneur du district 9101 du Rotary, dans son allocation a manifesté l’intérêt qu’accorde le club Rotary à la paix. « Beaucoup de nos activités s’inscrivent dans ce sens », a-t-il dit.

Pour sa part, Bernard Jakin, directeur général de ESC-School of Management a dit : « nous sommes très investis dans la recherche dans cette école. La paix nous interpelle tous. Nous amenons de nouvelles activités d’ailleurs axées sur l’interview des religieux afin de limiter les idées de violence des jeunes ».

« Construire la paix et la cohésion sociale à partir de soi, à partir du moi », le thème autour duquel, ont intervenu le professeur Diomansi Bomboté, journaliste, le professeur Bréma Ely Dicko, socio-anthropologue, l’ambassadeur Cheick Sidi Diarra, modéré par Tidiani Togola, CEO de la fondation Tuwindi.

Pour son excellence Cheick Sidi Diarra, « la cohésion sociale autour de soi, de moi nous amène à la paix, qui a toujours été une aspiration. Cela passe par le droit à la justice, la liberté d’expression, de mouvement. Le but premier de l’organisation des Nations unies est la valorisation du concept de la paix ».

Il y a dans nos terroirs certaines pratiques dont il faut s’en défaire. Il est utile de mettre à profit les mécanismes nouveaux pour maintenir le calme et la paix. Il s’agit notamment du cousinage à plaisanterie, des griots, la culture du bon voisinage, du conseil des sages, le respect de la liberté du culte, etc., a-t-il précisé.

Il faudrait accepter le droit à la justice traditionnelle, une ouverture vers la tradition dans la gestion des conflits. Également assurer l’équité économique car cela est un mode de gestion qui favorise l’inclusion, la confiance. On ne peut pas concevoir une société moderne sans donner aux femmes leurs droits, leur implication dans la gestion de la société est aussi importante, exprime l’ambassadeur Diarra.

Diomansi Bomboté à travers une anecdote a ressorti le côté hostile des Maliens, toujours dans l’agressivité, la brutalité, etc. Une histoire qui l’a marqué personnellement, dit-il.

« La première chose que l’on doit se poser c’est : Qui suis-je, c’est qui une personne ? C’est important de faire sa propre autopsie et pourtant cela ne peut se faire qu’au travers de notre entourage, nous vivons pour les autres, avec les autres. On se frappe la poitrine pour crier notre liberté, s’affranchir des pesanteurs. Je pense que nous sommes liés, que nous le voulions ou pas. Nous interagissons dans la société », préconise M. Bomboté.

« Je suis nécessairement rattaché à chacun de vous. Il faut que je l’admette. Le conflit est inhérent, il faut le constater ou le combattre. La colère, la rancune, la frustration sont les comportements qui amènent l’hostilité, le désir de se venger. La paix intérieure pour moi est la première chose qui nous permet d’avoir la paix. On ne veut pas chercher à être en paix avec les autres sans chercher à être avec soi-même », explique-t-il.

Selon M. Bomboté, l’éducation apparaît alors comme une démarche de modelage, nous apprenons ce qui est bien pour nous et pour les autres. L’on doit se poser aussi la question : qu’est-ce que la religion ? Les conflits naissent parce que je ne peux accepter l’autre dans ses choix.

« La paix intérieure nous permet de canaliser les choses que nous ne pouvons pas contrôler. Elle nous permet d’être heureux. C’est une démarche volontariste qui nous permet l’acte de pardonner et de demander pardon. L’amour commence par le pardon. La haine ne peut pas traiter, soigner la haine. Tout commence par soi-même. La paix intérieure nous entraine à l’ataraxie, cet état de quiétude absolue », pense-t-il.

Il poursuit en se mettant soi-même au centre de cette paix que l’on recherche. Qu’est-ce qui caractérise la paix. Je ne peux pas être en paix tant que tu méprises ton voisin ou son employé. Pour atteindre cette paix, il faut beaucoup de courage, de l’humilité, la politesse, la tolérance, … La paix intérieure est une exigence, ajoute Diomansi Bomboté.

Brema Ely Dicko, quant à lui, est revenu sur les attaques, les déplacés internes, les pratiques de Balani (soirée de musique), les luttes contre les pratiques esclavagistes. Malgré tout, l’on pense que tout est la responsabilité de l’Etat, du gouvernement. La connaissance de soi, qui est importante. Les individus se trouvent dans une phase de perte d’identité, de confiance en soi. Dans ce processus que l’on appelle la socialisation, l’on a besoin de se connaître soi-même.

« L’éducation des enfants est confiée aux aides ménagères. Il faut reconnaître qu’avant les personnes âgées avaient un rôle. Aussi, les mécanismes de règlement de conflit dans notre société comme le vestibule, les griots, Toguna, la formation des médiateurs, le mariage qui permettait de régler beaucoup de choses, sont importants pour favoriser le vivre ensemble », avance M. Dicko.

A la question de savoir : que faut-il pour sortir des conflits ?  Les intervenants ont mis l’accent sur deux mots : la fin de la pauvreté, et aussi la justice. Que la justice soit juste.

Aminata Agaly Yattara

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